La télévision numérique interactive attend encore ses standards
Par le JDNet Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0204/020422_tvi.shtml
Lundi 22 avril 2002

Marché émergent pour certains, sur le point de naître pour d'autres, le segment de la télévision numérique et des applications interactives fait encore assez peu parler de lui. Dernier épisode rapporté dans ce secteur par les médias français: le dépôt auprès du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) des demandes de canaux relatifs à la télévision numérique terrestre (TNT). Mais au-delà des questions de positionnement, qu'en est-il vraiment des chantiers engagés autour des technologies de télévision interactive, qu'elle soit hertzienne ou terrestre ? Sur ce point, les informations restent encore assez rares. Selon la plupart des experts, la standardisation de la couche applicative des boîtiers numériques et celle des langages de présentation qu'elle utilise seraient au centre de tous les débats.

Une guerre sans merci entre fournisseurs de moteurs
Certes les acteurs du marché ont su se mettre d'accord, non sans difficultés il est vrai, sur un mécanisme unique
côté diffusion de données. S'appuyant sur DSM-CC Object Carousel, celui-ci permet de distribuer à la fois des programmes de télévision et des applications interactives en s'adossant aussi bien à des systèmes satellitaires qu'à des liaisons filaires terrestres. Cependant au-delà de ce consensus, auquel les opérateurs satellite ne sont sans doute pas étrangers, les fournisseurs de plates-formes d'interactivité peinent encore à adopter un langage d'exécution applicative commun.

Parmi eux, on compte principalement Canal+ Technologies, OpenTV, LiberateTV ainsi que Microsoft -avec une suite de produits baptisée Microsoft TV. Dénuées de tout standard, le principal inconvénient d'une telle pléiade de solutions propriétaires concernent avant tout les développeurs de services... Des développeurs contraints de programmer des versions de leurs applications adaptées aux technologies choisies par les bouquets de chaînes qu'ils désirent toucher.

Les acteurs du marché
Les acteurs
Les solutions
Les zones à forte pénétration
Canal+ Technologies
Mediahighway Interactive TV (API) Europe, Asie
OpenTV
O-Code (langage proche du C) Europe
LiberateTV
TV Navigator (API) Amérique du Nord
Microsoft
Microsoft TV Amérique du Nord

Vers une standardisation de la couche applicative
D'où le lancement par plusieurs acteurs du secteur (éditeurs, etc.) d'un consortium visant à mettre au point un langage normalisé. Lancé dès 1995, le Digital Video Broadcasting Project (DVB) donne naissance quelques années plus tard au DVB-MHP. "Le DVB qui intègre les spécifications DSM-CC Object Carousel prend en charge une transmission couplée des données (images, textes, etc.), détaille Brice Donzel, co-fondateur de Connect Line, société de conseils spécialisée dans les applications de télévision numérique interactive. Quant au MHP [pour Multimedia Home Plate-forme], il constitue la couche logicielle chargée d'exécuter les applications."

Comment fonctionne cet environnement applicatif ? Suite au chargement d'une application interactive sur le terminal client, il gére l'intégralité de l'exécution (synchronisation avec l'image télévisée, interaction client, etc.) en s'appuyant sur un pilote particulier, soit une machine virtuel Java, et l'interface Java TV de Sun. "A cela s'ajoute une série d'API tierces, dont API HAVI, pour assurer le traitement des interfaces graphiques", ajoute Brice Donzel. Prises en compte plus récemment par le consortium sous la pression de plusieurs acteurs du monde Internet (dont Microsoft), les spécifications DVB HTML qui forment la dernière brique de cet ensemble posent les fondements d'un mécanisme de présentation permettant de définir à partir de données XML des écrans HTML adaptés au monde de la télévision.

Le DVB-MHP présenterait-il des défaux ?
Pour l'heure, certains éditeurs de plates-formes d'interactivité, comme Alticast, ont déjà fait du MHP leur implémentation de référence. Cependant même si la plupart des fournisseurs l'ont d'ores et déjà pris en compte, ils n'en font pas pour autant la promotion.
Une telle décision pouvant en effet avoir un impact important sur des modèles économiques reposant le plus souvent sur le paiement de licences récurrentes.

Face au DVB-MHP, les fournisseurs de technologies propriétaires opposent en effet la performance de leurs outils propriétaires. "Selon certaines études, une infrastructure MHP minimale nécessite une puissance de processeur de 80 à 130 MHz et une mémoire vive de 8 à 14 Mo, là où les produits d'OpenTV et de Canal+ Technologies demandent 50 MHz environ et 4 à 8 Mo. Sans compter le coût de l'implémentation de DVB-MHP qui implique le renouvellement du parc des décodeurs ", précise t-on chez Connect Line. Reste que certains éditeurs, comme OpenTV, se retrouvent face à des dilemmes lorsqu'ils se positionnent également comme fournisseurs d'applications... faisant face aux problématiques de développement de produits destinés à un univers non-standardisé.

"Certains projets tentent d'apporter une première réponse à ce problème, en mettant au point un langage basé sur XML pour développer des applications exécutables par toutes les plates-formes du marché", confie Brice Donzel. Bref, du bidouillage en attendant la généralisation d'une technologie standard... de fait.
[Antoine Crochet Damais, JDNet]


Pour tout problème de consultation, écrivez au Webmaster
Copyrights et reproductions . Données personnelles
Copyright 2006 Benchmark Group - 69-71 avenue Pierre Grenier
92517 Boulogne Billancourt Cedex, FRANCE