DRM ou gestion des droits numériques
Par JDNet Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0212/021203_drm.shtml
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Mardi 3 décembre 2002

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> A quoi sert la DRM ?
La DRM - acronyme de Digitals Rights Management - permet de diffuser des contenus sonores, textuels, etc. par voie numérique tout en protégeant les droits d'auteur associés. La DRM est issue d'un constat très simple : les supports numériques sont particulièrement propices à la copie : il suffit d'un clic de souris pour dupliquer le contenu d'un fichier sur un autre support. D'où l'intérêt de crypter ces fichiers en mode natif, pour qu'on ne puisse les lire qu'avec un lecteur adapté et sécurisé. La santé de l'édition est étroitement liée aux performances des solutions de DRM hors desquelles il deviendra rapidement risqué - voir inconscient - de pousser des médias vers un ordinateur.

> Quels sont les médias concernés ?

Tous les médias sont concernés à partir du moment où ils peuvent être diffusés sous forme numérique. A commencer par le son, qui est à l'heure actuelle le premier marché de la DRM. Loin derrière, la vidéo attend patiemment son heure, suivie par la protection des images et celle des textes. Au demeurant, dans son acception la plus large, la protection des droits numériques inclut d'autres types de fichiers : les contrats, les documents scientifiques et les logiciels, même s'ils ne sont pas à proprement parler des médias mais plutôt des productions entrant sous le couvert de la propriété intellectuelle.

> La DRM change-t-elle les modèles économiques de diffusion ?
On peut le dire : la DRM offre un contrôle beaucoup plus étroit et paramétrable de la diffusion des contenus. Il est d'ores et déjà possible de personaliser dans le détail la diffusion de chaque fichier commercialisé : combien de fois pourra-t-il être copié sur un autre support, combien de fois pourra-t-il être lu, pendant combien de jours restera-t-il accessible, etc ... Une souplesse de diffusion nouvelle qui n'existait pas sur les anciens supports, et qui donne du grain à moudre aux services marketing des diffuseurs. La DRM n'est pas figée : d'autres modèles de diffusion restent à imaginer, la seule limite étant le degré d'enthousiasme du grand public pour ces nouveaux procédés, qui risquent toujours de bousculer ses habitudes, et d'échouer à les séduire.

> De quoi a-t-on besoin pour construire une architecture de DRM ?
Un système de DRM se décompose en quatre briques. L'encodeur, qui transforme les fichiers traditionnels en fichiers cryptés - tout en les compressant à la volée dans de nombreux cas. Une fois transformés, ces fichiers sont diffusés sur Internet par l'intermédiaire d'un serveur de streaming. A l'autre bout de la chaîne, le client lit ce fichier grâce à un player propriétaire, seul capable de déchiffrer le fichier reçu et de le diffuser. C'est la brique la plus problématique, car les progrès constants de l'encodage nécessitent de fréquentes mises à jour du player. Or, tout téléchargement est un facteur dissuasif du côté du client. Demeure une quatrième brique, qui couvre toute la chaîne de l'édition et de la diffusion : le gestionnaire de droits, qui permet de spécifier à qui reviennent les droits, selon quelle répartition (pour chaque modèle de diffusion), qui permet de vérifier si le client respecte bien les modalités du contrat et de piloter tout ce qui est relatif à la gestion de la chaîne de diffusion.

> La DRM est-elle 100 % efficace contre les pirates ?
Les éditions originales des livres à succès ont été reproduites sans autorisation dès les débuts de l'imprimerie, les disques vinyle ont été piratés peu après la création du support, et l'on pourrait allonger la liste jusqu'à aujourd'hui : les éditeurs ont toujours du gérer le problème de la copie illicite. L'apparition de supports numériques ne change rien à cette problématique, et la course contre la copie illicite ne fait que changer de terrain d'affrontement.

> Est-il plus difficile de protéger un support numérique qu'un support physique ?
Rien ne permet de le dire. Aucun éditeur ne revendique un support inviolable, mais tous ont pris les précautions pour rendre la copie extrêmement difficile. Toutefois, l'informatique évolue très rapidement, et les supports numériques actuels ont toutes les chances d'être piratés tôt ou tard - le WMA de Microsoft l'avait été partiellement en 2001. Cette fatalité a été prise en compte par les éditeurs, qui ont conçu leurs protections pour être évolutives : en cas d'attaque, une parade doit être trouvée au plus vite. La versatilité des supports numériques peut ainsi se révéler être un avantage : lorsqu'un support physique est "craqué", on ne peut plus rien faire pour restaurer sa protection. Lorsqu'un support numérique est mis à mal, l'exercice se révèle non seulement possible, mais bel et bien prévu par les éditeurs de solutions de DRM.

> Qui va gagner la bataille ? Pirate ou éditeurs ?
La lute entre les pirates et les éditeurs promet d'être sans fin, et les diffuseurs de contenus devraient en retenir un enseignement : lorsque l'on choisit une solution de DRM, on choisit autant un logiciel qu'une équipe de développeurs capable de réagir très rapidement. Pour clore le débat, rappelons enfin qu'il reste toujours possible d'enregistrer un contenu sur une platine CD externe via une sortie optique, ou de photographier un texte à l'écran : le but restera donc toujours de marginaliser le piratage, et non de l'éliminer.

> Qui détient les clés du marché ?
Le marché est tenu par trois poids lourds : Microsoft, RealNetworks et Intertrust. Ce dernier éditeur a été racheté mi-Novembre par Sony et Philips. Citons également ContentGuard - particulièrement actif du côté du XrML, Sun - qui est le porte étendard de la Liberty Alliance, IBM, Previex, Macrovision, etc ... Détail important : le marché n'est pas encore rentable pour tous les acteurs, et de nombreux éditeurs connaissent des difficultés épisodiques. En 2005 toutefois, IDC a prévu 3,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour la DRM.

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Qu'est-ce que le XrML ?
Ce langage - dérivé du XML - pourrait à terme permettre à tous les standards de DRM de communiquer entre eux. Quelques grands noms de l'édition - emmenés par son créateur ContentGuard - réfléchissent à des spécifications au sein d'Oasis. Microsoft, HP, Verisign et Universal sont de la partie. La présence de Microsoft au sein du comité de réflexion n'est d'ailleurs pas un hasard : ContentGuard est détenu par Xerox et ... Microsoft. Par conséquent, rien ne dit que le XrML sera suffisamment novateur et attractif pour obtenir le soutien de la concurrence.

[Nicolas Six, JDNet]



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