Acteurs > Analyse > Diversification des opérateurs télécoms
Analyse
 
04/02/2008

La délicate stratégie de diversification des opérateurs télécoms

Qu'ils se nomment France Télécom ou Belgacom, les opérateurs télécoms sont nombreux à proposer des prestations de services IT. La course à la rentabilité ne fait que commencer.
 EnvoyerImprimer 

 
En savoir plus
 
 
 

Loin de n'être que de simples coïncidences, les rachats successifs réalisés ces 3 dernières années par les opérateurs télécoms - notamment européens - dans le secteur des SSII, s'apparentent plutôt à une véritable lame de fond.

De France Télécom à Belgacom, en passant par British et Deutsch Telecom, toutes ces SSII ont en effet fait main basse sur des sociétés spécialisées dans l'ingénierie, la conception mais également l'intégration de solutions. Principales cibles de ces OPA lancées tous azimuts : les SSII Net2S, Telindus et Silicomp.

"Le métier des opérateurs télécoms est en train de changer. On sent aujourd'hui qu'ils ont envie de monter dans le service alors que le grand écart entre leur présence sur le terrain des contenus et leurs activité services IT risque de ne pas être facile à gérer", déclare Thibault Kressmann, eServices Solution Manager au sein d'Atos Worldline.

Et Thibault Kressmann de poursuivre : "un opérateur télécoms devient à la fois un concurrent potentiel des SSII et un concurrent des chaînes de télévision avec un positionnement global qui nécessite des grosses capacités d'investissement, qui, même lorsque l'on s'appelle France Télécom, Belgacom ou British Telecom, ne sont pas engagées toutes les deux minutes".

Avec les rachats de Diwan et de Neocles Corporate dans le courant de l'année 2006, France Télécom a de son côté rapidement mis un premier pied à l'étrier avec pour objectif de gonfler son offre de services naissante dans le domaine de la sécurité des réseaux. Non sans cacher très longtemps ses intentions d'aller encore plus loin, notamment dans la fourniture de prestations en informatique embarquée et réseaux haut débit. Un désir qui sera finalement assouvi par le rachat de Groupe Silicomp en décembre 2006, pour près de 50 millions d'euros.

"Dans les services IT, la rentabilité dépasse rarement les 7%"
(Thibault Kressmann - Atos Wordline)

"Cette évolution s'explique par la demande des entreprise qui réclament de plus en plus de services intégrés, orientés notamment vers la téléphonie IP et les communications unifiées mais également les applications métiers de type CRM", justifie-t-on du côté d'Orange Business Services.

Dans ce grand jeu de la diversification de ses activités, l'opérateur français est cependant loin de faire cavalier seul. En 2005, il aura eu fort à faire avec Belgacom, lancé lui aussi tambours battants dans la chasse à la SSII. Son objectif de l'époque : étoffer son offre de services à destination de ses clients du secteur public et donner un second souffle à son entité d'intégration réseaux et systèmes (NSI), créée en 2003.

Souhaitant coûte que coûte réussir son entrée dans le monde du service IT, l'opérateur belge n'aura d'ailleurs pas hésité longtemps avant de renchérir le montant de l'offre hostile de rachat proposée par France Télécom à la mi-décembre 2005, valorisant au final le capital de la société à plus de 600 millions d'euros.

S'inscrivant également dans une stratégie de diversification, British Telecom a mis un point d'honneur a compléter son tour du monde des rachats de SSII avec Net2S, finalisé en janvier 2007, ayant suivi ceux de Frontline Technologies aux Etats-Unis ou encore d'INS, en Belgique.

 
En savoir plus
 
 
 

Mais dans un contexte où les investissements nécessaires pour s'imposer dans son cœur de métier se révèlent de plus en plus lourds (4G, droits de retransmission sportifs, achat de catalogues de films et de musiques…), l'ombre de la pertinence financière à long terme de cette stratégie de concentration pourrait bien se dessiner.

"Les contenus sur mobiles présentent certainement pour les opérateurs télécoms une meilleure opportunité d'investissement que les services informatiques, qui n'apparaissent pas comme une activité si lucrative que cela, compte tenu de niveaux de rentabilité dépassant rarement les 7%", avertit Thibault Kressmann.



EnvoyerImprimerHaut de page