L'Internet
des connaissances, c'est le sujet retenu pour les prochaines
rencontres de la société française en réseau d'Autrans
les 8, 9 et 10 janvier prochains. C'est un retour aux
sources. J.C.R.
Licklider, le patron du futur réseau Internet, n'avait-il
pas fixé, à la fin des années 60, comme un des objectifs
premier de la mise en réseau des ordinateurs le partage
des connaissances?
"Exploiter l'information, c'est y apporter -et pas seulement
en recevoir- quelque chose par le simple fait d'être
connecté", affirmait Licklider. Il y a eu le courrier
électronique, puis les news, archie, wais, gopher, le
Web d'aujourd'hui. Demain, le Web sémantique conduira
(grâce aux balises sémantiques ajoutées à l'information)
à une moisson du savoir beaucoup plus efficace que les
moteurs déjà performants d'aujourd'hui.
Mais
si les techniques toujours plus efficaces sont disponibles,
la partie cachée de l'iceberg est "en construction".
On dit dans le jargon que c'est moins une question d'outil
que d'usage. Comment faire comprendre aux personnels
des entreprises que l'on a tous avantage à un plus grand
partage de l'information et que la lutte pour le pouvoir
par la rétention des connaissances n'enrichit pas la
communauté? Comment prendre en compte dans les carrières
le travail de contribution au partage des connaissances?
Comment engendrer la dynamique vertueuse "je donne-je
participe-je reçois"? Comment faire comprendre l'ardente
obligation d'investir dans des nouveaux métiers de haut
niveau, "les e-documentalistes", qui sont des personnes
ressources indispensables au mouvement? Voilà les questions
que je me pose concrètement.
J'ai
travaillé depuis 1992 pour développer le partage des
connaissances sur le réseau sous diverses formes : diffusion
de lettres d'information électroniques, installation
à partir de Washington d'un "gopher" à Sciences-Po Lyon,
qui a hébergé les premières informations de l'administration
française sur le Net, et j'en passe. Et bien, sur cette
route j'ai rencontré plus d'échecs que de succès.
Car
à mon avis on reste encore très dépendant de notre culture
des examens, des concours "chacun pour soi et Dieu pour
tous", entendait-on dans ma jeunesse. Le partage du
savoir ne vient pas naturellement grâce à la disposition
d'outils de plus en plus performants. C'est vraiment
une tâche de longue haleine à laquelle il faut s'atteler
avec ténacité, au risque d'être devancé dans la société
de l'information par d'autre pays plus performants.
Le Japon est dans ce domaine un exemple de référence.
[Bruno.Oudet@imag.fr]
Bruno Oudet se définit
comme "un actif, un agitateur de l'Internet"
: nud UUCP à Tunis (1988), Frognet à l'ambassade de
France à Washington (1992), sensibilisation des pouvoirs
publics (1993), Internet society France (1996), rencontres
d'Autrans (1997), fête de l'Internet (1997)...
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