En
septembre dernier, l'Afuu est devenue l'Afnet. Quelle est la réflexion
qui sous-tend ce changement ?
Pierre Faure:
A l'Afnet, nous avons la conviction que l'e-transformation en cours n'est
pas une simple évolution mais une profonde mutation qui concerne
à la fois la société et les entreprises. Et dans
ces dernières, l'e-transformation dépasse, et de loin, les
seuls informaticiens. Bref, pour mieux appréhender les changements
en cours, il nous a semblé important de revoir les missions de
l'Afuu. Avec une préoccupation principale: ajouter à la
réflexion sur les technologies, deux autres axes de travail que
l'on pourrait qualifier de "sociétal" et "business".
L'Afnet
n'est donc pas seulement un club d'informaticiens de grandes entreprises
?
En effet et c'est notre différence avec une organisation comme
par exemple le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises),
avec lequel nous collaborons par ailleurs. L'Afnet rassemble donc des
entreprises - de tailles diverses -, des fournisseurs mais aussi des universitaires.
L'e-transformation dépasse le sérail informatique et le
cadre de l'entreprise; l'Afnet entend être à l'image de ce
décloisonnement.
Comment
se structure votre activité ?
Une bonne partie est réalisée à travers les communautés
de travail. Pour faire court, disons qu'il en existe deux grands types:
d'une part des communautés qui traitent des problématiques
transversales ou métiers, et s'adressent aux directions générales
et fonctionnelles ; d'autre part, des communautés qui oeuvrent
sur des thèmes technologiques. Ces groupes élaborent un
programme de travail et disposent sur notre
site d'un espace de travail collaboratif. Généralement,
leurs membres, 30 à 40 personnes, se rencontrent une fois par mois.
Quels
sont les grands thèmes cette année ?
Je pourrais vous en citer un grand nombre.
Mentionnons au moins deux communautés: l'une intitulée "stratégie
et e-transformation", consacrée à l'impact de l'e-business
sur la chaîne de valeur ; l'autre qui, sous l'appellation "Observatoire
e-business" vise à dresser une catégorisation des grandes
offres logicielles. Parmi les autres communautés technologiques,
citons aussi "Architectures logicielles", "Business intelligence",
"Architectures du e-learning", etc.
Quel rôle joue dans cette organisation l'événement
Net 2002 que vous organisez ?
Un rôle très structurant. Rappelons que cet événement
a été imaginé initialement pour apporter un versant
professionnel à la fête de l'Internet initiée par
l'Afuu. Net 2002, qui se tiendra au mois de mars en partenariat avec le
salon Online, nous donne une "deadline" qui structure nos plannings.
L'événement de l'année prochaine sera structuré
autour de six sessions parallèles. Au final, une documentation
sera produite qui représentera à la fois la synthèse
des travaux effectués et de nouvelles bases de discussion.
L'Afnet
a conservé un caractère militant qui existait déjà
au sein de l'Afuu. Ce militantisme ne perturbe pas certains de vos membres
qui sont aussi des fournisseurs ?
C'est vrai que nous menons plusieurs actions contre la brevetabilité
des logiciels, pour le logiciel libre ou encore pour mettre en garde contre
les dérives d'un système comme Passport.
Ce militantisme fait partie intégrante de notre activité
et ne pose pas de problèmes, même aux membres qui sont fournisseurs.
Cela dit, tous les fournisseurs ne sont pas membres; Microsoft par exemple
ne l'est pas.
Dernière
question: quel est le budget annuel de l'Afnet et quelles sont ses sources
de financement ?
Notre budget annuel avoisine les 4 millions de francs. Une somme constituée
à partir des cotisations de nos membres (*) et aussi à
l'aide de sponsorings sur nos événements.
Note (*) :1 500 euros HT pour une entreprise entre 10 et 100 millions
de francs de chiffre d'affaires.
Outre ses responsabilités
associatives, Pierre Faure assume les fonctions de directeur e-business
de Dassault Aviation, poste qu'il occupe depuis 1998. Auparavant, toujours
dans cette entreprise, il a entre autres été responsable de
la migration du système d'informations vers les nouvelles technologies.
Pierre Faure est ingénieur de l'école des Mines de Paris.
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