Hervé Schauer (Le Cercle) : "Les logiciels qui ont du succès en France, lorsqu'ils ne sont pas américains, sont israéliens"

	Hervé Schauer (Président du Jury)

Hervé Schauer est le fondateur du cabinet de sécurité HSC et le président du Jury du prix de l'innovation décerné par le Cercle européen de la sécurité et des SI.

Pourquoi participer au prix de l'innovation ?

On se rend bien compte que les gens qui créent en France des entreprises nouvelles en sécurité ont beaucoup de mal à percer. Finalement les logiciels qui ont du succès en France, lorsqu'ils ne sont pas américains, sont israéliens. Le prix de l'innovation est donc important pour encourager ce type de projets, relativement rares. Le prix est en principe européen, mais les dossiers déposés par des entreprises d'autres pays sont quasiment inexistants. Donc, les candidats sont plutôt francophones.

Si une entreprise a développé un projet innovant autour de logiciels ou services de sécurité, et pas seulement un produit de type boîtier, il faut absolument qu'il remplisse un dossier et se fasse connaître. Quand on voit ce que cela a apporté aux candidats précédents, je vous assure que cela contribue à la promotion de l'entreprise. Livo a eu des négociations avec Orange et Microsoft après la remise du prix. Nexthink a réalisé de belles ventes et a gagné deux ans en pouvant montrer son produit du jour au lendemain,alors qu'il n'en avait pas les moyens financiers.

Quelles sont les conditions pour déposer un dossier ?

Outre le fait d'être une société de moins de trois ans, c'est d'être intéressant pour le public des Assises. Cela élimine des produits pas forcément inintéressants, mais qui ne concerneront pas la sécurité en entreprise. Un produit très grand public qui protégerait l'Internet pour les enfants n'intéressera pas les responsables sécurité des grandes entreprises.

Nous cherchons des projets qui vont intéresser les RSSI ou les DSI, donc plutôt des produits d'infrastructure, ou de service ou d'ASP. Ensuite, nous recherchons quelque chose qui soit nouveau. Lors des précédentes éditions, nous avons eu la chance d'avoir des gagnants qui avaient une vraie innovation, fruit de la recherche ou d'une bonne idée d'un innovateur.

Il faut aussi que l'idée soit suffisamment mûre. Un certain nombre de dossier n'ont pas gagné parce que le produit n'était pas assez avancé et qu'ils n'allaient rien avoir véritablement à présenter lors des Assises. Mais si l'entreprise a moins de trois ans, elle a de bonne chance toujours de gagner l'année suivante. Dans les dossiers de cette année, nous savons par exemple que nous retrouverons des candidats de 2007.

Quant au jury, il comprend des profils divers. Vous avez des personnes avec des expériences business, d'autres venant du capital risque, d'autres encore plus axés technologie et puis des RSSI. Ces derniers en tant qu'utilisateurs pèseront l'intérêt de la solution pour une entreprise ou une administration.

Est-il plus simple de gagner en proposant une innovation sur une technologie tendance comme la virtualisation ?

Tout est possible. Nous avons eu des dossiers de coffre-fort électronique, des choses pas très hype, mais pour lesquelles il existe un réel besoin. Ce pourrait tout à fait être par exemple un logiciel qui aide la vie du RSSI ou du DSI en sécurité, pour voir notamment où en sont les incidents de sécurité.

Il y a très longtemps, il y a eu un logiciel qui aidait les RSSI à faire leur politique de sécurité, malheureusement, ce petit éditeur a été racheté par un géant qui n'a pas su continuer à le développer. C'est un secteur qui a disparu désormais. Un acteur qui ferait du développement aujourd'hui sur ce domaine aurait toutes ses chances.

Le jury est également conscient du fait qu'une personne travaillant sur du logiciel libre n'est pas dans un mode logiciel, mais un mode service. Or nous considérons vraiment toutes les entreprises de service à partir du moment où elles ont une innovation. Pourquoi ? Parce que le service innovant fait partie pleinement de l'innovation.

Malheureusement, jusqu'ici nous n'avons eu que très peu de dossiers avec du logiciel libre et ce n'était pas du tout innovant. Si de nouveaux acteurs ont des innovations dans le libre pour les RSSI et DSI, aucun problème, ils gagnent. INL avait d'ailleurs remporté les trophées du libre. C'est un exemple, INL étant trop vieux désormais pour le prix de l'innovation en sécurité.