La télévision interactive,
une réelle opportunité
pour les professionnels du Web
Par Xavière
Tallent,
directrice générale de Wunderman Interactive
-
Mercredi 29 mai 2002 -
La
Tvi (re-)devient un sujet à la mode, relancé par les débats houleux
sur la TNT (Télévision numérique terrestre) en qui les acteurs
du satellite et du câble voient une concurrence "déloyale".
Pourtant, seule la TNT semble à même de fournir à la Tvi une audience
suffisante. Et son potentiel est réel, toutes les études
lui promettant un bel avenir : on
comptera 73 millions de foyers équipés
en Europe à l'horizon 2005 (source Idate) et 94% des abonnés
à des télévisions numériques ont recours aux services interactifs
des opérateurs. Mais ces chiffres cachent des disparités certaines
entre les pays : si le marché britannique vit une croissance fulgurante
soutenue par des décisions gouvernementales importantes, le marché
français se développe mais se différencie plus par l'inventivité
dont les opérateurs ont fait preuve. Certains pays ont mis l'accent
sur la diffusion de films à la demande ou l'interaction
avec des programmes télévisuels, alors que d'autres ont d'abord
utilisé la Tvi comme un outil de marketing-communication au service
des marques.
Aux
Etats-Unis, 2 millions de foyers seulement regardent la télé à
partir de leur PC. En parallèle, une nouvelle population est née
: les "télé-nautes", ces internautes qui surfent sur
Internet tout en regardant la télévision afin de trouver des informations
complémentaires sur une émission, un artiste ou pour participer
en direct à un jeu télévisuel via le site Web de la chaîne. En
France, très rares sont les abonnés à la TV numérique prêts à
surfer sur Internet ou envoyer/recevoir des e-mails à partir de
leur poste de télévision. La grande majorité d'entre eux déclare
ne pas avoir de connexion Internet à domicile mais sont très friands
d'interactivité (94% des abonnés ont recours aux services interactifs
des opérateurs).
Influencé
en profondeur par la révolution Internet, le consommateur-acteur
souhaite aujourd'hui aller plus loin dans l'interactivité et s'attend
à pouvoir interagir avec une marque/une entreprise à volonté,
avoir accès à ses produits/services à sa guise. Certaines entreprises
l'ont bien compris pour avoir su développer sur la télévision
interactive des services complémentaires à leur présence on-line
(cybermarchands, brokers, banque
). D'autres ont tiré parti de
fonctionnalités développées sur le Web pour les offrir aux abonnés
Tvi.
Cette
proximité forte entre Internet et la Tvi donne toute légitimité
aux professionnels du Web pour développer des applications de
Tvi. Tout ce que nous avons appris dans la gestion de la relation
interactive et one-to-one avec les internautes peut être transposé
en Tvi. Tous les dispositifs imaginés pour générer du trafic vers
un site Web peuvent être appliqués à un site de Tvi. Un combat
reste à mener, celui de la connaissance de ces abonnés Tvi, dont
le profil et le comportement sont jalousement gardés par les opérateurs
qui souhaitent préserver leur base de clientèle. Pourtant, on
a appris par l'expérience sur Internet que les services qui apportent
de la valeur aux internautes sont ceux qui répondent le plus spécifiquement
possible à leur attente précise à l'instant T. La Tvi n'est pas
encore un outil de marketing relationnel mais est en passe de
le devenir.
Les
acteurs du Web ont su professionnaliser l'Internet, il est maintenant
temps de développer avec succès la Tvi et de repenser le business
model qui lui permettra d'atteindre sa maturité. Et pourtant,
les initiatives en France sont encore timides. Il y a bien quelques
marques qui ont conçu des spots de publicité interactive, développé
des jeux promotionnels, testé le T-commerce, mais trop souvent
de leur seule initiative. Bien sûr, il y a quelques beaux succès
(la chaîne de paris du PMU) mais aussi quelques échecs (tests
de T-commerce non reconduits). Certaines sociétés de service,
notamment dans l'univers bancaire, déploient actuellement une
présence en Tvi afin de parfaire la palette de canaux qu'ils mettent
à la disposition de leur client pour gérer leur compte à distance.
Osons
maintenant et choisissons nos armes Nous avons à notre disposition
plusieurs manières d'aborder la télévision interactive : le T-commerce,
les outils de marketing opérationnel (recrutement, offres d'essai,
échantillonnage), les outils de marketing direct ciblé (tel un
constructeur automobile qui ciblerait les abonnés pour promouvoir
des journées portes ouvertes en local), le média d'exposition
et d'image (sur les services interactifs des opérateurs, sponsoring
de modules interactifs événementiels), le support à l'argumentation,
point de différenciation compétitive dans un écran de publicité,
le canal complémentaire dans une stratégie CRM multi-canale.
Une fois la
stratégie définie, n'oublions pas qu'il convient, comme pour Internet,
de créer de la visibilité et générer du trafic utile : il faut
donc poster l'application interactive dans l'espace interactif
de l'opérateur (canal 33 ou 64), maximiser la visibilité de ce
"site" (magazine de l'opérateur, spot de pub, interstitiels
dans les services interactifs qui drainent l'audience comme les
services météo ou horoscopes) et promouvoir cette présence sur
tous les supports de communication de l'entreprise ou de la marque.
Le marché
de la Tvi est en train de vivre sa révolution. L'Internet a radicalement
bouleversé le contexte économique et culturel des opérateurs et
chaînes de télévision. Les clients, et notamment les jeunes, influencés
par la culture Web, ont une exigence croissante en matière d'interactivité
et de services en ligne. Et à l'inverse, la convergence tant attendue
n'est pas encore là : la TVI c'est avant tout le numérique, les
services mais peu les fonctionnalités qui restent l'apanage de
l'Internet. Ce qui a fait le succès de l'Internet et les business
model doit être repensé C'est maintenant aux agences conseil de
prendre la relève, d'être imaginatives et d'éduquer le client
à ce nouveau canal de communication interactive.
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