TRIBUNE 
PAR MICHEL FANTIN
Google-MSN : le choc des titans
Six ans après sa création, Google, start-up géniale et adulée, risque de revêtir, si elle n'y prend garde, les habits du géant monopolistique. Mais le moteur va désormais devoir composer avec un autre géant : Microsoft.  (13/05/2005)
 
Président de TechandCo, société de conseil aux entreprises pour les marchés émergents.
 
   Le site
Techandco
Ecrire à Michel Fantin

Qui a marqué 2004, et qui marquera 2005 ? Google bien sûr ! Le moteur de recherche avait démarré l'année 2004 en trombe avec une entrée en bourse dont le succès s'est confirmé, pour la terminer en demi-teinte. Procès pour détournement de marque, accusations de violation de la vie privée, Google commençait déjà à susciter des polémiques. Avec le "grand ménage" réalisé dans son index à l'automne dernier, le numéro un mondial des moteurs de recherche a provoqué l'inquiétude. Certes, Google explose ses résultats financiers début 2005, prouvant ainsi la suprématie du référencement publicitaire. Mais à l'heure où les gouvernements européens prennent conscience de l'importance stratégique de la recherche d'information, le moteur américain est au centre de nombreux débats parce qu'il est devenu un symbole cristallisant les anxiétés de l'Internet actuel.

Un des meilleurs moteurs de recherche au monde...
Rappelons avant tout que Google, avec plus de soixante dix millions de visites quotidiennes rien qu'aux Etats-Unis, est l'un des meilleurs moteurs de recherche au monde. A l'origine du service en 1998, les deux étudiants géniaux Sergey Brin et Larry Page ont proprement révolutionné la recherche sur Internet. En faisant entrer la dimension qualitative dans le classement (la "popularité"), ils sont allés beaucoup plus loin que les autres moteurs qui se contentaient de reconnaître des mots-clés au sein des sites Web. Bien qu'il ploie sous la masse croissante de la Toile, Google reste aujourd'hui un excellent outil qui fait tout son possible pour préserver la qualité du contenu au bénéfice des internautes.

Résultat : en France il recueille aujourd'hui sept recherches sur dix, quand Yahoo n'en reçoit que deux. Priorité à la pertinence des réponses, enrichissement des informations par l'emploi de services publicitaires ciblés (annonces contextuelles), simplicité d'utilisation, design dépouillé… Google a tout compris du Net. Et les centaines d'ingénieurs qui travaillent à Mountain View en Californie semblent avoir une capacité d'innovation inépuisable. Jusqu'ici, donc, le pari est gagné : fournir une vraie utilité et afficher une très bonne rentabilité économique tout en conservant une image "amicale", vestige des années start-up.

...mais dont la position dominante réveille les craintes
Pourtant le moteur ravive de vieilles craintes. Dernier épisode spectaculaire des démêlés de Google : l'histoire du "référenceur déréférencé". A l'automne dernier, plusieurs sociétés en France chargées d'aider les sites Web à se classer dans les résultats de recherche ont disparu du jour au lendemain des listes du moteur (NDLR). Tout un symbole ! L'avenir dira qui, de Google ou des référenceurs, a raison. Mais ce n'est pas une première, de nombreux sites ayant connu les mêmes déboires aux Etats-Unis ou en Allemagne. Et le "ménage" inquiète : opacité et manque de dialogue sont de plus en plus souvent reprochés au moteur, notamment dans la presse.

Ces récriminations viennent s'ajouter à d'autres. Google gagne quelques procès, comme à Hambourg où la cour a rejeté une plainte pour détournement de marque par une société utilisant le nom d'un concurrent dans ses résultats publicitaires. Mais il en perd aussi beaucoup. Quant à la messagerie Gmail, malgré son caractère novateur avec des services publicitaires liés aux mots utilisés par les Internautes, elle a dû corriger le tir face aux associations de consommateurs l'accusant d'utiliser abusivement des informations privées. Bref, six ans après sa création la start-up géniale et adulée risque de revêtir, si elle n'y prend garde, les habits du géant monopolistique.

Très jeune, Google pourrait accumuler les défauts des dinosaures d'une ère industrielle reculée. Quel paradoxe : avec son succès d'audience, Google se trouve en situation de position dominante, disposant du "droit de vie ou de mort" sur un site en décidant ou non de l'indexer. Le surdoué du Net transfiguré en Big Brother ? A tout le moins, le moteur californien démontre que les technologies de la communication peuvent engendrer en très peu de temps des comportements hégémoniques et anti-pluralistes inimaginables dans l'économie traditionnelle ou même dans l'informatique. Six ans seulement, et un nouveau Microsoft est né !

Vers une nouvelle concurrence
Microsoft, justement. En attendant que voit le jour le projet de moteur de recherche franco-allemand Quareo porté sur les fonds baptismaux par MM Chirac et Schröder en personne, c'est peut-être par lui, le colosse devenu challenger, que viendra le salut.

Google va devoir composer avec le géant de Redmond prêt à investir un milliard de dollars (soit six mois de chiffre d'affaires de Google) dans le développement de son nouveau MSNSearch. Et Microsoft hâte le pas. Sa nouvelle plate-forme de mots clés Moonshot a été lancée pour vendre des liens sponsorisés concurrents directs des AdWords.

Agrémentée d'un outil de gestion de la relation client au service des annonceurs, cette solution voit le jour alors que MSN teste déjà un nouveau comparateur de prix … Contre qui ? Froogle, de Google ! Réjouissons-nous de cette nouvelle concurrence. Elle devrait être vertueuse et permettre, espérons le, de ne jamais écrire : "Google m'a tuer…"

NDLR : Michel Fantin a été jusqu'en janvier dernier coprésident at actionnaire de NetBooster, l'un des prestataires déréférencés par Google en septembre 2004 (lire l'article JDN du 16/09/04).

 
 

Accueil | Haut de page

 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International