Novell ciblé par une OPA hostile de 2 milliards de dollars

L'éditeur de SuSE Linux et principal sponsor d'OpenSuse est attaqué par le fonds Elliott Associates. La marge de manoeuvre du directoire de Novell reste plus étroite que jamais.

+29%. C'est le bond qu'a fait l'action Novell cotée au Nasdaq après l'annonce du fonds Elliott Associates de s'emparer de l'éditeur emblématique de l'univers applicatif Open Source via une OPA. La proposition de rachat, hostile et non sollicitée, a reçu un accueil glacial du directoire de Novell.

Concrètement, le fonds américain - qui disposait jusqu'alors de 8,5% des parts de l'éditeur - a proposé le 2 mars aux actionnaires de Novell de racheter leurs actions à un prix supérieur de 21% par rapport à la dernière cotation en bourse.

Une opération valorisant ainsi le titre à 5,75 dollars contre 4,75 dollars précédemment. Un titre qui a depuis pulvérisé la barre des 6 dollars suite au vent de folie qui a parcouru les marchés. Si la hausse se poursuit, Elliott devrait en fait être contraint à relever son offre pour coller à la nouvelle réalité du cours de bourse et séduire les actionnaires de Novell.

En situation financière très fragile, Novell a bien peu de cartes à abattre pour s'en sortir seul

Un geste que le fonds peut se permettre, ce dernier ayant déjà acquis la confiance des marchés avec de multiples opérations de ce type qui l'amène à gérer aujourd'hui la bagatelle de 16 milliards de dollars d'actifs dans son portefeuille.   

Pratiquement sûr de son coup, Elliott Associates n'a d'ailleurs pas manqué dans un communiqué de pointer du doigt les acquisitions et autres décisions stratégiques "infructueuses" prises par l'éditeur qui ont, selon lui, porter atteinte aux intérêts de ses actionnaires.

Etudiant sous tous les angles l'offre de rachat avec l'appui de ses conseillers financiers JP Morgan et juridiques (Skadden, Arps, Slate, Meagher et Flom LLP), le directoire de Novell n'a en réalité qu'une marge de manœuvre réduite. Tout d'abord, il est dans une situation financière extrêmement fragile.

Bien qu'ayant annoncé un résultat net en hausse de 50% (à 21 millions de dollars) lors de la publication de ses résultats du premier trimestre 2010, son chiffre d'affaires est ressorti de son côté en baisse de 6% à 202 millions de dollars.

En 2009, le résultat net de Novell a plongé dans le rouge à -212,7 millions de dollars

Son bilan 2009 a été pire avec un chiffre d'affaires qui a reculé de 10% à 862,2 millions de dollars et un résultat net qui s'est dangereusement enfoncé dans le rouge en passant de -8,75 à -212,74 millions de dollars.

Novell peut en outre difficilement compter sur l'aide d'un chevalier blanc qui renchérirait sur l'offre d'Elliott Associates en ces temps de crise. Où l'on se rappelle que même l'Etat américain n'avait pas hésité à laisser tomber comme de vieilles chaussettes de puissants colosses bancaires aux pieds d'argile, Lehman Brothers en tête. La faillite de Nortel ayant fait de son côté office de caisse de résonnance dans le monde IT (lire notre article du 15/01/2009).

L'éditeur Open Source apparaît donc bien isolé et particulièrement désarmé pour résister à la tempête boursière qui s'annonce. Sachant que si le fonds d'investissement l'emporte, nul doute que ce dernier n'hésitera pas à vendre aux plus offrants les actifs stratégiques de Novell (OS, outil de virtualisation, messagerie et bureautique...). Novell connaîtra-t-il le même destin que Nortel ?