TRIBUNE 
PAR BERTRAND STEPHANN
"Vidéo à la demande : il faut accélérer la réflexion"
Afin de ne pas réitérer les mêmes erreurs que pour la musique en ligne, le PDG d'Allociné invite les différents acteurs impliqués dans la VoD à agir vite pour mettre en place des offres simples et efficaces.  (25/03/2005)
 
Bertrand Stephann PDG d'Allociné.
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V.O.D. Ces trois lettres font l'objet de débats passionnés et d'âpres négociations entre les professionnels du cinéma, de l'audiovisuel et de l'internet. La "Vidéo On Demand", car c'est d'elle qu'il s'agit, pourrait donner naissance à un marché considérable, dont chacun entend légitimement profiter. Qui ne voit en effet le fantastique potentiel de technologies qui permettent à chacun d'entre nous de choisir librement le film qu'il souhaite voir, où il le souhaite et quand il le souhaite, sans être tributaire de l'espace (devoir se déplacer dans une salle de cinéma ou un magasin de DVD) ou du temps (devoir attendre la programmation du film souhaité, ou bien la réception de sa commande de DVD sur l'Internet). Et, par voie de conséquence, qui ne voudrait sécuriser, sans plus attendre, sa "part du gâteau" ?

L'année 2005 devrait être marquée par des avancées significatives : nous attendons plusieurs initiatives d'envergure de la part des câblo-opérateurs et de chaînes télévisées dites "classiques", mais aussi des fournisseurs d'accès Internet sans oublier les géants de l'informatique et de l'électronique grand public.

Pour autant, il n'existe ni le cadre légal ni le consensus de place permettant le développement d'une offre de VOD légale. Certes, face au développement du piratage, qui serait déjà pratiqué selon le CNC par plus de 3 millions d'internautes français, l'heure est à la prise de conscience. Le dossier VOD a ainsi pris une nouvelle envergure, sous le regard attentif du Ministère de la Culture, et certains points d'achoppements sont en passe d'être réglés, notamment les questions liées au fameux "calendrier des médias.

Mais les négociations interprofessionnelles en cours ne traitent que d'une partie des enjeux. Le développement considérable et anarchique du piratage d'œuvres musicales, et la lenteur de la mise en place d'une offre correcte légale, peuvent utilement nous inciter à accélérer la réflexion. Qu'il nous soit permis de rappeler ici quelques aspects fondamentaux qu'il faudra prendre en compte rapidement, afin d'éviter que la diffusion des œuvres cinématographiques sur Internet ne suive les dérives de leurs homologues musicales.
 
"Il ne faut pas réitérer avec la VOD les mêmes erreurs qu'avec la musique en ligne"
 
Du côté de la technologie et de l'usage tout d'abord. Tenter de cantonner la VOD à l'univers du PC serait une erreur. Une œuvre cinématographique se regarde sur grand écran et si possible avec une qualité sonore digne de ce nom. Cela se vérifie dans les progressions impressionnantes des foyers français en équipements Home Cinema. Le succès de la VOD accompagnera la commercialisation d'appareils adaptés du type média-centers, set-top-boxes, et autres juke-boxes, ainsi que le développement des offres triple play des opérateurs de téléphonie, obligeant à aborder les sujets Internet et TV dans une réflexion unifiée.

Celle-ci est d'autant plus urgente que, pour l'heure, aucun système de contrôle de sûreté n'a fait ses preuves. Comment s'assurer qu'un film diffusé en streaming ou téléchargé ne se répande immédiatement sur les réseaux P2P ? Il est urgent de trouver des réponses adéquates, et si possible compatibles entre elles, afin d'éviter le développement de systèmes de gestion de droits "propriétaires" comme on le voit dans la musique en ligne, avec iTunes/Apple notamment.

Du côté de la distribution ensuite. Il serait souhaitable que les futurs opérateurs de VOD (câblo-opérateurs, bouquets de chaînes , FAI…) adoptent une stratégie de "réseaux ouverts" et non limités à leurs seuls clients ou abonnés respectifs,. Internet est un système ouvert par nature. Cette caractéristique permettra d'atteindre un public le plus large possible, et donc d'assurer la meilleure rétribution des ayants droits en restant compatible avec une politique tarifaire attractive. Plus l'offre sera attractive, plus la VOD constituera une force d'opposition réelle au piratage. Qui en effet prendra des risques inutiles, si il peut avoir accès légalement à un titre pour 2 ou 3 euros seulement ?

Du côté des éditeurs, enfin : les marchés du film, de la diffusion TV, du DVD et de la VOD sont complémentaires et doivent être perçus comme tels. Les craintes des éditeurs sont grandes, car la VOD pourrait constituer pour eux la perte du contrôle de la distribution d'une œuvre. Sauf s'ils deviennent eux-mêmes des opérateurs de VOD efficaces. Or, mettre en place une offre de VOD adaptée aux attentes du consommateur, gérer les droits et sécuriser la diffusion, constituent un vrai métier pour lequel les compétences des éditeurs apparaissent indispensables.

On le voit, les sujets de réflexion ne manquent pas, et ils sont complexes. Mais nous devons aller vite, car c'est aujourd'hui le consommateur qui fixe le tempo. Il faut aboutir rapidement à un consensus de tous les acteurs afin que des expériences abouties de VOD légale puissent se développer le plus rapidement possible.
 
 

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