C'est en 2000 que l'AFNIC, organisme en charge
d'attribuer les noms de domaine dans la zone .fr, se lance officiellement
dans l'expérimentation de la technologie IPv6 : la nouvelle
version du protocole Internet (IP) finalisé en 1997 par l'IETF (Internet
Engineering Task Force) et dont l'objectif principal consiste à étendre
la taille des adresses IP (de 32 à 128 bits). "Ce qui permettra notamment
d'augmenter le nombre de machines connectées au réseau", précise
t-on à l'AFNIC.
Ce chantier vient tout juste d'être finalisé avec l'automatisation
complète du système d'information en production à l'AFNIC.
Un aboutissement qui fait de la zone française la deuxième
extension locale au monde, après le Japon, à supporter IPv6.
Des
tests minutieux
Initiés à partir
de septembre 2000, les premiers tests de l'AFNIC donnent lieu à
la mise en oeuvre d'une plate-forme d'expérimentation sur un périmètre
restreint. Une phase qui vise à cerner les contraintes du projet
ainsi que les différents enjeux techniques qu'il recouvre. Elle
est menée en coopération avec le G6, groupe francophone qui a pour
vocation de fédérer les compétences IPv6 dans l'Hexagone.
"Des liens ont été établis dès l'origine
avec Renater", complète Mohsen Souissi, ingénieur à l'AFNIC
en charge des activités IPv6. Le réseau Internet de l'enseignement
et la recherche en France participe même activement à cette
première étape en élaborant sa propre infrastructure
pilote en parallèle (Nom de code : Renater2).
Fin
2001, l'AFNIC dispose officiellement d'un serveur de DNS supportant la
nouvelle version protocole. Il se situe sur le point d'échange
SFINX, géré par Renater. Ce serveur s'adosse à l'infrastructure
IPv6 du réseau universitaire, lancée alors en situation
réelle de production.
Une automatisation de
la validation
Base de données (Whois),
interface dédiée aux prestataires (registrar), etc. Depuis
le début de l'année, chacun des maillons du service de l'AFNIC
a été mis à jour en vue de prendre en compte les
caractéristiques du nouveau protocole. Un travail qui a été
achevé il y a quelques jours avec le lancement d'une nouvelle version
de l'outil (ZoneCheck)
utilisée pour vérifier la bonne configuration d'une zone
DNS et valider sa délégation, sous la zone .fr par exemple.
Il s'agit là d'une solution Open Source que l'association entend
également proposer à ses équivalents dans le monde
comme outil de référence sur ce terrain.
"Nous avons reçu les premières
demandes d'enregistrement tenant compte des adresses IPv6 début
2003, en provenance notamment de Renater, de l'université Paris
7 et du CINES [Centre Informatique National de l'Enseignement Supérieur]",
précise Mohsen Souissi. Reste que les opérateurs français
intégrant IPv6 à leur offre se font pour l'heure assez rares. En
revanche, en Europe et dans le monde, des solutions existent (Telia et
NTT Verio par exemple).
Sur ce point, le responsable de l'AFNIC se
veut plutôt optimiste : "La plupart des grands opérateurs
français s'intéressent à ce nouveau domaine, souligne
t-il. C'est notamment le cas de Cegetel et de France Télécom
à travers sa branche FT R&D. Dans ce contexte, le chantier
mené par Renater devrait montrer la voie." Bref, tous les
ingrédients sont présents pour que l'offre se généralise.
[Antoine Crochet-Damais, JDNet]