La Russie superpuissance du spam

La fin du phénomène spam n'est vraisemblablement pas pour 2008, pas plus qu'elle ne l'a été en 2007. N'en déplaise au futur retraité de l'informatique, Bill Gates, qui en avait pourtant prophétisé la disparition bien avant, les courriers indésirables demeurent toujours aussi importants. Toutefois, les derniers mois ont été marqués par plusieurs évolutions de tendances.

Premier changement : la hiérarchie des pays émetteurs de spam. L'éditeur Sophos a ainsi relevé la montée en puissance progressive de la Russie. Dans son baromètre du spam de décembre 2007, la Russie subtilise ainsi la deuxième place des émetteurs de spam à la Chine pour figurer derrière les Etats-Unis. Sur la période, 8,3% du spam mondial provenait de Russie, contre seulement 4,4% en septembre 2007.

En outre les auteurs du bot Storm Worm sont soupçonnés d'être d'origine russe. Le vaste réseau de PC zombies Storm Botnet est intensivement exploité pour distribuer du spam. Le développement du pays dans la pratique du spam n'est cependant pas étonnant si l'on se reporte au site de lutte contre les pourriels, Spamhaus. Ainsi parmi les 10 pires spammeurs identifiés par Spamhaus figurent 4 russes. La couronne du premier spammeur revient même à l'un d'entre eux : Leo Kuvayev.

Autre tendance récente : le format et le contenu des messages. Les spammeurs ont régulièrement changé leurs méthodes afin d'optimiser le taux de délivrance de leurs emails en contournant les filtres antispam. Les spams dits pump and dump, c'est-à-dire destinés à spéculer frauduleusement sur des titres en bourse sont désormais délivrés par le biais de fichiers MP3.

Joints à un courrier électronique, ils sont présentés comme étant des fichiers musicaux de vedettes de la chanson. Il s'agit de réalité de messages audio enregistrés au format MP3 dont le but est d'inciter les destinataires à acquérir des actions d'entreprises, souvent méconnues, afin de faire fluctuer le cour et ainsi de permettre aux spammeurs d'empocher une plus-value. Les spams boursiers seraient cependant en net recul.

En volume, le spam serait également toujours en augmentation. S'il faut en croire le fournisseur de solutions Marshal, le trafic aurait progressé de plus de 50% sur les 6 derniers mois de l'année 2007. Les pourriels louant les vertus de produits pharmaceutiques représentent à eux seuls près de 70% du spam total. Le pump and dump ne compte quant à lui plus que pour 1% du volume, contre 50% en février 2007. De même le spam image qui avait fait une entrée fulgurante ne représenterait plus que 5% du trafic.