Libre ou propriétaire : quel est le logiciel le plus sûr ?
Par le JDNet Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0206/020628_librevsproprio.shtml
Vendredi 28 juin 2002

Dans un environnement pur et parfait, le logiciel libre ne serait pas plus sûr que les logiciels dont le code source est tenu secret. C'est la conclusion du travail d'un prestigieux chercheur anglais, qui n'est autre que le directeur du laboratoire informatique de Cambridge. Après formalisation mathématique, Ross Anderson montre en effet qu'un code source rendu public est aussi vulnérable qu'un code source privé. Les individus qui tentent d'attaquer un système, ainsi que ceux qui tentent de le défendre sont logés à la même enseigne : ils ne sont donc pas plus avantagés avec un OS libre ou un OS proprétaire.

Ni Windows ni Linux
Cet arbitrage intervient dans un contexte assez sulfureux : les responsables de Microsoft soutiennent depuis bien longtemps que Windows est plus sûr avec un code privé qu'il ne le serait si son codé était public. Les tenants du libre avancent au contraire que l'ouverture du code permet aux membres de la communauté open source de déceler les failles avant les pirates, et de les corriger au plus vite. D
ans le match qui oppose Microsoft à l'open-source, la science siffle donc et remet la balle au centre. Le score est de zéro à zéro.

Mais comment Ross Anderson a-t-il procédé pour parvenir à de telles conclusions ? Il a utilisé une application couramment employée par l'industrie informatique qui permet de tester le temps que met un système avant d'être affecté par une panne. Un standard qui porte le nom de MTBF et qui a déjà fait ses preuves dans les services de contrôle qualité de nombre de fabricants. Inutile de préciser que le protocole de test a été calibré pour ne repérer que les bugs qui mettent en danger la sécurité d'un OS.

La vérité ne sort pas du tube à essai
Attention tout de même : le travail de Ross Anderson est le fruit de recherches en laboratoire, il se concentre donc par définition sur un certain nombre de variables, et en élimine d'autres. Le chercheur concède par conséquent lui-même que ses travaux ont des limites. Si l'on sort du laboratoire du chercheur pour entrer dans le lieu où se combattent le logiciels libre et propriétaire, on entre dans un environnement qui n'a rien de pur et parfait. Les données du problème s'en trouvent donc bouleversées. Dans la réalité, Microsoft peut être tenté de mettre trop lentement ses correctifs à disposition du public. Mais dans le même temps, les pirates peuvent profiter du fait que le code de Linux est public pour dénicher plus facilement et plus vite les failles qui leur permettront de pénétrer dans le système.

L'étude du professeur Anderson ne tranche donc pas la question. Le scientifique qui parviendra à répondre de façon plus modeste et plus concrète à l'interrogation qui tarraude tout le monde sera doute plus écouté : "En moyenne, est-il plus difficile d'arriver au même niveau de protection avec un OS libre ou propriétaire ?". Une question à laquelle seule une étude scientifique ambitieuse et empirique pourrait répondre, en prenant ses distances avec les effets d'annonce de certains acteurs et avec les passions que porte l'open-source. Le débat reste ouvert.

[Nicolas Six, JDNet]



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