Depuis le 1er janvier 2005,
les entreprises peuvent répondre par voie électronique
aux appels d'offres lancés par les personnes publiques
(administrations, collectivités, hôpitaux, etc.).
Parce qu'elles ne le font pas encore massivement,
certains mettent en cause l'utilité du dispositif
réglementaire le permettant. Ils se trompent,
mais leurs questions ne doivent pas être éludées.
La dématérialisation
des marchés publics est déjà un succès
Depuis le 1er janvier 2005, les collectivités
publiques se mettent effectivement en situation
de recevoir les réponses des entreprises par voie
électronique au fur et à mesure qu'elles lancent
des appels d'offres. Elles font généralement appel
à un opérateur externe, le formalisme juridique
de la procédure de passation des marchés publics
supposant en effet la mise en uvre d'une solution
permettant le transport et le stockage électroniques
des candidatures et des offres d'entreprises,
sécurisés par des outils de signature électronique,
d'horodatage et de chiffrement intégral,
et une disponibilité constante.
Et les collectivités ne se contentent pas de satisfaire
à l'obligation de téléprocédure des avis de publicité
au Journal officiel ou de réception électronique
des réponses : elles s'attachent à dématérialiser
tout le processus, notamment en télétransmettant
les avis aux medias print et Web et en mettant
en ligne ces avis et les dossiers de consultation,
ce qui n'est pas obligé. De l'autre côté, les
entreprises téléchargent massivement ces avis
de publicité et dossiers de consultation.
Des premiers effets positifs...
Ainsi émergent les économies visées par le dispositif
réglementaire : la productivité du processus
d'appel d'offres augmente, tandis que les prix
de marché diminuent. L'accessibilité gratuite
des appels d'offres sur le Net accroît en effet
le nombre d'entreprises candidates, fût-ce par
la voie du papier ; ce qui confirme qu'il
n'est pas même besoin de réponses électroniques
aux appels d'offres pour que la dématérialisation
des marchés publics commence à produire ses effets.
... mais loin de toucher le plus grand nombre
Pour autant, la réponse électronique aux appels
d'offres par les entreprises n'est pas encore
entrée dans les murs. Selon les chiffres enregistrés
par Achatpublic.com, qui en est le principal opérateur
(1.800 personnes publiques clientes représentant
près de 7.000 services publics utilisateurs, environ
10.000 procédures dématérialisées et 50.000 dossiers
de consultation téléchargés depuis le 1er janvier),
les réponses électroniques des entreprises représentent
à peine 3 % du nombre des appels d'offres
en ligne.
Instaurer la confiance
dans les échanges par Internet
Une entreprise qui transmet une offre par la voie
postale à une collectivité ne se pose pas la question
du délai d'acheminement ou de la préservation
de l'intégrité de son pli, et ne craint pas que
ce dernier soit connu de ses
concurrentes. C'est que le temps a bâti la confiance
qu'on fait au service postal. Comme pour d'autres
services transitant sur le Net, le temps fera
son uvre. Pour l'accélérer, il serait cependant
judicieux d'encourager la réponse électronique
non seulement aux procédures formalisées, d'un
montant supérieur à 230.000 euros, mais aussi
aux procédures adaptées, d'un montant inférieur.
Chacun voit bien qu'une entreprise s'exercera
plus facilement à la réponse électronique pour
un enjeu financier moindre.
Promouvoir et optimiser
le bénéfice de la réponse électronique pour l'entreprise
Le modèle économique dominant repose
sur le paiement du service par la collectivité
et sa gratuité pour l'entreprise, il a donc focalisé
les opérateurs sur la conquête et la satisfaction
de la collectivité plutôt que de l'entreprise.
Or, pour maximiser son intérêt à la réponse électronique,
l'entreprise doit parfois réformer son processus
de réponse aux appels d'offres et attend également
des opérateurs la mise en place d'interfaces aux
logiciels qu'elle utilise.
Aux collectivités, aussi, de prendre une part
toujours plus active dans le mouvement à l'uvre,
par exemple en acquerrant, voire en produisant
des certificats de signature électronique
pour en doter plus facilement les entreprises.
Par ailleurs, les pouvoirs publics n'ont pas su
intéresser les entreprises à la réponse électronique.
Une grande campagne de promotion s'impose !
Simplifier l'offre de
réponse par voie électronique
Foin d'hypocrisie ! La dématérialisation
des marchés publics est un secteur d'activité
concurrentiel, et c'est très bien ainsi. Mais
si de trop nombreuses collectivités tiennent à
bénéficier d'une solution internalisée, ou externalisée
mais à leur seule adresse propre, voire à retenir
un prestataire uniquement local pour dématérialiser
leurs procédures, on aura institué un frein naturel
à la réponse électronique. Car si l'entreprise,
française ou étrangère, doit fréquenter des dizaines
de plates-formes pour faire acte de candidature
électronique, et à chaque fois suivant des processus,
des pré-requis techniques, une ergonomie voire
des modalités de signature différents, nul doute
qu'elle ne s'y sentira pas encouragée.
Bien sûr, la dématérialisation des marchés publics
aura besoin d'autres progrès encore, comme les
interopérabilités indispensables, nationales (entres
l'ordonnateur et le comptable, le contrôle de
légalité et le juge des comptes par exemple) ou
internationales (la reconnaissance des certificats
de signature électronique de chaque pays), qui
éviteront la rupture de la chaîne numérique. Mais
déjà, elle démontre chaque jour son utilité.
Et elle saura le faire plus encore, pour autant
qu'elle écoute davantage l'entreprise.
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