Francesco Serra (Polycom) "La technologie 3D n'est pas mature pour la téléprésence"

Après un passage à vide en 2009, le fournisseur en visioconférence et téléprésence s'est ressaisi. Son dernier brevet divise par deux les besoins en bande passante.

JDN Solutions. Comment expliquez-vous la baisse de la demande en matière de visioconférence et téléprésence en 2009 ?

Francesco Serra. La crise et la baisse des budgets IT expliquent en grande partie nos résultats sur 2009 [le chiffre d'affaires de Polycom sur l'ensemble de l'année écoulée a reculé de 13,4% à 791 millions de dollars et le résultat net de 34,1%, ndlr], Si nous avons connu une année difficile la tendance s'est toutefois inversée sur les derniers trimestres.

Alors que sur l'ensemble de l'année nous n'avons pas vendu de système de téléprésence, nous en avons écoulé une dizaine rien que sur les trois premiers mois de 2010. Notre chiffre d'affaires du premier trimestre 2010 est d'ailleurs passé de 225,4 millions de dollars l'année dernière à 276,2 millions de dollars et celui du deuxième trimestre devrait croitre de la même façon.

Mais nous ne sommes pas uniquement un acteur de la visioconférence et de la téléprésence. Nous nous inscrivons également sur le marché des communications unifiées qui nous permettent d'accélérer notre croissance. C'est aussi pour cette raison que nous avons conclu de nombreux accords d'alliances stratégiques avec HP, Siemens et Juniper Networks.

Ne craigniez-vous pas la concurrence frontale des solutions plus accessibles et moins chères de conférence Web ?

Mais nous proposons déjà des solutions destinées à un usage sur poste de travail, pas seulement en salles dédiées avec des systèmes de téléprésence immersives. C'est le cas précisément de notre offre CMA Desktop qui permet ourtre de la visionconférence de faire de la collaboration et de partager des contenus à distance. Par rapport à la conférence Web pure, Polycom se démarque par une qualité notamment en termes de diffusion de flux vidéo et audio sans comparaison possible.

"Avec les écrans 3D, l'image reconstituée dans le cerveau fatigue rapidement les yeux"

Nous avons d'ailleurs déposé récemment un brevet relatif à un algorithme de compression qui permet de réduire de 50% la bande passante nécessaire pour véhiculer ces flux très gourmands d'oridnaire en ressources réseau. Avec le standard H264 High Profile, les entreprises seront à même de démocratiser l'usage de la visioconférence pour répondre à toutes leurs problématiques d'échanges et de collaboration à distance.

Croyez-vous que la technologie 3D puisse avoir un débouché dans la téléprésence ?

On réfléchit à des systèmes de téléprésence en 3D. Nous avons déjà eu l'occasion de voir les apports des constructeurs de télévision et d'affichage dynamique en la matière mais pour le moment, la technologie n'est pas complètement mature. Avec ce type d'écran 3D, l'image produite est reconstituée dans le cerveau qui a pour conséquence de fatiguer très rapidement les yeux au bout d'une dizaine de minutes.

Pour le moment, ce type de technologie est surtout utilisée pour attirer le chaland dans les grandes surfaces mais ce n'est pas une technologie que l'on pourra utiliser pour le moment dans la durée. Nous préférons aujourd'hui mettre plutôt en avant des technologies innovantes déjà existantes comme par exemple le HD Voice qui permet un échantillonnage du son à 20 Khz contre 5 à 7 Khz pour les autres solutions.

Francesco Serra est vice-président Europe du Sud Polycom. Diplômé de l'ISG Cycle Multinational, Francesco Serra a occupé des fonctions commerciales et de direction chez plusieurs constructeurs télécoms. Après avoir débuté sa carrière en 1989 chez Sagem, il intègre en 1996 la direction des grands comptes internationaux de Siemens (Division ICN). En 2001, il rejoint Avaya au sein de l'organisation " Global Accounts " avant de prendre la direction commerciale d'Avaya France en 2008.