Rolf Werner (T-Systems France) "Nos services de Cloud Computing sont certifiés par SAP"

La filiale de services de Deutsche Telekom veut se transformer en France pour rééquilibrer ses comptes. Le point sur la stratégie avec son président.

En France, T-Systems, la division grands comptes de Deutsche Telekom, compte actuellement 1 585 collaborateurs et a réalisé un chiffre d'affaires de 250 millions d'euros en 2009. T-Systems France a annoncé vouloir supprimer 324 postes, et son président a pour mission de repositionner T-Systems dans l'Hexagone afin de renouer avec l'équilibre financier.

JDNSolutions. Vous annoncez le Cloud Computing parmi vos leviers de croissance pour 2011. Quelles expériences avez-vous en la matière ?

Nous avons noué un partenariat avec Cisco, NetApp et VMWare pour les solutions de notre gamme Cloud baptisée Dynamic Services. Notre offre comprend évidemment le hardware, le software et la maintenance.

Le datacenter se trouve en Allemagne, ce qui peut intéresser des DSI soucieux de conserver leurs données en Europe. Nous avons plusieurs contrats d'envergure en attente dans notre pipeline. Nous attendons de les signer avant d'investir dans de nouveaux centres de données en France.

Nous en avons cependant déjà signé avec Shell pour un montant d'un milliard de dollars. Et plusieurs autres, avec des multinationales comme MAN ou Linde, pour des montants de plusieurs centaines de milliers d'euros. En France, nous avons aussi vendues nos offres Cloud à Univar et Yves Rocher.

Nos services cloud "Dynamic Services pour SAP " ont été certifiés par l'éditeur allemand. Nous pouvons donc héberger des solutions SAP et proposer des tarifs d'accès flexibles. En 48 h, nous pouvons augmenter les capacités selon les besoins de l'utilisateur. Nous réalisons par exemple actuellement une prestation assez unique pour l'équipementier automobile Continental, dont nous prenons en charge la totalité de l'environnement SAP. Continental compte 55 000 utilisateurs de solutions SAP. L'infogérance couvre environ un million d'exemplaires du SAP Application Performance Standard, notamment. Les tarifs sont si flexibles que le contrat ne garantit à T-Systems aucun revenu. Continental ne paiera que ce qu'il utilise.

"Nous souhaitons acquérir un intégrateur SAP"

Vous souhaitez aussi vous positionnez sur le smart grid, les réseaux électriques intelligents ?

Nous nous sommes rapprochés d'E.ON, un acteur allemand important en la matière. (NDLR T-Systems est sur le point  d'obtenir la gestion de certaines parties de l'infrastructure informatique d'E.ON). Ces technologies seront sans doute plus faciles à déployer d'abord en Allemagne, avant la France. Depuis plusieurs années, nous testons d'ailleurs les compteurs intelligents et d'autres services basés sur IP pour quelques habitants d'une petite ville en Allemagne, que nous avons baptisée T-City. Les compteurs intelligents, tout comme les voitures intelligentes c'est-à-dire connectées, intéressent T-Systems et sont idéntifiés comme source prioritaire de croissance future. D'ailleurs, nous cherchons à racheter un acteur dans ce domaine.

Quels changements allez-vous opéré pour vos activités d'intégrateurs ?

Nous comptons plusieurs éditeurs comme partenaires, avec Sage par exemple, pour des projets ERP, ou avec Oracle pour du CRM avec Siebel, ou avec Dassault pour leur PLM , entre autres.

Nous sommes aussi proches de SAP. Nous avons signé de nombreux contrats d'intégration de solutions de cet éditeur. Nous avons aussi pu faire certifier nos compétences pour leur offre dédiée aux hôpitaux, ce qui nous a assuré un bon positionnement en France sur ce domaine.SAP reste un éditeur très important pour nous. Nous cherchons à renforcer nos compétences dans ses solutions et nous voulons aussi acquérir un intégrateur SAP.

"Il a fallu s'aligner sur la concurrence et réduire certains coûts structurels pour améliorer nos prix."

Mais le marché de tous ces progiciels évolue parfois vite, et parfois je trouve que nous, comme nos concurrents, ne sommes pas toujours prêts à relever les nouveaux challenges. Nous devons donc veiller à rester ouverts et flexibles.

Aujourd'hui, les deux tiers des employés sont dédiés à cette activité d'intégration, et je ne compte pas changer l'équilibre. Cette activité nous rapporte la moitié de nos revenus.

En revanche, nous avons subi ces derniers temps, avec la crise notamment, une très forte pression sur les prix. Y compris de la part d'anciens clients au moment de renouveler leur contrat. Il a fallu s'aligner sur la concurrence. Parmi les leviers de croissance identifiés pour 2011 figure la réduction de certains coûts structurels pour améliorer nos prix. Nous allons entre autres renforcer nos services near et offshore, au Mexique, en Russie et en Inde. Cela passera par un travail de formation et d'éducation de nos clients, mais c'est nécessaire pour

garder notre compétitivité et donc préserver le maximum d'emplois en France.

 

 

 

Rolf Werner, 37 ans, était jusqu'à présent membre de la direction générale de T-Systems, en charge des services aux petites et moyennes entreprises en Allemagne. Il a entamé sa carrière professionnelle en 1996 chez Schott Glas avant de se spécialiser en 1998 dans les télécommunications et l'informatique au sein de l'équipe de direction d'un cabinet de conseil. Depuis 2002, il a assumé différentes fonctions de direction au sein de T-Systems, dans le domaine des ventes et du business development. Il a ensuite dirigé le cabinet du directoire de la filiale entreprises du groupe Deutsche Telekom. Il est diplômé en gestion d'entreprise, et a passé son doctorat en Business Administration à l'University of East London.