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3 Questions à...
 
03/10/2007

Bruno Marzloff (Groupe Chronos) : "Dans la Ville 2.0, les individus sont amenés à partager des services"

Soutenue par les technologies mobiles, la ville devient interactive et propice à l'échange et au partage d'informations personnalisées. Les infrastructures de terminaux urbains gagnent en maturité.
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Bruno Marzloff (Groupe Chronos)
 
 
 

Que recouvre la notion de ville 2.0 ?

Le chantier de la ville 2.0 fédère un certain nombre d'acteurs d'origines diverses comme les régions, la RATP, France Télécom ou encore le groupe de distribution et de services LaSer et l'afficheur JCDecaux. L'ambition de ce programme est de réfléchir à l'irruption des technologies numériques sur le territoire de la ville et des enjeux qui en découlent.

La ville étant complexe, nous cherchons des moyens pour la rendre "trouvable" et familière, ce que les anglais abordent notamment sous la notion d'ambient findability, pour décrypter les évolutions de la mobilité et être au fait de l'intelligence collective qui se dessine devant nos yeux. Il a été ainsi possible d'identifier quatre grands défis que sont la mobilité libre et durable, la ville complexe et familière, le cinquième écran et la ville participative.

L'une des principales problématiques étant de savoir comment mettre à profit les technologies pour nous aider à nous déplacer plus intelligemment. Le système de co-voiturage a par exemple tout à gagner par l'apparition et le développement de la commande à distance, dans un contexte où l'on n'utilise que 5% du temps de vie de son véhicule, ce qui est une aberration.

Cela passe non seulement par la généralisation des plates-formes mobiles mais également de nouvelles fonctionnalités avec la mise en place de véritables places de marché de mobilité, permettant à chaque individu de devenir contributeur d'un service et élément du dispositif du dispositif d'information.

En quoi la notion de ville 2.0 se rapproche-t-elle de celle du Web 2.0 ?

A l'image de ce qui se passe avec le Web 2.0 où les individus partagent des contenus, dans la ville 2.0, ils sont amenés ici à partager des services. Cela étant rendu possible notamment avec l'essor des terminaux mobiles GPS, autrefois embarqué uniquement dans les véhicules personnels et qui se glissent désormais dans les poches. Et ce sont précisément ce type de technologies qui doivent être au service d'une mobilité libre et durable.

"On observe un glissement des pratiques du Web 2.0 vers la ville 2.0"

Le modèle Web 2.0, tel qu'on le connaît aujourd'hui au travers des réseaux sociaux, des portails d'agrégation d'informations comme Netvibes, des lecteurs de flux RSS et de widgets, va petit à petit être déporté vers la ville 2.0 où l'information s'organise tout autour de l'individu. L'individu devient partie prenante du dispositif média avec un glissement progressif des pratiques Web 2.0.

La notion de cinquième écran abordée dans le chantier de la ville 2.0 renvoie d'ailleurs à l'extension urbaine des terminaux, après les écrans de cinéma, de télévision, d'ordinateur et de plates-formes mobiles, que ces dernières prennent la forme de téléphones portables, d'assistants personnels ou de consoles de jeux. Cette infrastructure urbaine de terminaux se matérialise dans des endroits aussi variés que les espaces publics, la rue, ou encore les centres commerciaux.

Alors que nous étions hier dans une démarche de broadcasting, on passe aujourd'hui à celle d'egocasting où l'information s'organise tout autour de l'individu et de ses attentes, l'information devenant de fait de plus en plus personnalisée.

Quels sont les éventuels freins au développement de la ville 2.0 ?

Les freins au développement de la ville 2.0 ne sont pas à aller chercher du côté des technologies qui existent et sont en place dans un nombre de plus en plus important de pays, avec les cartes sans contact comme Octopus à Hong-Kong, Navigo en France, mais également les systèmes de communication publicitaire RFID Ubiquitous Project expérimentés à Tokyo au début de l'année.

 
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La volonté des acteurs à les pérenniser et à élaborer les modèles économiques à même de les faire vivre est un frein. L'un des grands enjeux étant de mettre en place une écologie informationnelle de la ville en étant capable de gérer l'infobésité, canaliser la surinformation pour la rendre efficiente, pertinente et donner des moyens supplémentaires d'instaurer des dialogues entre citadins.

Bruno Marzloff, sociologue, est directeur du Groupe Chronos, observatoire des enjeux liés à la chronomobilité et auteur de plusieurs ouvrages sur la mobilité, dont Transit, les lieux et les temps de la mobilité ainsi que Mobilités, trajectoires fluides.

 


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