A l'heure où tout semble joué
pour Microsoft et son Internet Explorer (IE), véritable tank
écrasant tout sur son passage, il est intéressant de
regarder comment la résistance s'organise. Les développeurs
du monde du logiciel libre, en particulier, ont formé depuis
quelques années des projets pour donner naissance à
des navigateurs concurrents (d'autant qu'IE ne fonctionne pas sous
Linux). Petit tour d'horizon des forces en présence.
Netscape toujours
chef de file ?
Après avoir rendu son code public,
et donc permis des développements de navigateurs tels que Mozilla,
Netscape a mis plusieurs années, sautant même la version 5
de son produit, pour finalement sortir un navigateur version 6 inspiré
du code de
Mozilla. Très attendue, cette version avait beaucoup
déçu, notamment à cause de sa lenteur au démarrage. Netscape
7 (qui n'est pas qu'un navigateur, mais aussi un client mail
et un éditeur de pages, notamment) est disponible depuis
peu, et prétend corriger ce gros défaut. Ses autres
fonctionnalités restent néanmoins sensiblement les mêmes,
avec quelques améliorations. Sécurité et protection de la
vie privée ont été renforcées, et l'historique est désormais situé
dans une barre latérale (clin d'il à IE ?). De plus, Netscape 7,
détenu par AOL depuis 1998, est agrémenté de la messagerie instantané
estampillée AOL.
Mozilla, possible
successeur de Netscape
Pour Mozilla, tout a commencé le
23 janvier 1998, lorsque Netscape Communications a annoncé l'ouverture
du code du navigateur. Le projet a abouti en 2002 avec la sortie
de navigateur Mozilla 1.0, dont le moteur répond au doux
nom de "Gecko".
Aujourd'hui, Mozilla est notamment le navigateur Linux le plus connu
(il fonctionne aussi sous Windows). Réputé pour sa stabilité, il
incorpore quelques fonctionnalités intéressantes : ajustement aisé
de la taille du texte des pages Web, par exemple. Son principale
défaut serait son manque de rapidité, qu'il a peut-être hérité de
Netscape. Il reste cependant un des navigateurs alternatifs les
mieux positionnés en termes de parts de marché, toutes proportions
gardées bien sûr.
Opera, un petit
navigateur qui monte mais ne décolle pas
La première version du navigateur (propriétaire)
Opera date de 1996. La version la plus récente (décembre 2001) est
Opera
6, alors que Opera 7 verra le jour prochainement.
Parmi les navigateurs présentés ici, Opera est l'un des plus rapides.
Une de ses fonctionnalités est assez originale : le Mouse Gesturing
: des mouvements prédéterminés (comme une combinaison simple de
clics) exécutés à l'aide de la souris permettent de naviguer sans
utiliser les barres d'outils et autres raccourcis clavier, ou de
zoomer et dé-zoomer sur les pages. Sa compatibilité Javascript
et CSS, certes en conformité stricte avec le W3C, ne garantit
pas un affichage des pages comme sous IE - la plupart des pages
web étant optimisées pour le navigateur du Microsoft,
consacrant la prise de liberté de l'éditeur avec les
standards comme, de facto, un standard ! Le problème/paradoxe
est d'ailleurs le même avec tous les navigateurs alternatifs
dont Netscape.
Les outsiders :
Konqueror, Galeon et Dillo
Konqueror est à la fois un navigateur et
un gestionnaire de fichiers. Une fenêtre de navigation peut être
divisée en deux : d'un côté, le HTML, de l'autre une vue de l'aborescence
d'un disque dur. Il fonctionne avec l'environnement KDE, sous Linux,
dont il utilise le performant moteur HTML khtml.
Galeon est le navigateur développé dans le cadre du projet GNOME
(environnement de bureau Linux, comme KDE). La version la plus récente
(1.2.5) date de juin 2002. Comme Mozilla, il utilise le moteur Gecko.
Citons parmi ses fonctionnalités les mêmes options de mouvements
de souris préindéxés que Opera. A suivre, donc
Dillo est un projet de navigateur récent, complètement écrit en
C, et très léger (le fichier compilé pèse moins de 300 Ko !). Pour
l'instant, la dernière version disponible est Dillo 0.6.5 (avril
2002). Son rendu HTML est jugé très bon. Ce peut être un projet
prometteur. Là aussi, à suivre
Evidemment, ce mini panorama est disproportionné,
compte tenu des chiffres des parts
de marché des navigateurs. De Netscape, ex-géant
de la navigation, à Dillo, nouveau venu dans la bataille, tous
espèrent se faire une place au soleil. Un navigateur Internet
réussira-t-il un jour à sortir de l'ombre de Microsoft
? [Serge Descombes, JDNet]