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Analyse
 
06/02/2008

Mandriva à la conquête de la cible entreprise

L'offre de l'éditeur évolue, incluant désormais l'authentification, la gestion de parc et la formation. Une manière de se diversifier et de trouver sa place sur le marché professionnel, entre Debian et Red Hat.
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Mandriva, ex-Mandrakesoft, continue d'opérer en douceur son revirement du grand public vers l'entreprise. Après avoir sorti en 2006 le produit Pulse, d'aide à la gestion de parc informatique, il se tourne définitivement vers les solutions d'entreprise en proposant de la formation Linux, plus de service et des solutions d'authentification et de gestion des utilisateurs.

Une stratégie qui, en tout cas, lui a permis d'enrayer l'hémorragie constatée ces deux dernières années. En effet, après une saison 2004-2005 de bonne augure, Mandriva avait finalement replongé dans la décroissance et publié dans le même temps des pertes annuelles. Au dernier trimestre 2007, l'éditeur semble avoir tiré un trait sur ce passage à vide, affichant un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros (contre 1,25 l'année dernière à la même période, et 1,15 million d'euros le trimestre précédent).

Une bonne performance qui ne lui permet pas toutefois de corriger la tendance, puisque - sur 15 mois - Mandriva atteint seulement 5,77 millions d'euros de chiffre d'affaires, ce qui laisse cependant entrevoir des possibilités de développement pour la suite. Sa gamme de produit entreprise est désormais composée de 4 produits : une distribution orientée serveur (Corporate Server 4), une distribution orientée poste de travail (Corporate Desktop 4), et deux solutions de gestion de parcs hétérogènes (Pulse 2 et Mandriva Directory Server).

Issu du rachat de Linbox en mai dernier, et de celui de Connectiva en 2005, la gamme de produit serveur s'étoffe donc peu à peu. «Aujourd'hui Pulse 2 couvre la partie télédéploiement à distance et installation sur des grands parcs. Cet outil permet l'installation de distributions Linux basée sur RPM. Linbox LRS a également été conservé pour de la gestion de parc de moindre taille. Il permet de faire des images façon Ghost, de la sauvegarde de fichiers sur disque, de l'inventaire, de la prise en main à distance et du télédéploiement», indique Sébastien Lefebvre, vice-président produit et service entreprise Mandriva.

Pulse 2 déployé sur des parcs de 90 000 machines, laisse entrevoir un marché en dehors de Linux pour Mandriva

Concrètement, Linbox LRS s'adresse à des parcs de machines de moins de 5 000 postes pour le moment, alors que Pulse 2, dans sa nouvelle version, est en cours de déploiement sur un parc de 90 000 machines. L'objectif de ces produits étant d'offrir une solution automatisée aux entreprises pour gérer des parcs de machines hétérogènes. Une manière d'accepter la cohabitation, après des années d'attente infructueuse de migrations massives vers Linux.

Mais au-delà de la gestion de parc, Mandriva veut aller plus loin avec son produit Directory Server, et mise désormais sur l'argument de la sécurité pour favoriser les déploiements de ses solutions Linux en entreprise. Déjà attiré par la fiabilité du noyau, son étanchéité et le peu de virus présents sur cette plate-forme. Ce serveur d'authentification, comparable à Active Directory, gère également des parcs hétérogènes de PC (Mac, Linux ou Windows) et permet de définir et d'appliquer une politique de sécurité globale.

«L'idée est de pouvoir définir une politique de sécurité des mots de passe, de pouvoir par exemple inhiber les ports USB sur les postes de travail du département étude. C'est avant tout un gestionnaire de compte utilisateur, mais dont le but est de s'éloigner le plus possible de la ligne de commande. Il est basé sur une interface Web, avec des facilités Ajax pour la gestion de comptes. L'idée étant de simplifier la vie de l'exploitant en lui proposant des raccourcis, de l'auto-complétion de champs...», ajoute Sébastien Lefebvre.

 

Copie d'écran de Mandriva Directory Server
 
Copie d'écran de Directory Server © Mandriva
 

 

Gestion des utilisateurs, de leurs droits, mais aussi du parc : Mandriva complète ainsi son offre en matière d'infrastructure et se retrouve avec une gamme de produits comparable à celle de Novell par exemple avec eDirectory (serveur d'authentification), ZenWorks (gestion de parc) et SuSE Enterprise Server (distribution Linux).

«Il ne suffit pas pour adopter Linux que la distribution soit de bonne qualité. Il faut aussi des outils pour faciliter cette migration, y compris de la formation et du service. Or aujourd'hui, il ne faut pas se leurrer, sur le marché de la distribution Linux serveur, c'est Red Hat le numéro un, et ensuite Debian. Mandriva doit trouver sa place, et notre positionnement consiste à dire que Corporate Server 5, qui sera la prochaine version à sortir, est la meilleure version de Linux pour remplacer un contrôleur de domaine Windows», poursuit Sébastien Lefebvre.

Pour se distinguer Mandriva essaie donc de mieux communiquer sur les applications possibles de sa distribution et les configurations à opter. Car aujourd'hui, la réalité du marché les rattrape et les éditeurs tiers préfèrent faire fonctionner leurs logiciels sous Red Hat que sur Mandriva. Plutôt que de faire un effort humain et financier important pour changer la donne, la distribution se spécialise par métier, et dresse des partenariats pour les domaines qu'elle n'adresse pas elle-même, comme la virtualisation (Vmware, Xen, OpenVC).

Formation et services autour de Linux pour se diversifier, mais aussi pour se faire reconnaître auprès des entreprises

Enfin, l'activité formation et services permet à la société de se diversifier et de générer des profits en attendant que son activité principale d'éditeur ne se développe. Agréée centre de formation LPI (Linux Professionnal Institute), Mandriva peut dispenser des formations Linux, pas seulement sur ses produits. L'entreprise mise notamment sur sa notoriété et sa légitimité (10 ans d'expérience sur Linux) pour espérer devenir en France le premier centre de formation autour du système d'exploitation libre.

Mais Mandriva pêche toujours un peu dans ses relations avec les sociétés de services. L'éditeur a obtenu des contrats avec C&S, Atos Origin, Capgemini ou Bull pour pousser leur offre concernant les clients grands comptes. Mais les SSLL et autres éditeurs français ne sont pas encore prescripteur des logiciels Mandriva auprès des entreprises. Un état de fait qui s'explique notamment par la maturité tardive de l'activité professionnelle chez l'éditeur Open Source.

 
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Sur la partie contribution et relations avec les développeurs indépendants, Mandriva essaie également d'encourager les participations externes autour de ses produits. «Avec Pulse 2 et Mandriva Directory Server, nous allons lancer une Forge pour permettre aux utilisateurs de contribuer sur la partie astuces. Nous mettons un site et la technologie à disposition, ce qui en fait une bibliothèque de référence pour contribuer et améliorer les choses», note le vice-président produit et service entreprise Mandriva.

Et pour éviter de se disperser, Mandriva se concentre pour le moment sur ces 4 produits phares, et sur le marché français. Plutôt que de s'implanter à l'étranger, il dresse des partenariats locaux (hormis pour le Brésil avec sa filiale Connectiva). Aujourd'hui en Corée du Sud, Pologne, Russie et au Brésil, l'offre entreprise peut être commercialisée. Reste à vérifier dans la durée si la nouvelle recette trouve son public.

 



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