Acer absorbe Gateway, et ravit sa troisième place à Lenovo

Après avoir fait part de ses intentions de rachat il y a plusieurs mois, le constructeur taïwanais est enfin passé à l'acte. Des noms circulaient : Packard Bell, Gateway et Fujitsu Siemens. Acer a arrêté son choix. Il s'agira de l'américain Gateway. Pour s'emparer de la troisième place des fabricants informatiques, l'asiatique a accepté de débourser 710 millions de dollars, soit 1,90 dollar par action.

Cette valeur d'achat représente une prime d'achat de 57% par rapport au cours de clôture de Gateway vendredi sur le marché américain. L'acquisition, que la direction d'Acer espère finaliser avant la fin de l'année, devrait lui permettre de générer 15 milliards de dollars de chiffre d'affaires supplémentaires et de livrer plus de 20 millions de PC

Dell et HP, avec respectivement 28,4% et 23,6% de parts de marché (chiffres IDC), restent cependant encore largement devant le challenger asiatique. Acer est néanmoins la valeur montante. L'asiatique espère sans doute enregistrer aux Etats-Unis une croissance comparable à celle qu'il connait en région EMEA. Ainsi, selon Gartner, Acer a connu une progression de ses ventes de 35,2% au 2e trimestre. En comparaison, le marché mondial n'a enregistré une croissance que de 12,8% sur la même période.

Si au niveau mondial Acer occupe la troisième place, en zone EMEA, ses résultats le placent en deuxième position sur le segment des PC et en tête sur le secteur des ordinateurs portables grâce à une croissance de 38,1% et une part de marché de 20,3%. Acer conserve ainsi sa domination en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, en République Tchèque, au Danemark, et en Espagne.

Le perdant de cette lutte concurrentielle que se livrent les constructeurs est donc Lenovo qui abandonne une place au classement. Mais le chinois est loin d'avoir dit son dernier mot et a confirmé sa volonté d'acquérir Packard Bell. En France, Packard Bell détenait 12,3% des ventes grand public au 1er semestre 2007 (contre 11,4% un an plus tôt).

Mais Packard Bell possède également d'autres implantations en Europe de nature à intéresser Lenovo, comme en Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Norvège, Suède et au Danemark. Son rachat par Lenovo n'est cependant pas acquis puisque tout en confirmant l'OPA amicale, Gateway a indiqué qu'il exercerait son droit de préemption sur la société mère de Packard Bell (grâce à un accord signé en 2006 avec l'actionnaire majoritaire John Hui).

Lenovo peut aussi compter sur une opposition des autorités américaines au rachat de Gateway. Le gouvernement avait déjà témoigné de réticences comparables. Sans aller jusqu'à interdire l'OPA, il pourrait renoncer à confier à Gateway les commandes d'équipement pour ses administrations. En 2006, le département d'État avait ainsi écarté Lenovo pour des raisons de confidentialité.

Les Etats-Unis craignent en effet des actes d'espionnage de la part du gouvernement chinois, notamment via des opérations de piratage informatique. En juillet, une section du Département américain du commerce, le Bureau of Industry and Security (BIS) était visé. Les soupçons se portaient notamment sur la Chine. Plus récemment, c'est l'Allemagne qui s'est plainte d'attaques par des chevaux de Troie, derrière lesquels pourraient se cacher les agissements de l'armée chinoise.