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Solutions: Quel est le rôle de la SNIA ? Qui sont ses membres en
France ?
Philippe Nicolas :
La SNIA est une
association internationale à but non lucratif qui a pour objectif
d'assurer de façon indépendante la promotion du stockage
auprès des acteurs du marché - clients et fournisseurs.
Nous avons quatre missions principales : la première de vulgarisation,
en créant des modèles et des méthodes pour faciliter
la compréhension du stockage. La seconde consiste à faciliter
l'évolution de standards communs; nous ne sommes cependant pas
prescripteurs, et nous nous contentons de suggérer des propositions
que d'autres organismes décideront ensuite d'entériner ou
non. En outre, nous essayons de promouvoir comme je le disais le stockage
en réseau auprès de la communauté informatique en
général. Enfin, la SNIA travaille à la mise en place
d' un programme de certification en collaboration avec un organisme de
formation afin d'éduquer nos membres et partenaires.
Nous comptons actuellement une trentaine de membres en France parmi lesquels
on peut citer de façon non exhaustive : Atempo, Legato, Veritas,
Adic, CommVault, EMC2, IBM, HP, BMC, Sun, Fujitsu, HDS, LSI, STK, Brocade,
DataOne, Auspex, Cisco, etc.
Quelles
sont les attributions respectives des Etats-unis et des délégations
européennes de la SNIA ?
La majorité des travaux et des recommandations à proprement
parler techniques émanent des Etats-Unis où se trouve notre
centre technique. Les trois bureaux régionaux qui constituent l'entité
européenne de la SNIA (France, Allemagne et Royaume-Uni) ont une
mission de relais et de remontée d'information auprès du
siège central, afin, à la fois de faire partager l'information
en Europe, et de permettre aux groupes Outre-Atlantique de tenir compte
des spécificités des marchés nationaux.
Quels sont actuellement les sujets débattus
au sein des groupes de travail de la SNIA ?
Pour la France, nous avons défini 8 axes de réflexion prioritaires
: le stokage en réseau, qui regroupe le stockage SAN (Storage
Area Network) et le stockage sur IP; la virtualisation (sur disques
ou sur bandes); la protection des données (sauvegarde et
restauration); le partage des données; les outils de
management des réseaux de stockage; la sécurité;
les techniques de librairies de bandes et enfin le data management
(systèmes de fichiers). D'autres sujets sont également discutés
aux Etas-Unis, qui peuvent être consultés sur le site américain
de la SNIA.
Selon
une étude
IDC parue en octobre, le marché global du stockage devrait
progresser de 96% d'ici à 2005, notamment tiré par les logiciels
d'administration de stockage dont l'importance croît elle-même
avec le SAN. Qu'en pensez-vous ?
D'autres sources récentes estiment que pour 1 dollar actuellement
investi dans le stockage hardware (baies de disques ou bandes magnétiques),
il faut compter de 4 à 7 dollars pour gérer ces matériels
ensuite. La gestion du stockage est donc effectivement à mon avis
un vecteur porteur pour toute l'industrie. Je ferais toutefois remarquer
à ce propos qu'avec la multiplication des offres en la matière,
les prix vont pencher à la baisse dans les années à
venir, et que le ratio que je citais devrait logiquement aller en diminuant.
On
parle beaucoup de "virtualisation" du stockage depuis quelques
mois en France. Pourtant, des cabinets d'analystes
considèrent
que c'est un marché qui ne décollera pas avant 2 ou 3 ans...
Il faut tout d'abord s'entendre sur ce que l'on nomme virtualisation,
car le concept est aussi vieux que les mainframes en informatique. La
SNIA a d'ailleurs décidé d'adopter le terme d' "agrégation"
pour éviter les malentendus à ce sujet. Par là, nous
désignons la mise en relation d'une vue physique du stockage avec
une vue logique de celui-ci, qui peut s'établir sur 3 niveaux :
serveurs, réseaux et périphériques. Ce que l'on consate
effectivement aujourd'hui c'est que le marché n'a pas encore rejoint
en maturité les offres des éditeurs, et qu'il subsiste certaines
difficultés techniques à surmonter de la part de ces derniers
pour convaincre les entreprises. Je pense en tout état de cause
que les carnets de commandes vont se remplir en 2002, et que les projets
vont être mis en place dès 2003. Les prévisions de
Forrester à cet égard me semblent donc assez réalistes.
Existe-t-il
actuellement des différences notables sur la façon dont
les entreprises en Europe ou aux Etats-unis et en Asie abordent le stockage
?
Pas à ma connaissance. Les problématiques des utilisateurs
sont récurrentes : l'administration, l'intéropérabilité,
le ROI, etc., sont des préoccupations universelles. Il est vrai
pourtant que concernant le back-up ou la virtualisation par exemple, les
fournisseurs de ces solutions etant très nombreux aux Etats-Unis,
les sociétés y sont peut-être plus sensibilisées
là-bas.
Quels
seront les premiers travaux ou résultats tangibles de la SNIA en
France ?
Outre
le séminaire que nous organisons le 30 octobre prochain, plusieurs
livres blancs (SAN, virtualisation ,etc.) sont en cours de finalisation
en ce moment dans les comités de rédaction européens
et français. Normalement, ces documents seront prêts avant
la fin du mois de novembre prochain. La
SNIA prépare d'autre part chaque année un séminaire
en Europe, qui tourne d'un pays à l'autren, et dont la prochaine
édition se déroulera à Cannes au mois de juin 2002.
Philippe Nicolas est responsable de
la SNIA France depuis sa création en février 2001. Il est
également responsable marketing EMEA (Europe Middle East Africa)
des solutions de l'éditeur américain Veritas Software, depuis
1997. Avant de rejoindre Veritas, Philippe Nicolas a a travaillé
chez Silicon Graphics pendant 4 ans, en qualité d'ingénieur
support avant de devenir expert stockage.
M. Nicolas possède un diplôme d'ingénieur systèmes
de l'ESI (Ecole Supérieure d'Informatique de Paris).
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