Le directeur sûreté est-il l'homme intelligence économique
de l'entreprise ou comme pour le RSSI, y collabore-t-il ?
Aujourd'hui la plupart des fonctions qui ont trait plus
ou moins à la sûreté sont éclatées dans la majorité des entreprises. Peu d'entre
elles ont un poste intelligence économique. L'avenir c'est de regrouper toutes
ces fonctions en une grande direction du développement durable. L'intelligence
économique en fait partie.
Comment imaginer qu'un directeur de sûreté ne soit pas
au courant de ce qu'analyse l'intelligence. C'est par essence même dans les missions
qui lui sont confiées. Imaginez-vous un directeur de la police qui ne serait pas
au courant de ce que lui disent ses renseignements généraux. Le terrain a obligatoirement
besoin de l'intelligence et réciproquement. Et il faut que tout cela soit coiffé
par une capacité de synthèse et d'analyse.
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A quelle phase d'évolution en sont les canaux permettant
de remonter l'information exploitée par l'intelligence économique ?
Ils sont d'abord à identifier. Restera ensuite la question
de savoir s'ils sont internes ou externes. Un sujet demeure totalement ouvert
: les missions seront-elles exercées complètement à l'intérieur de l'entreprise
ou seront-elles en partie externalisées ? Je n'ai pas exclu que l'avenir n'aille
pas vers des tiers de confiance externalisés. Il est trop tôt pour le dire. Mais
cela suppose que l'État aide et sache pousser à ce que ces prestataires privés
soient absolument transparents, avec une forme d'habilitation et de contrôle de
façon à ce que leurs qualités de tiers de confiance ne puissent être remises en
cause.
L'État n'a pas encore pris conscience que la sécurité
du privé est un domaine dans lequel il y a toute une hiérarchie qui va du donneur
d'ordre au gardien de l'usine avec son chien. Entre les deux, il y a des strates
et tous les profils de carrière à développer où l'État pour l'instant a tendance
à ne voir qu'un magma dans lequel il n'intervient peu, à cause encore une fois
de la schématisation qui veut une séparation entre l'État et la société civile.
Non. Il faut que l'État s'intéresse au fonctionnement de l'actualité civile sans
vouloir forcément s'immiscer et en prendre le contrôle. Il est possible d'y parvenir
par un pouvoir d'incitation, de réglementation de conseil, par des systèmes de
passerelles, des colloques, etc.
"Pour externaliser, il manque
l'élément nécessaire de tiers de confiance" |
Est-ce que la culture française ne représente pas une
barrière à l'externalisation de services de sécurité pouvant être considérés comme
stratégiques ?
Je n'en suis pas certain. Regardez la tendance. Le MI5 britannique
vient de passer un contrat avec KPMG pour le traitement de certaines informations.
Je crois savoir que certaines des officines françaises travaillent pour l'État.
Je suis frappé de voir que l'État depuis 20 ans a multiplié le nombre de prestataires
privés. Les grands projets d'État passent par des cabinets privés d'audit conseil.
C'est vrai au ministère de l'intérieur et dans d'autres ministères.
Pour les entreprises, c'est toujours difficile d'externaliser
des domaines stratégiques. Il manque l'élément nécessaire de tiers de confiance.
Comment estimer la confiance dans un prestataire et sa capacité à garder l'information
confidentielle qui lui est confiée. Il n'existe pas de corps auditant l'éthique
de ces acteurs.