Le GPS pour professionnel arrive

Produit phare des ventes d'appareils high-tech depuis deux ans, le GPS embarqué dans les véhicules s'installe peu à peu chez les utilisateurs. Au point que conducteurs occasionnels comme professionnels de la route utilisent de plus en plus ce produit comme une assurance pour arriver à bon port.

"Ce n'est en aucun cas un palliatif à une conduite attentive" prévient Benjamin Graham, responsable développement chez Takara Multimedia. Certes, le GPS remplace avantageusement les cartes routières en papier, mais des limites techniques rendent son utilisation prudente, pour les professionnels plus encore que pour les conducteurs classiques.

"Les professionnels de la route utilisent souvent un matériel qui n'est pas adapté au gabarit de leurs véhicules" explique t-on à la Prévention Routière. Cette association loi 1901, reconnu d'utilité publique en 1955, a pour but d'étudier et de mettre en œuvre les mesures et d'encourager les initiatives propres à réduire la fréquence et la gravité des accidents de la circulation routière. Dans ce contexte, la municipalité de St Hilary au Pays de Galles vient de mettre en place des panneaux de signalisation particuliers qui avertissent que dans la commune, les routiers doivent suivre un itinéraire spécifique et ne surtout pas se fier à leur GPS, au risque de se retrouver coincé sur des routes hors gabarit.

"Il n'y a pas de solution professionnelle qui réponde aux besoins des routiers" note à ce propos Christophe Ramond, chargé d'étude à la Prévention Routière. Même discours chez Takara Multimedia, qui fabrique des GPS pour le grand public mais prévoit de lancer en mars 2008 un modèle destiné aux routiers et aux conducteurs de cars. "Les GPS pour les professionnels sont disponibles en option sur des camions neuf mais il existe pas d'équipement autonome que l'on peut mettre sur son véhicule". Takara prépare donc le lancement d'un produit spécifique pour les professionnels de la route que chaque conducteur pourra positionner sur son véhicule. Et les caractéristiques de ce type de produit sont en effet très différentes de celles que l'on trouve habituellement sur les GPS classiques.

Attribut camion

Ce GPS sera équipé d'un écran 7 pouces à la dimension 16/9 ème. Ces dimensions devraient permettre de visualiser de grandes distances sur l'écran pour aider les routiers à tracer leur itinéraire. L'équipement devrait être complété d'une entrée vidéo de manière à y brancher une caméra de recul. Côté technologie, les GPS sont en passe de devenir de véritables systèmes informatiques embarqués multi taches. C'est la raison pour laquelle Takara a décidé d'équiper son futur GPS professionnel d'un OS Linux en lieu et place de Windows CE qu'elle utilise habituellement.

Mais l'intérêt de ce type de GPS porte surtout sur les cartes disponibles à bord. Ces cartes, dites "attribut camion", signalent tout ce qui est nécessaire pour les routiers, à savoir, la hauteur des ponts, la largeur des routes et les parcours interdits. Pour l'heure, ce marché n'intéresse que quelques acteurs. TéléAtlas, propose des cartes "Trucks" sur les principales routes des Etats-Unis et du Canada alors que Navteq focalise lui sur la France, de la départementale aux autoroutes grâce à Autodistribution.

Mais même avec ce type de GPS, l'actualisation des données est une chose souvent oubliée par l'utilisateur. "Tous les systèmes ont besoin de mise à jour des cartes" explique Christophe Ramond. On peut faire le parallèle avec la mise à jour d'un logiciel contre des failles de sécurité à l'aide d'un patch. Les mises à jour de cartes servent à donner de nouvelles indications quant aux sens de circulations, aux nouveaux axes, aux itinéraires dangereux. Sans cet élément essentiel, le GPS peut devenir un appareil à l'usage périlleux, surtout si on lui fait une confiance aveugle.

L'autre limite du GPS que concèdent les spécialistes, c'est l'attrait immodéré qu'exerce son écran sur le conducteur. En effet, il est très risqué de consulter la carte et de régler le GPS pendant que l'on conduit. Une étude de 2006 indique à ce propos que les cartes routières classiques sont bien moins dangereuses que les GPS qui sont réglés en cours de route. Un comportement que dénonce la Prévention routière. Elle insiste en revanche sur l'utilité de l'assistance auditive à la conduite, avec des signaux sonores qui indiquent les directions à prendre.

"Notre recommandation s'est de ne pas regarder le GPS, mais de suivre les instructions vocales. Le GPS n'apporte pas d'indication visuelle intéressante" mentionne Christophe Ramond. Les constructeurs travaillent pour cela à une amélioration constante de l'aide vocale que fournit le GPS, en améliorant le timing des phrases de conseil, ou encore en optimisant la sonorisation du véhicule de manière à permettre une réception idéale par l'utilisateur.