HP : la scission gérée sans heurts en France

HP : la scission gérée sans heurts en France C'est ce 1er septembre qu'HP se scinde en France. De gros efforts ont été consentis pour le projet, et le syndicat majoritaire reconnait que l'opération a été bien menée.

"La scission a été très bien gérée", doit admettre Jean-Paul Vouiller, délégué CFTC, le syndicat majoritaire chez HP en France. En mars dernier, un accord de méthodologie concernant cette opération a été approuvé, à l'unanimité, par les représentants du personnel. La scission est désormais imminente dans l'Hexagone : elle sera effective ce 1er septembre, date du transfert en France des salariés vers leur nouvelle entreprise. C'est un mois après bien d'autres pays, mais cela reste avant le 1er novembre, date à laquelle le groupe mondial se séparera en deux actions distinctes à la bourse, avec d'un côté HP Inc et de l'autre HP Enterprise.

Trois nouvelles entreprises HP en France

Mais en France, il n'y aura toutefois pas deux entités, mais… trois. "Cette scission en trois nouvelles entreprises n'était pas ce que nous souhaitions le plus, mais, contrairement à d'autres options, celle-ci permettait de respecter le calendrier, serré", explique Jean-Paul Vouiller. Les noms de ces trois nouvelles sociétés françaises sont déjà connus : il y a Hewlett-Packard Enterprise France (HPEF), Hewlett-Packard Enterprise Centre de Compétences France (HPECCF, assez proche, donc de l'HPCCF déjà connu chez HP en France) et HP France (l'équivalent français de HP Inc). Au final, il y aura chez cette dernière entreprise, la déclinaison française d'HP Inc, trois fois moins de salariés qu'au sein des deux autres nouvelles entités françaises correspondant donc, elles, à HP Enterprise. HP emploie aujourd'hui quelque 4700 personnes en France. Au niveau mondial, il y aura aussi ce déséquilibre entre les deux ensembles, même s'il n'est pas aussi prononcé. Ces deux sociétés nées de la scission génèreront à peu près le même chiffre d'affaires.

 

Des moyens "colossaux" pour une scission "transparente" pour les salariés

En France, avant d'en arriver là, bien sûr, il y a eu négociation. "La direction voulait avant tout respecter le calendrier, et nous, nous voulions nous assurer que la scission se passe dans les meilleurs conditions possibles pour les salariés", résume le délégué CFTC. Tout le monde semble avoir eu ce qu'il voulait. "Nous avions peur qu'après la signature de l'accord, ils nous laissent un peu tomber. Cela n'a pas été le cas", poursuit le responsable syndical, avant d'admettre qu'HP aura "mis le paquet avec les syndicats".

"HP aura mis le paquet avec les syndicats" 

Après la scission, les salariés d'HP France pourront profiter du même CE, des mêmes avantages, des mêmes conditions d'épargne salariale... Ceux qui travaillent dans les quatre principaux sites d'HP (Grenoble, Les Ulis, Boulogne, Lyon-Villefontaine) n'auront pas à déménager. Au final, Jean-Paul Vouiller conclut que la scission "sera transparente pour la plupart des salariés d'HP en France". Il évoque aussi des intervenants de "très haut niveau" à Palo Alto et "un déploiement de moyens colossaux".

Dès la fin juillet, en France, tout était déjà fin prêt, ou presque : des systèmes informatiques devaient encore être testés, mais l'essentiel avait été réglé. Début août, HP a réussi la séparation de son système d'information, en trois jours. "C'est un exploit technologique : ils ont quand même réussi à bâtir de zéro le système d'information d'une des 50 premières entreprises mondiales", fait remarquer le représentant du personnel.

Suppressions de postes : vers une annonce le 15 septembre ?

Reste à savoir si cette grande opération de scission va donner lieu à des licenciements en France. En elle-même, la scission ne va pas directement supprimer des emplois, mais en créer, quelques uns. Mais c'est après que cela pourrait se compliquer. Car, comme le fait remarquer Jean-Paul Vouiller, "HP, qui a engagé beaucoup de frais et de moyens pour que cette scission puisse se faire aussi vite et aussi bien, va évidemment ensuite tout faire pour rentabiliser son investissement et pour que l'opération soit un succès à ses yeux". En outre, la retranscription des propos tenus par la CEO Meg Whitman et sa CFO Cathie Lesjak devant les analystes, lors de la publication des résultats trimestriels la semaine dernière, lui laisse penser que de nouvelles suppressions de postes pourraient être annoncées le 15 septembre prochain. Mais rien ne permet d'affirmer que la scission en serait la cause directe. La CFTC souligne en tout cas que les conditions de départs ont été négociées jusqu'en 2019.