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Interview
 
27/12/2007

Jean-René Boidron : "Les logiques d'offshoring arrivent à maturité chez les clients"

Montée de l'offshore, du logiciel à la demande, des frameworks agiles et d'Ajax : le vice-président de Croissance Plus nous livre sa vision de l'année 2007, et esquisse les tendances de 2008.
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Jean-René Boidron (Croissance Plus)
 
 

Vice-président

 

JDN Solutions. Que retenez-vous de l'année 2007 concernant le secteur informatique ?

Jean-René Boidron. Les grands évènements qui ressortent selon moi concernent surtout les usages, pas vraiment les technologies. En termes d'usages, je dirais que les grosses tendances de 2007, c'est tout d'abord la généralisation de la vidéo sur Internet à plusieurs titres : les sites de partage bien sûr, mais aussi l'usage de la vidéo comme un différenciateur marketing chez les publicitaires. Cela va à mon avis se poursuivre avec l'émergence d'une télévision personnalisée par le Web. Les gens choisiront alors leurs émissions favorites, leurs sports favoris, leurs films favoris...

Les réseaux sociaux se sont également illustrés en 2007. Pour le moment, il y a une profusion de sites différents proposant plus ou moins le même service, mais il n'y aura à terme que deux ou trois gagnants maximum, pour des milliers d'autres qui ne se concrétiseront pas. D'ailleurs, cette tendance en suit une autre, celle des sites de vente de particuliers à particuliers, avec une émergence nette du commerce C-to-C, un mouvement de fond qui devrait se poursuivre en 2008. Ces deux évènements sont encore propres à des segments bien particuliers de population, par exemple le phénomène FaceBook. Certaines personnes se retrouvent dessus naturellement, tandis que d'autres restent totalement en dehors.

Enfin, le dernier changement que je constate en 2007, c'est la tendance de la part de l'utilisateur à gérer sa propre information et à prendre l'initiative de communiquer sur les produits et services qu'il utilise ou à utiliser. Avant, les marchands étaient capables de canaliser leur marché et de maintenir une communication cohérente. Désormais, ils font face à des réseaux de prescripteurs et de contre-prescripteurs venus d'Internet. C'est une donnée que les entreprises doivent prendre en compte plus qu'avant.

Et coté entreprise, qu'est-ce qui vous a marqué en 2007 ?

La montée des logiciels en mode services et non plus sous forme logicielle. Je parle ici de logiciels comme Google Apps, Salesforce... C'est la fin des logiciels patrimoniaux, remplacés par le logiciel à la demande. Autant le concept de Network Computer tel qu'annoncé en 1999 était un pari sur l'avenir, un peu une méthode Coué appliquée à l'informatique, autant l'informatique à la demande s'ancre désormais dans la réalité avec des solutions qui fonctionnent. Maintenant, la migration sera progressive et certainement pas fulgurante.

Et coté solutions et technologies, quels sont pour vous les évènements à retenir cette année ?

"L'informatique à la demande s'ancre désormais dans la réalité"

Si je suis un peu plus terre à terre, je retiendrais de l'année 2007 la forte progression de la Microsoft Sharepoint parmi les clients en matière des solutions de travail collaboratif. Cette forte demande, nous l'attendions plutôt en 2006, mais c'est en 2007 qu'elle a eu lieu. Toujours dans le domaine des technologies, je dirais Flex. Cette technologie front office fondée sur Flash, même si elle n'est pas une véritable rupture technologique, facilite vraiment la vie des développeurs Web.

Les frameworks de développement agiles, qui étaient jusqu'à présent une promesse non tenue depuis des années, ont fait des bonds au niveau de la productivité. Dernier point, la SOA qui propose des solutions intéressantes aux entreprises et qui est désormais prise au sérieux. Fondamentalement, cela poursuit la logique du logiciel comme un service, même si on s'attaque ici à la manière dont sont construits les systèmes d'informations. Peu d'entreprises l'ont toutefois mis en place pour le moment.

Quel bilan faîtes-vous par ailleurs de la demande, et des attentes des clients en 2007 ?

Si je reprends les chiffres publiés par le Syntec Informatique, 2007 aura été une année de croissance raisonnable, de l'ordre de 6%, mais qui ramenée au secteur des TIC n'a rien d'exceptionnelle. Par contre, ce que l'on constate nettement, c'est la banalisation de la technologie à tous les niveaux. D'ailleurs, la technologie en tant que telle n'est plus l'enjeu des clients, ce sont les usages qui sont différenciant. La question que posent les clients est : comment mettre en oeuvre les outils informatiques pour être le plus flexible possible. Cela va de pair avec les logiques d'offshoring, qui elles aussi arrivent à maturité.

Pour vous, l'offshore se développe donc auprès des clients français ?

Oui, même si j'ai toujours été dubitatif sur ce phénomène, il vient finalement dans les moeurs. Cela correspond à la problématique des clients. Aujourd'hui, peu importe qui développe le logiciel, le véritable enjeu est plutôt de savoir quelle architecture adopter pour rendre le système d'information agile. L'Open Source et le logiciel à la demande sont également des éléments de réponse.

L'année 2007 a également été celles des acquisitions, avec des rachats de taille dans le secteur du décisionnel. Etait-ce attendu ? Les acteurs IT français sont-ils bien placés dans ce domaine ?

 
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Dans ce domaine, je n'ai pas forcément une bonne vision, plutôt des convictions. La conséquence de la banalisation de la technologie ne peut aller selon moi que vers la consolidation du marché. Nous nous dirigeons donc vers une logique qui verra s'affronter des blocs, plutôt que des concurrents spécialisés chacun dans un domaine. C'est ce que nous constatons sur le marché des ERP, celui des télécoms, ou sur l'accès Internet en France. Là encore, l'évolution des usages structure finalement le marché.

Les acteurs français se sont illustrés par des acquisitions très ciblées, notamment à destination de l'Inde, si je prends pour exemple Steria avec Xantra, Kambay et Capgemini... Tous ces acteurs ont intérêt à devenir des acteurs mondialisés et à se focaliser d'abord sur les usages tout en se maintenant à des coûts bas. Parallèlement, Business Objects s'est fait racheté par SAP pourtant. De toute manière, il ne fait plus grand sens de marquer les frontières sur un marché qui s'est mondialisé.

 


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