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Actualité
 
29/01/2008

Un piratage à l'origine du scandale de la Société Générale ?

Le trader suspecté d'être à l'origine de la fraude se serait procuré les codes du système informatique tout en réalisant de fausses transactions. Une affaire qui relance la question des contrôles.
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Le piratage informatique pourrait-il faire désormais l'actualité en France ? C'est en tous cas vers cette piste que s'orientent les enquêteurs chargés de l'affaire. Le principal suspect, un spécialiste des marché financiers et trader nommé Jérôme Kerviel, aurait en effet fait perdre 4,9 milliards d'euros à la deuxième banque française en contournant les règles de sécurité en place.

D'après les premiers éléments fournis par la Société Générale, Jérôme Kerviel était chargé d'effectuer des opérations d'arbitrage sur les marchés boursiers. Ce métier consiste à acheter des contrats sur une place boursière, et à en vendre l'équivalent sur une autre place boursière. Cette activité à très court terme permet aux traders de profiter des infimes variations de cours entre deux indices.

Or, pour réussir à faire perdre 4,9 milliards d'euros à la Société Générale, Jérôme Kerviel aurait réussi à trafiquer le système, en faisant apparaître des transactions fictives de manière à lever les protections du système et à jouer plus gros, pour éventuellement gagner plus gros. En passant des transactions fictives avec modération pendant des mois, il aurait ainsi testé le système et réussi à gagner de l'argent jusqu'à la fin de l'année 2007.

Mais avec la chute globale des marchés boursiers début 2008, le trader aurait eu dans son portefeuille près de 48 milliards d'euros à gérer, accumulant ainsi les pertes sur des opérations parfois non équilibrées entre achats et ventes de contrats. C'est à ce moment que le trader aurait choisi d'augmenter ses transactions frauduleuses en volume, trompant toujours les systèmes de contrôle.

Pourtant, les banques ont largement investi ces dernières années dans les logiciels de contrôle financier, notamment sous la pression de réglementation comme Bâles II, Sarbanes-Oxley ou la Loi organique relative aux lois de finance (LOLF). Selon le cabinet Pierre Audoin Consultant, la dépense informatique totale du secteur bancaire en 2007 a été de 12,8 milliards d'euros. La dépense en logiciels et services a représenté quant à elle autour de 5,9 milliards d'euros sur la même période.

Une bonne maîtrise du système informatique lui aurait permis de masquer ses opérations

Mais, selon la Société Générale, qui se défend d'erreurs internes, "sa connaissance approfondie des procédures de contrôle, acquise lors de ses précédentes fonctions au sein du middle-office du groupe, lui a permis de dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives". Pourtant, les procédures internes semblent avoir laissé, au mieux, trop de marge de manœuvre à l'ancien collaborateur.

"Les codes de ces services [ndlr : codes d'enregistrement des transactions] sont modifiés tous les mois ou tous les trimestres, mais il arrivait à se les procurer en invoquant des besoins de vérification", explique un salarié de la Société Générale interrogé par le quotidien Le Monde.

"Pour chaque opération réalisée illégalement, le jeune trader créait une ligne équivalente, qui annulait en apparence les montants engagés. Ses connexions et sa maîtrise du système informatique, sur lequel il passait des heures le soir, selon des collègues, lui permettaient de connaître les dates des contrôles et de faire migrer ses lignes d'engagement afin d'éviter d'être repéré. Il a tenu près d'un an et n'est tombé que pour une petite erreur", déclarait le président Daniel Bouton.

Pourtant sur de telles sommes et des opérations à répétition, les contrôles auraient certainement pu être renforcés, et des alertes mises en place. En tous cas, d'ores et déjà plusieurs salariés ont été sanctionnés pour cette négligence dont Jean-Pierre Lesage, responsable des ressources de Société Générale Corporate & Investment, une activité qui inclut la supervision informatique.

La brigade financière a mené deux perquisitions, une au siège de la banque française, une autre au domicile de l'employé incriminé pour rechercher des preuves informatiques de sa culpabilité. Cette brigade cherche notamment à déterminer si l'employé a agi seul ou avec la complicité d'autres salariés. Toutefois, les avocats de la défense dénoncent le "lynchage médiatique" de Jérôme Kerviel et la précipitation de l'enquête.

 
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En effet, la perquisition au domicile s'est effectuée sans la présence de M. Kerviel, la serrure ayant été forcée selon une journaliste de l'AFP. Après 3 heures de perquisitions, les inspecteurs en sont ressortis munis de 3 mallettes.

D'après les avocats de la défense, leur client - "qui a été formé par la banque à faire du profit -, n'a commis aucune malhonnêteté et n'a pas détourné un seul centime et n'a profité d'aucune manière des biens de la banque. En s'acharnant sur Jérôme Kerviel, la banque croit pouvoir élever un écran de fumée qui détournerait l'attention du public de pertes beaucoup plus substantielles qu'elle a accumulées ces derniers mois, notamment dans l'invraisemblable équipée des subprimes."



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