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Interview
 
05/02/2008

Alain Le Hégarat (Microsoft) : "La virtualisation d'applications n'est pas une vue de l'esprit"

Le point sur l'offre virtualisation de Microsoft, à l'occasion du rachat de Calista et de la signature d'un partenariat avec Citrix. Ambitieux, Microsoft veut jouer sur tous les terrains.
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Alain Le Hégarat (Microsoft)
 
 

Responsable marketing Windows Server Systems

 

JDN Solutions. Vous venez de racheter Calista. Comment cette société complète-t-elle l'offre Microsoft en matière de virtualisation ?

Alain Le Hégarat. C'est une société spécialisée dans le graphisme 3D, et plus spécifiquement dans ce que nous appelons la virtualisation de présentation. La virtualisation de présentation consiste à faire exécuter des applications sur une ferme de serveurs et d'en déporter l'interface vers des clients légers. Mais dès lors qu'on parle de déport d'interface, il faut imaginer que cette solution va consommer beaucoup de ressources, d'autant plus si vous réalisez des calculs 3D ou du travail sur des interfaces graphiques évoluées. C'est vraiment un point que nous n'avions pas développé chez Microsoft sur notre produit Terminal Server, et qui vient donc idéalement compléter notre offre.

Dans le cas d'un mode opératoire normal, une application s'exécute en local, demande des services éventuellement à des serveurs distants, mais utilise avant tout les ressources et le système de votre poste physique. Le problème de ce modèle pour un directeur informatique, c'est qu'il le force à maintenir un parc applicatif à jour sur le poste de travail, et cette tâche peut représenter un investissement conséquent. Plutôt que de déployer les applications sur le poste de travail, nous proposons de les déployer sur serveur, de les exécuter, puis d'afficher à l'utilisateur son interface de travail sur son poste. Mais c'est le serveur qui déporte cette interface vers les postes de travail.

Qu'est-ce que la virtualisation de présentation change pour l'entreprise ?

Pour l'utilisateur, cela ne change rien, sauf que pour l'administrateur les tâches de maintenance sont réellement simplifiées. L'inconvénient de ce modèle toutefois, c'est la dépendance vis à vis du réseau qu'il implique. En effet sans réseau, plus d'applications. Et même si vous réalisez des économies sur la supervision du parc, il faut prendre en compte le fait d'être obligé de sur-investir dans les serveurs de manière à délivrer correctement les services aux clients légers. Les deux modèles ayant des avantages et des inconvénients, les entreprises opteront certainement pour un mélange des deux, en fonction des applications.

"Nous nous dirigeons vers un marché dominé par les postes clients légers"

Ce rachat joue un rôle important dans un autre cas, celui de la virtualisation du poste de travail. En effet, depuis des années les analystes l'annonce : nous nous dirigeons vers un environnement de travail en clients légers, c'est à dire un simple terminal doté d'un écran, un clavier et une souris, bref uniquement des éléments passifs. Avec le rachat de Calista, cela signifie que nos clients pourront faire s'exécuter Windows Vista sur un serveur et déporter l'interface graphique sur les postes clients tout en ayant un niveau de performance adéquat.

Pouvez-vous présenter l'offre Microsoft en terme de virtualisation aujourd'hui ?

Notre stratégie virtualisation porte sur 5 axes différents. Le premier concerne l'infrastructure. Si vous voulez virtualiser le système d'information, il faut des outils pour créer des machines virtuelles, chez nous des outils comme Virtual PC, Virtual Server ou Hyper V. Si je prend l'exemple de Virtual Server, cet outil est téléchargeable gratuitement pour les clients titulaires d'une licence Windows Server 2003.

Le deuxième axe concerne la virtualisation d'application. Dans ce domaine, nous cherchons à isoler les applications les unes des autres pour faire cohabiter par exemple deux versions d'un logiciel sur une même machine. Pour le client, c'est la garantie de pouvoir maintenir et migrer quand il le souhaite ses anciennes applications. Nous avons une offre, baptisée Softgrid, qui découle de l'acquisition de la société Softricity.

Avec ce logiciel, vous allez pouvoir diffuser des applications à la demande sur le réseau de l'entreprise. Et si Softricity s'aperçoit lors de la diffusion d'applications que celle-ci n'est pas présente sur une machine cible, il est capable de la télécharger et de l'installer. Enfin , dans un autre scénario, Terminal Server va servir à exécuter l'application sur un serveur et à en déporter l'interface sur le poste client.

Disposez-vous d'outils de suivi et de pilotage des environnements virtuels ?

Oui, il s'agit de notre 3e axe, à savoir les outils de management. Depuis 8 ans, nous disposons de l'offre System Center, qui est un outil d'administration pour superviser l'intégralité du parc Windows. En novembre dernier, nous avons enrichi cette offre avec des outils qui permettent de piloter les systèmes virtuels de la même façon que des systèmes physiques. Cela permet d'imaginer des scénarios où l'administrateur va regarder si toutes les machines virtuelles fonctionnent bien dans une machine physique, puis voir si toutes les applications fonctionnent bien sur ces machines virtuelles. Ensuite, via System Center il est possible de copier l'application pour accélérer sa disponibilité si elle se trouve très sollicitée.

Qu'en est-il de votre stratégie en matière d'interopérabilité ?

"Nous avons besoin d'être interopérables avec les autres offres de virtualisation du marché"

Dans le domaine de la virtualisation, nous sommes plutôt des challengers sur certains domaines, des leaders sur d'autres. Nous avons donc besoin d'être interopérables avec les autres offres du marché. C'est pourquoi nous avons signé avec Novell en novembre 2006 un accord de partenariat croisé qui, dans le domaine de la virtualisation, garantit deux choses. Tout d'abord, l'interopérabilité entre Suse et Windows, et ensuite l'interopérabilité entre nos outils de supervision.

Suse entreprise utilise par exemple l'hyperviseur Xen. Concrètement, si vous installez des machines virtuelles qui fonctionnent sur un noyau Xen, vous pouvez les déplacer vers un noyau Hyper V. Nous travaillons aussi sur la convergence des formats de machines virtuelles. Nous nous assurons par exemple que si vous utilisez Suse sur Hyper V, cela va fonctionner de manière native avec si besoin une prise en charge coté client en cas d'incident.

Et à quoi correspond votre accord de coopération avec Citrix en matière de virtualisation ?

Nous avons annoncé la même chose avec Citrix depuis le moment où ils ont annoncé le rachat de Xen. Mais nos deux sociétés coopèrent depuis plus de 18 ans, ce n'est pas nouveau. L'accord annoncé va permettre d'enrichir nos solutions de virtualisation de présentation avec la solution Presentation Server de Citrix. Nous allons aussi enrichir ce que nous offrons en standard dans le système d'exploitation.

Par ailleurs, nous travaillons sur l'interopérabilité entre notre hyperviseur Hyper V et Xen Server, mais aussi au niveau de la console de management pour permettre à System Center de piloter ses environnements Virtual Server, Hyper V et Xen Server. Enfin, nous allons travailler à rapprocher Xen Desktop et Windows Server 2008, de manière à accélérer les projets de déploiement de la virtualisation de poste de travail.

Et vous avez signé aussi un accord de coopération avec Sun. Pour quelles raisons ?

Cet accord va permettre à Sun Microsystems d'être distributeur des produits Windows Server 2003 et Windows Server 2008. Solaris quant à lui sera un système d'exploitation invité nativement sur Hyper V. Un autre point qui mérite d'être souligné : nos spécifications d'hyperviseur sont publiées et Microsoft a pris l'engagement à long terme de maintenir ces informations gratuites et ouvertes. C'est aussi vrai pour les API de l'hyperviseur. Cela signifie que n'importe quel système d'exploitation peut réaliser des extensions sur Hyper V.

Mais vous n'avez pas signé d'accord d'interopérabilité avec Vmware. Pourquoi ?

Xen et Hyper V étaient relativement proches en terme de technologies utilisées, ce qui facilitait le rapprochement. La souche Vmware est une technologie plus éloignée de ce modèle.

Quel est votre dernier axe de travail sur la virtualisation ?

"Nos clients ont la possibilité d'installer 4 licences virtuelles sur une seule machine physique"

Depuis plusieurs années maintenant, nous avons changé nos accords de licence de manière à accompagner la migration vers les environnements virtuels. Il faut faire en sorte que cette migration soit économique pour les clients. Avant 2005, nous facturions une licence par utilisateur et par OS installé. A partir de 2005, nous avons changé cela pour ne compter que les instances installées et utilisées en mémoire. Désormais, pour simplifier le processus, nous considérons que le client a le droit gratuitement à 4 licences virtuelles pour une seule machine physique sans rajouter de frais supplémentaires.

En 2006, nous avons introduit sur l'édition Windows Server 2003 datacenter la possibilité d'installer un nombre illimité de machines virtuelles sur une même machine physique sans être redevable de licences. Dans la même démarche, si vous faites l'acquisition de SQL Server, vous pouvez monter un nombre illimité de machines virtuelles sans que cela ne soit facturé.

D'ailleurs, l'une de nos annonces récentes concernait la révision du modèle de licence de Vista. Jusqu'à présent, vous ne pouviez virtualiser que les éditions Ultimate et Enterprise de Vista, alors que maintenant tout est virtualisable. L'autre élément que nous avons introduit s'appelle la licence VECD. Cette licence est un peu plus chère, mais elle permet d'installer Vista sur un poste de travail et en même temps de l'installer par le biais d'une machine virtuelle sur un serveur.

Quel est pour Microsoft l'avenir du marché de la virtualisation à moyen terme ?

 
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La consolidation de serveur est aujourd'hui une tendance forte de l'industrie. D'après les chiffres des cabinets d'études, environ 5% des serveurs x86 étaient virtualisés fin 2007. A l'horizon des 3 ans, 40 à 50% de ces serveurs seront virtualisés. Mais c'est un marché qui est en devenir, et qui ne s'est pas encore pleinement concrétisé. Le deuxième scénario, à savoir la virtualisation d'application, nous l'avons mis à notre catalogue et en l'espace de 11 mois, nous avons signé 3 millions d'utilisateurs. Ce n'est pas une vue de l'esprit, c'est ce que propose Citrix depuis des années.

Enfin, la virtualisation de poste client est peut être le domaine de la virtualisation le moins mature. Il devrait se concrétiser d'ici 2 à 3 ans.



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