A quoi ressemblera
le marché des télécoms en 2007 ?
Par le JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0206/020624_telcos.shtml
Lundi 24 juin 2002
Pas de panique : il y aura bien de
la croissance à se partager d'ici 2007 pour les opérateurs
télécom européens. C'est en tout cas l'opinion
de Ross Pow, directeur Général de Analysys
Research, et auteur d'une étude sur le sujet. Selon ses
évaluations, le CA du marché devrait se situer dans
une fourchette comprise entre 285 et 380 milliards d'euros -
contre 250 millions en 2001.
On aura remarqué qu'Analysis
Research ne s'est pas aventuré dans des prévisions
d'une grande précision. Les incertitudes sont en effet tellement
grandes sur le marché des télécoms que les
estimations deviennent assez hasardeuses. Toutefois, entre l'hypothèse
catastrophiste - 14 % de croissance sur un peu plus de
5 ans - et l'hypothèse haute - 52 % de croissance
sur la même période -, les scénarios sont
très variés et somme toute très instructifs.
Le Data
pour les mobiles ou rien
Dans quelles conditions le marché des télécoms
parviendra-t-il à une croissance véritablement optimale ?
"Tout est lié au succès du Data dans le secteur
des télépones mobiles de troisième génération.
C'est sans doute là que se situe la variable clé.
Si les opérateurs de téléphonie mobile réussissent
à mettre sur le marché une offre techniquement au
point, et que le public mord à l'hameçon, tout ira
bien. Dans le cas contraire, il faut s'attendre à un chiffre
d'affaires assez bas".
Tout sauf une mince affaire pour
les opérateurs mobiles : la téléphonie
mobile de troisième génération doit faire face
à
plusieurs
défis de taille ... Le défi technique tout d'abord :
"à l'heure qu'il est, les opérateurs travaillent
surtout sur cette problématique". Il faut en effet fournir
une offre de qualité, qui ne souffre pas de trop d'interruptions
intempestives. Il faut aussi assurer un débit raisonnable :
"en quelques années, nous sommes passés de 2 Mbits/s
à 100 Kbits/s". Nettement moins attirant ...
Il faut aussi que les opérateurs travaillent sur l'aspect
marketing, et qu'ils développent des applications séduisantes
proposées à un coût raisonnable. Autant de défis
qui "rendent l'avenir de la téphonie mobile de troisème
génération assez incertain".
Privés
des moyens de rentabiliser leurs investissements
D'autant plus que le contexte financier a bien changé depuis
les belles années du marché des télécoms :
"Si les Japonais ont réussi à imposer l'i-mode,
ce n'est pas seulement parce qu'il y avait un grand potentiel du
côté de la demande ... C'est aussi parce que le
temps était à l'euphorie financière. NTT DoCoMo
a trouvé des capitaux sans grands efforts. Les choses ont
bien changé, et les opérateurs de téléphonie
mobile doivent se battre pour obtenir la moindre ligne de crédit.
Les développements sont donc plus laborieux, et le risque
de se retrouver avec une offre technologiquement et commercialement
mauvaise est plus grand". Les opérateurs de téléphonie
mobile sont donc pris en étau entre la nécessité
de rentabiliser leurs colossaux investissements et l'obligation
de négocier laborieusement le moindre euro auprès
de leurs investisseurs.
Et si les opérateurs mobiles
ratent le coche du Data, les effets se feront ressentir dans tout
le secteur des télécommunications : "Si
ils ne parviennent pas à remplir leurs tuyaux avec le Data,
ils changeront de cheval de bataille. Ils mettront en oeuvre un
autre business model qui peut leur permettre de sauver les meubles :
baisser les prix, afin d'augmenter sensiblement le traffic sur leurs
réseaux mobiles. Une telle stratégie leur permettrait
de rentrer dans leurs frais, après les investissements massifs
consentis pour la troisième génération".
Avec les conséquences que celà suppose sur le reste
du marché : "Les opérateurs de téléphonie
fixe pourraient être cannibalisés par les opérateurs
de téléphonie mobile : les prix baissant sur
le réseau mobile, le traffic des réseaux fixes chuterait,
et les marges avec". Effet domino donc.
Santé
financière globalement mauvaise
Qu'en est-il ailleurs,
sur d'autres segments du marché des télécoms ?
L'Internet à haut débit pourrait exploser : "il
est possible que les taux d'équipement passent de 3 %
à 20 ou 30 % d'ici 2007". Sans grande conséquences
toutefois sur le marché
des opérateurs de backbones, puisque "les tuyaux européens
sont durablement empêtrés dans leur surcapacité".
La santé financière de ces opérateurs n'est
donc pas près de s'améliorer, et le secteur devrait
"continuer de se consolider" selon Ross Pow. Façon
déguisée de prévoir des faillites ou des restructurations.
Ailleurs, la santé des
opérateurs télécom devrait être globalement
mauvaise, sans être aussi catastrophique que celle des opérateurs
de backbones : "Même si les opérateurs de
téléphonie mobile parviennent à imposer le
Data, le marché restera assez difficile. Car si le chiffre
d'affaires croît de façon soutenue, le régulateur
risque de vouloir injecter encore un peu plus de compétition
dans la machine, et les marges devraient une fois de plus repartir
à la baisse". Rien de très rassurant...
[Nicolas Six, JDNet]
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