Comment lever des fonds dans le secteur IT ? Les 10 conseils d'Oséo et Chausson Finance pour lever des fonds dans l'informatique (2/2)

5) Ne pas jalouser les Etats-Unis 

Il n'y a pas qu'aux Etats-Unis, lieu de naissance du capital risque,  que l'on peut faire de nombreux tours de table, sans même avoir dégagé le moindre bénéfice. "Meetic, Kelkoo, Venteprivée... il y a quand même de très belle réussite en France de sociétés qui n'auraient pas pu autant s'imposer sans lever des fonds", rappelle Christophe Chausson.

Parmi la longue liste de sociétés IT qu'elle a aidée, Chausson Finance a aussi accompagné le spécialiste de l'Open Source Talend. Un cas particulièrement intéressant en la matière. Après avoir levé 2,6 millions d'euros en 2006, puis la même somme l'année suivante, l'éditeur a ensuite levé pas moins de 10 millions en 2009, puis près de 8 millions de plus en 2010, notamment auprès Balderton Capital dont l'associé-gérant Bernard Liautaud fut également le P-DG de Business Objects avant d'être racheté par SAP. La société ne prévoyait alors pas d'atteindre l'équilibre avant fin 2010.

6) Etre "très, très ambitieux"

"Il faut être ambitieux, voire très ambitieux", souligne Christophe Chausson, qui avoue ne pas forcément voir d'un mauvais œil des projets où l'ambition prime un peu sur le réalisme, ou le pragmatisme.

Un avis légèrement tempéré par Erik Verkant : la somme demandée doit rester proportionnée. La levée de fonds doit permettre de ne pas brider la croissance d'une société "mais doit rester raisonnable". Cet expert constate d'ailleurs que les grandes sociétés demandent souvent moins que des petites start-up. "C'est un écueil fréquent des jeunes pousses", avertit Erik Verkant. Par ailleurs, rappelle-t-il, "on ne peut pas tout demander lorsqu'on a rien".

il n'y a pas qu'aux etats-unis, lieu de naissance du capital risque,  que l'on
Il n'y a pas qu'aux Etats-Unis, lieu de naissance du capital risque,  que l'on peut faire de nombreux tours de table, sans même avoir dégagé le moindre bénéfice. © Fotolia

7) Ne pas brader ses produits

Autre écueil fréquent constater par Erik Vakant : la sous-valorisation des produits ou services que la société va commercialiser. "Il faut estimer correctement cette valeur. C'est très important à nos yeux", explique l'expert qui constate également que "dans les TIC notamment, les sociétés ont souvent tendance à sous-estimer le prix de leurs services ou produits".

8) Un management de qualité

La qualité du management de la société est presque plus importante que celle du projet lui-même. Sous forme de boutade, Erik Verkant explique qu'un projet moyen soutenu par une équipe de très grande qualité pourrait presque avoir plus de chance de lever des fonds qu'une équipe de moins bonne qualité avec un projet très pertinent. "L'équipe, c'est aussi le capital d'une entreprise. Il peut également être valorisé", conseille ainsi le directeur régional adjoint d'Oséo.

"Mieux vaut également être une équipe plutôt que d'être seul", rappelle de son côté Christophe Chausson.

9) Etre sur le bon secteur

S'il y a des secteurs plus porteurs que d'autres, il y a surtout des investisseurs qui ont des affinités marquées avec certains domaines.

"Dans l'informatique, les sociétés ont souvent tendance à sous-estimer le prix de leurs services ou produits."

Aujourd'hui, Christophe Chausson ne cache pas son intérêt pour deux activités précise : le SaaS et l'Open Source. Le reste ne l'intéresse pas trop. Par ailleurs, si sa société s'interdit d'aider deux rivaux en même temps, elle s'autorise à donner un coup de pouce à un concurrent suite à une première opération.

Du côté d'Oséo, Erik Vakant a remarqué que le mobile, le Cloud Computing, et la sécurité qui doit aller avec, sont clairement des tendances majeures et des activités qui peuvent donc intéresser les investisseurs.

10) Ne pas croire à la recette miracle

"Que la solution repose sur le modèle propriétaire ou Open Source, le côté technologique est de toute façon souvent secondaire : ce qui compte c'est la pertinence et ou la nouveauté du service et la cohérence globale du projet", martèle Erik Vakant qui avoue qu'il n'y a de toute façon pas de recette miracle pour lever des fonds.