Le NAS (Network Attached Storage),
c'est le standard du pauvre en matière de stockage : il
permet de communiquer des données en mode IP sur un réseau
Ethernet pré-existant. Quant au SAN (Storage Area Network),
il ne joue pas dans la même catégorie : ses liaisons
spécialisées en fibres optiques autorisent des débits -
et une fiabilité - hors normes. Les deux standards font
bande à part depuis leur débuts, et "il n'existait
jusqu'à peu aucun produit capable d'évoluer dans les
deux mondes" si l'on en croit Alain Gauthé, Chief Strategic Officer
chez Network Appliance (NetApp).
Un pont jeté
entre SAN et NAS
C'est désormais chose faite gràce au travail du fabriquant.
Les deux dernières appliances de NetApp sont en effet équipées
de connecteurs pour les réseaux Ethernet et Fiber Channel -
capables de communiquer en mode bloc et fichier. Ces
nouveaux produits peuvent stocker sans distinction les données
des postes clients et des serveurs d'une entreprise, peu importe
le standard qu'ils utilisent pour véhiculer les informations.
Les produits de NetApp campent sur la ligne de fracture entre SAN
et NAS, avec la prétention de communiquer avec les deux camps.
Reste
qu'il faut bien piloter ces appliances avec le langage de l'un ou
l'autre des univers. NetApp a opté pour la généralisation
des commandes du NAS (Ethernet), dans lesquelles il a converti l'essentiel
des fonctions du SAN (Fiber Channel). Des commandes spécifiques
demeurent disponibles pour les fonctions du SAN qui n'existent pas
dans l'univers du NAS. De quoi faciliter l'administration des environnements
mixtes SAN/NAS. Les sacro-saintes consoles d'administration de BMC,
Tivoli et CA seront sans doute déroutées par ce choix
dans un premier temps, mais une prise en charge complète
devrait arriver rapidement.
Une véritable
demande ?
Reste à savoir si le mariage entre le SAN et le NAS séduira
les entreprises : à quoi bon connecter deux systèmes
qui n'ont pas la même vocation ? Une entreprise aura-t-elle
la volonté de créer un service acessible dans des
conditions optimales sur une partie des postes, et dans des conditions
dégradées sur l'autre partie du parc ?
Alain gauthé se défend
de cette critique : "Beaucoup de grandes entreprises utilisent
à la fois un SAN et un NAS. Mais les postes client ou serveur
connectés en SAN (Fiber Channel) n'ont pas systématiquement
besoin de performances de pointe pour chaque problématique
de stockage. La plupart du temps, les capacités du SAN sont
surdimensionnées pour les applications qu'il sert. Qui plus
est, si le NAS est encore à l'heure actuelle bien moins performant,
ce ne sera pas forcément le cas dans deux ou trois ans. Je
pense donc que la démarche qui consiste à donner accès
à des services de stockage indépendamment de la technologie
qui les véhicule a un sens".
Pour quel usage ?
Quels sont au juste les applications visées par les appliances
NAS/SAN de NetApp ? "Il peut s'agir de consolider un service
unique en un seul îlot de stockage, là où il
fallait auparavant un produit SAN et un produit NAS séparés.
Je pense par exemple à un système de restauration
des données en cas de perte, destiné aux clients comme
au serveurs, indépendamment du standard de connexion dont
ils disposent. Il peut aussi s'agir de stocker les informations
relatives à un ERP ou à une messagerie".
Quid de l'interopérabilité ?
Les FAS 940 et FAS 960 ne sont pas capables de communiquer
avec les produits de stockage d'autres marques, à moins de
développer des connecteurs spécifiques. Ce qui destine
l'offre de NetApp aux fidèles de la marque surtout. Ceux-ci
seront heureux de retrouver le système d'expoitation Data Ontap,
et apprécieront la possiblité "d'upgrader"
certaines anciennes appliances avec une carte spécifique leur
apportant les mêmes fonctionnalités NAS/SAN. Le FAS 940
est capable de recuillir 2 à 18 To de données pour
la somme de 163 000 euros HT. Quand au FAS 960, il devrait
acueillir de 2 à 48 Go de données pour un prix
d'entrée de gamme de 211 000 euros.
[Nicolas Six, JDNet]