ANALYSE
 
27/09/2007

Le Wimax mobile attire les grands acteurs des télécoms

Constructeurs , équipementiers ou opérateurs : tous ont un oeil sur le Wimax. Concurrent de la 4G, le Wimax mobile fait valoir ses atouts. Le rapport débit /coût pourrait aussi séduire les pays émergents.
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L'initiative Wimax et son consortium, le Wimax Forum, existent depuis juin 2001. Soutenu par des industriels comme Intel ou Alvarion, le Wimax est une norme réseau entièrement IP, normalisée par l'IEEE sous l'appellation 802.16, qui propose des débits de 70 Mbits théoriques pour une portée d'émission de plusieurs dizaines de kilomètres.

Si la technologie a d'abord été annoncée comme une solution idéale pour couvrir en France les zones blanches de l'Internet, c'est-à-dire l'ensemble de la population française aujourd'hui non raccordée à l'ADSL, cette technologie évolue aujourd'hui vers un usage urbain de mobilité, en opposition avec les réseaux GSM, GPRS et UMTS des opérateurs télécoms.

"Le Wimax est une technologie qui fait partie des applications de la Boucle Locale Radio ou BLR. Avant le Wimax, d'autres technologies de BLR ont été lancées mais sans succès. Le Wimax peut réussir là où les autres ont échoué grâce à des soutiens industriels forts, des tests d'interopérabilité poussés visant la compatibilité entre les fondeurs de puces et les constructeurs de matériels, et en s'appuyant sur des normes IEEE, ou les travaux de l'European Telecommunications Standard Institute : l'ETSI", explique Cyril Maillet, consultant en charge de la thématique réseau et télécom chez Arcome – Groupe Solucom.

Le Wimax a également pour lui plusieurs atouts dus à la technologie. Il est capable de gérer des liaisons point-à-point ou d'émettre dans toutes les directions. Il peut couvrir aussi bien des besoins en intérieur qu'en extérieur et s'adapter à des situations nomades ou fixes donc. Enfin, il s'appuie sur des algorithmes de réseau modernes : modulation OFDM pour émettre un signal avec plusieurs sous fréquences et améliorer ainsi la qualité, et MIMO pour recevoir et émettre en parallèle plusieurs signaux.

Un marché de niche : celui de l'accès Internet, mais un avenir possible sur les solutions nomades

Malgré les intérêts évidents de cette technologie, son déploiement n'a pas été fulgurant en France. L'offre, tout d'abord a eu du mal à se structurer. Seul Altitude Telecom disposait jusqu'en 2006 des licences nécessaires pour exploiter la bande de fréquence des 3,5 Ghz, utilisée par le Wimax. Depuis, un appel d'offres national a été lancé pour ouvrir cette bande de fréquence, et des acteurs comme Bolloré, Illiad ou encore SHD (SFR).

Reste plusieurs freins à lever, en premier lieu celui du prix de la technologie. "Au niveau du prix, il faut différencier les équipements réseaux qui sont des stations de base, les antennes qui vont couvrir une zone géographique pour 30 000 euros, ce qui est nettement inférieur à la 3G, et ensuite l'équipement client puisqu'il faut un terminal d'accès pour en bénéficier. Un modem Wimax coûte entre 300 et 400 euros, contre 50 et 100 euros pour un boîtier ADSL", relève Cyril Maillet.

Or, ce prix s'avère trop élevé quand on sait que les débits du Wimax sont partagés sur une même zone, et ne peuvent donc offrir un rapport qualité / prix intéressant face aux offres ADSL. En revanche, en misant sur l'interopérabilité des équipements, le Wimax Forum essaie de toucher un marché de masse pour pouvoir faire baisser le coût de revient des produits. Cependant, la clé de son succès consistera à trouver ses premiers gros clients.

"Le Wimax version entreprise est un marché de niche. Le futur du Wimax ne passera pas par ce marché là. Un des phénomènes qui a fait prendre du retard au Wimax, était de vouloir rendre la technologie nomade, c'est-à-dire de pouvoir se déplacer avec un terminal client et proposer des services pour se reconnecter sur d'autres stations en déplacement. Aujourd'hui, la norme 802.16e permet de faire cela, mais les licences de l'Arcep ne l'autorise pas encore en France", indique Fabrice Ballart, Directeur Général Infrastructure d'Altitude Telecom.

En 2006, l'opérateur américain Sprint a confirmé par exemple qu'il utiliserait le Wimax pour réaliser ses futurs réseaux 4G en 2009. Il a été suivi en 2007 par AT&T, qui prévoit de lancer un réseau Wimax d'envergure nationale en partenariat avec Clearwire. Intel, lui, prévoit d'intégrer le Wimax dans ses puces Centrino pour PC portable dès 2008.

Les pays émergents attirés par le rapport haut débit / coût du Wimax

Côté constructeurs, Samsung, Motorola ou Nokia s'intéressent de près aux développements de téléphones compatibles Wimax. Samsung est également engagé en Corée du Sud pour le développement du Wibro, un norme réseau très proche du Wimax mais utilisant d'autres bandes de fréquence. En France, Alcatel Lucent a signé un contrat avec Kyocera pour mettre au point des solutions de bout en bout Wimax. ITT et une filiale de Nortel ont réalisé un partenariat similaire.

Dans les pays émergents, le Wimax pourrait aussi se développer sans le poids des réseaux GSM existants. Au Pakistan, l'opérateur mobile Mobilink a choisi de déployer le Wimax en complément au GSM pour couvrir le pays en solutions haut débit mobile. L'Inde, la Chine et le Brésil ont également attribué des licences autour des bandes de fréquence 2,5 et 3,5 Ghz.

Les avantages du Wimax sont multiples par rapport à la 3G. "Les opérateurs télécoms pourront mutualiser leur infrastructure IP pour les services mobiles. Les usages du haut débit, comme souvent, seront créés par les utilisateurs", note Cyril Maillet.

"Les opérateurs s'accordent à dire que la 4G sera à base de technologie Wimax. Elle va supplanter la technologie UMTS car les débits proposés sont supérieurs, pour un coût moindre. De plus, le Wimax a l'avantage d'être une technologie nativement IP. La seule limite concerne la bande de fréquence utilisée. Mais il n'est pas du tout exclu à l'avenir que l'on puisse utiliser les spectres des opérateurs mobiles, soit entre 900 et 1800 Mhz, ce qui permettrait de renforcer le signal en intérieur au détriment du débit", complète Fabrice Ballart.

 
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Le développement de ce marché pourrait alors relancer l'Internet haut débit Wimax en zone urbaine, la technologie étant alors suffisamment rentable pour être utilisée aussi bien chez le grand public que pour les professionnels. Sur ce marché, Altitude Telecom a déployé un premier projet pour la ville de Rouen qui vise à déployer 100 stations de base pour couvrir la ville en Wimax. Mais le Wimax, comme la convergence IP et fixe / mobile vient bousculer les rapports établis. Tout le monde attaque le même marché, mais sans disposer de toutes les compétences nécessaires toutefois.

"Les opérateurs fixes y voient un intérêt pour étendre leurs couvertures, car il n'y a pas de dégroupage nécessaire, et il permet d'étendre leurs services fixes vers des solutions nomades. Les opérateurs mobiles voient la possibilité d'offrir de nouveaux services complémentaires à leur offre 2G/3G. C'est aussi pour eux un moyen de rentrer dans le monde des opérateurs fixes. Les conditions attractives des licences, associées à la mise à disposition de nouveaux spectres, attirent également des nouveaux entrants", conclut Bruno Potdevin, directeur du développement des activités Wimax d'Alcatel-Lucent.

 


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