La gestion des entrepôts, enfant terrible de la Supply Chain

Dans un marché en pleine maturité, éditeurs d'ERP et de solutions best of breed se battent pour gagner les faveurs des entreprises. Reporting et indicateurs stratégiques pourraient bien faire la différence.

Dans la famille des solutions logistiques, je demande les systèmes de gestion des entrepôts. Bonne pioche : dans un marché estimé par le cabinet d'études Gartner à 5,9 milliards de dollars en 2007, le marché du WMS (Warehouse Management System) en capte à lui seul près du quart.

Sans compter que l'engouement des entreprises pour ce type de solutions ne devrait pas se tarir de sitôt, si l'on se réfère aux prévisions de taux de croissance annoncées par le cabinet ARC Advisory Group qui table sur une augmentation solide de près de 8% l'an sur les cinq prochaines années.

Ayant gagné ses lettres de noblesse auprès d'autres domaines poids-lourds de l'exécution des processus logistiques que sont le MES (Manufacturing Execution System) et le TMS (Transport Management System), les raisons du succès de la pénétration des WMS sont multiples.

"Les solutions best of breed de WMS continuent d'offrir une grande richesse fonctionnelle là où les éditeurs d'ERP doivent les compléter" (Peter Zimmerman - Sterling Commerce)

"Le WMS est un vecteur d'excellence et une condition sine qua none de réussite des opérations d'entreposage modernes en permettant d'industrialiser le processus de tenue de stock, d'accroître la vélocité des flux logistiques et de piloter la performance opérationnelle des entrepôts", annonce Fernando Prata, senior consultant Supply Chain au sein du cabinet de conseil BearingPoint.

Et Yvon Donval, managing director Supply Chain de BearingPoint de poursuivre : "le domaine du WMS a connu plusieurs évolutions notables comme le passage au standard XML pour faciliter et accroître la visibilité des échanges entre les partenaires de la chaîne logistique et l'extension de son périmètre fonctionnel par l'intégration d'autres applications d'exécution en matière de gestion des transports, du kitting ou encore de la gestion des systèmes automatisés".

Confrontées à des problématiques logistiques de plus en plus pointues et variées (gestion multisite, cross docking, planification des quais...), les entreprises soucieuses d'améliorer l'efficacité de leurs chaînes logistiques ont deux options possibles. Soit faire appel à une solution spécialisée (best of breed) ou bien recourir au module ad hoc proposé par son éditeur d'ERP.

Permettant de répondre (souvent) à la plupart des besoins en matière d'optimisation des emplacements, de gestion des expéditions ou encore de calcul des charges, ces deux catégories d'offres voient tout de même leurs chemins se séparer lorsqu'il s'agit de gérer de façon native des fonctionnalités bien spécifiques.

"Les KPI des coûts logistiques et des taux et qualité de service des prestataires sont devenus incontournables" (Jean-Brice Bonnet - Directeur associé de LB Consulting)

"Les solutions best of breed de WMS continuent d'offrir une grande richesse fonctionnelle là où les éditeurs d'ERP doivent les compléter avec d'autres solutions comme la commande par voix, la gestion des ressources et le slot optimisation pour améliorer les capacités d'exécution", fait savoir Peter Zimmerman, ingénieur avant vente chez Sterling Commerce Europe.

Quelle que soit la nature de la solution de WMS retenue, l'une de ses autres caractéristiques clés à ne pas sous-estimer avant sa mise en place, sera également liée à sa capacité de reporting et d'édition de tableaux de bord stratégiques. Une fonction qui semble, a priori, s'inscrire dans le sens de l'histoire.

"Les KPI basés sur des indicateurs logistiques et commerciaux comme le niveau et rotation des stocks, le respect des délais de livraison et des coûts logistiques ou encore des taux et qualité de service des prestataires sont devenus des éléments incontournables de l'évolution des WMS", analyse Jean-Brice Bonnet, directeur associé de LB Consulting.

La bataille que se livrent les pure players du marché que sont Manhattan Associates, i2 Technologies ou encore Generix Group (avec le rachat d'Infolog fin 2007) et les mastodontes de l'ERP - SAP et Oracle en tête - apparaît en tout cas plus âpre que jamais.

Chacun tentant de tirer son épingle du jeu grâce à des mouvements de concentration multiples touchant autant les éditeurs spécialisés (avec notamment le rachat de Manugistics par JDA Software) que le monde de l'ERP, via le jeu de croque-moutons auquel s'est livré SSA Global avec Provia Software avant d'être lui-même absorbé par Infor une poignée de semaines plus tard, un beau jour de mai 2006.