L'entreprise
étendue: discours ou réalité ?
Par le JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0210/021007_faq_extended.shtml
Lundi 7 octobre 2002
> Que désigne t-on par le terme
"Entreprise étendue" ?
D'un point de vue
technologique, "l'Entreprise étendue" désigne
l'adaptation du système d'information à deux types d'échelle:
- au sein de l'entreprise, la multiplicité des canaux d'accès
aux applications et données
- au delà de l'entreprise, le réseau des clients, fournisseurs,
partenaires (et bien sûr, filiales aux systèmes d'information
éventuellement hétérogènes - suite, par
exemple, à une fusion-acquisition) qui interviennent dans les
processus organisationnels.
Deux exemples. Dans le premier cas, les populations nomades de l'entreprise
peuvent bénéficier du même niveau d'information
que le collaborateur travaillant sur son poste fixe, pourvu que techniquement,
la chose soit permise par l'exploitation des technologies sans fil,
et sécurisée par un système de contrôle
d'accès.
Dans le second
cas, il s'agit non seulement de permettre des échanges, mais
aussi de les inclure dans des ensembles plus vaste, cohérents
et correspondant à la spécificité opérationnelle
de l'entreprise - les fameux processus métier.
>
Quelles sont les briques essentielles qui permettent d'aboutir aux
caractéristiques de l'Entreprise étendue ?
Partant d'un existant composé généralement
de différents types de progiciels (ERP, CRM, SCM), éventuellement
de grands systèmes, l'entreprise tire déjà profit
d'un certain nombre de processus collaboratifs (chaîne de validation
automatisée ou workflow), et a pu entreprendre un chantier
d'EAI visant à créer des flux d'intégration entre
les applications existantes, flux dont les processus prennent le relai
une fois les premiers ayant abouti à la construction d'applications
(via un serveur d'application) ou à l'agrégation/structuration
de données.
Ceci posé, il reste donc à s'attaquer véritablement
aux processus: à leur modélisation à partir d'une
identification précise de leur fonctionnement organisationnel
dans l'entreprise - le facteur humain prend ici une importance considérable;
à leur gestion/exploitation (via les applicatifs, ou
de manière centralisée via un serveur de processus)
et, dans les cas les plus évolués, à leur intégration
(interviennent ici des technologies basées notamment sur XML,
et principalement les Web Services).
Au bout de la chaîne, enfin, les processus particuliers impliquant
différentes catégories d'employés, de clients,
de fournisseurs ou de partenaires, les modes d'intéraction
entre un processus et chacune de ces catégories sont multiples:
pourront intervenir, par exemple, un portail d'entreprise (Intranet/Extranet),
des alertes sous forme de messages potentiellement de tout type (e-mail,
SMS...) transitant par potentiellement tout type de réseaux
(Ethernet, WiFi, Internet, GPRS...).
> Comment se caractérise l'offre du marché ?
Les solutions se classent donc
en trois catégories fonctionnelles (que chaque outil peut adresser
en partie ou en totalité):
- solutions de modélisation et gestion/exploitation (également
d'intégration) de processus (infrastructure);
- solutions proposant des processus "communs" verticalisés;
- solutions d'interaction avec les processus (soit - grossièrement
- de la gestion de contenu et du multi-canal)
Citer l'ensemble des produits qui couvrent ces différentes
catégories mériterait un article à part entière:
on peut mentionner - à titre d'exemple assez global, et parmi
d'autres - dans le cadre de ce questions-réponses une plate-forme
comme e3 de CSC, qui se caractérise par la séparation
entre la description des processus et l'applicatif, et par l'utilisation
du langage BPML (un schéma XML) pour la modélisation
des processus métiers.
> Comment évaluer l'aptitude de son SI à cette
transformation ?
Ce point
revient à évaluer la capacité de l'entreprise
à évaluer l'écart entre ses modes de fonctionnement
actuels, et leur "rendu" par l'outil informatique qui sera
choisi. S'il faudra s'attendre à une adaptation de ses processus
à la solution (et donc l'accompagner d'une conduite du changement),
c'est également l'outil qui devra être aisément
adaptable, et extensible via de nouvelles règles métier
(soit par des développements spécifiques, soit par de
nouvelles briques).
Plusieurs indicateurs vont donc déterminer la "maturité"
du SI (sans parler, donc, des problèmes d'accompagnement):
le degré d'hétérogénéité
de l'infrastructure, son degré de communication, d'intégration,
d'externalisation, mais également la capacité des équipes
informatiques à développer et paramétrer, suivant
telle fréquence, l'existant et les futurs outils - qui, rappelons-le,
sont non seulement des applicatifs de gestion (au sens large) des
processus, mais aussi de nouveaux protocoles réseau, de nouveaux
terminaux (mobiles par exemple)...
Et puis, l'Entreprise étendue mettant en jeu clients, fournisseurs,
et partenaires doit évaluer sa capacité à fournir
des connexions applicatives à ces derniers, ce qui dépend,
bien sûr, du propre degré de maturité de leurs
SI.
> Quels problèmes non
techniques vont surgir, et de quelle ampleur ?
Ils
sont de deux ordres:
- d'une part la façon dont les processus métiers sont
implantés dans l'entreprise va déterminer la difficulté,
ou non, de les gérer informatiquement (centralisés ou
décentralisés notamment);
- d'autre part la probabilité de changement de ses processus
(suite à un rachat,une réorganisation, une fusion ou
une acquisation) va jouer.
En retour, ce sont précisément les changements de structure
dans l'entreprise qui rendent la gestion de processus d'autant plus
pertinente du point de vue des systèmes d'information: des
infrastructures au caractère "dynamique", souple,
seront d'autant plus précieuses dans ces cas de figure, et
l'outil informatique permettra de faciliter les transformations qui
elles mêmes structureront l'offre.
Tout ceci suppose que les processus soit connus, maîtrisés,
sélectionnés, simplifiés, et que le passage par
l'outil informatique n'induise pas, chez l'utilisateur concerné,
de défiance. Sujet à part, la question des compétences,
des besoins et comportements de l'utilisateur se pose en préalable,
comme d'ailleurs dans tout choix d'applicatif métier.
> En pratique, qu'est-ce que
cela donne ?
D'un point de vue
fonctionnel, l'Entreprise étendue se traduit par une plus grande
collaboration et une meilleure gestion des connaissances. Elle permet
également de répondre aux problématiques de gestion
de cycle produit, en agrégeant de manière satisfaisante
les données de conception, de gestion financière et
logistique, les données relatives aux fournisseurs et aux clients...
Egalement, l'Entreprise étendue vise à réduire
les cycles d'approvisionnement - places de marché privées
par exemple - et de décision.
Parmi les nombreux
exemples d'entreprise, on peut citer celui de Renault, au travers
notamment de l'Alliance Renault-Nissan, avec la mise en place de deux
plates-formes communes, dénommées "B" et "C", permettant
aux deux constructeurs de partager des composants (y compris les moteurs)
entre véhicules, d'utiliser des lignes d'assemblage communes...
Et impliquant des processus de travail collaboratif orientés
vers la réduction des coûts.
On conçoit,
à la lumière de ce qui précède, que la
notion d'Entreprise Etendue se présente comme très englobante:
à ce titre, elle manque de précision et par là
même de réalité. Pour autant, et quel qu'en soit
le synonyme (e-Transformation, Extranet...), il s'agit d'un concept
qui n'est pas seulement né de la technologie, mais qui modèle
également - et de manière aujourd'hui notable - cette
dernière.
[Jérôme Morlon, JDNet]
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