Comment nous avons autofinancé notre start-up

En 2010, nous avons décidé avec mes associés de proposer une solution de place de marché aux médias et aux e-commerçants puissante, clé en main, et rapidement déployable. Mais comment financer notre projet ?

Avec mes associés et amis Nicolas Bascoul et Pierre Murasso, nous avons décidé une fois notre diplôme en poche, de nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale. A la vue des succès des quelques rares places de marché sur Internet (principalement Rue du Commerce, Amazon, Pixmania et eBay), nous souhaitions développer notre propre “marketplace”. La marketplace nous semblait être déjà l’évolution naturelle du e-commerce. Nous avons donc développé en 2006 une technologie innovante mais il nous manquait la notoriété pour amener du trafic et attirer les marchands.
En 2010, nous avons donc décidé de repenser tout notre business model. Nous voulions pouvoir proposer aux e-commerçants et aux médias une solution puissante, clé en main, et rapide à implémenter. Le concept MarketPlace factory était né, mais comment le financer ?
Nous disposions d’un embryon technologique mais pour pouvoir commercialiser des marketplaces tel que nous le faisons aujourd’hui, il nous fallait repartir de zéro. Cette fois-ci, enrichis de notre expérience, nous avons pu nous consacrer au développement d’une technologie performante, évolutive et capable de supporter de fortes montées en charge.
La liste de nos besoins nous semblait encore longue: locaux, développeurs, designers, commerciaux... Et avant que notre solution soit un jour opérationnelle et rentable, nous avions aussi besoin de vivre !

Nous devions donc trouver une solution pour aller au bout de notre projet. Pour les locaux, nous avons eu la chance de pouvoir être hébergés pendant 18 mois au Neuilly Lab, dans des conditions exceptionnelles.
Le premier point était donc temporairement résolu, mais il restait l’essentiel: les ressources humaines, en d’autres termes les talents nécessaires au développement de l’entreprise. Quelles étaient les options de financement sachant que:

  • Nous n’avions pas de fonds propres.
  • Il était trop tôt pour séduire un business angel.
  • Un prêt d’honneur ? Limité à 10K€
  • Oséo ? Ne vous prête qu’à hauteur de vos fonds propres... 
Comment dégager les fonds nécessaires à notre projet ? L’idée qui a germé a donc consisté à développer une activité parallèle, capable de générer immédiatement du chiffre d’affaires. Et pour cela, la meilleure option consistait à valoriser une partie de nos compétences.
Nous avons donc décidé de vendre nos compétences et notre expériences techniques, en développement et en gestion de projet, en commençant par celles des associés: Nicolas et Pierre. La seule contrainte stratégique était que les missions devaient être en rapport avec notre cœur de métier: les marketplaces. Ce fut en somme une nouvelle activité de SSII que nous mîmes en place, et qui allait devenir le second pan de la société.
Quelques semaines plus tard, ce fut chose faite ! Pierre et Nicolas intervenaient chez Fnac.com, ce qui, en plus de nous apporter la manne nécessaire, contribua à enrichir leur expérience tant technique qu’organisationnelle. Trois mois après, nous avons même pu recruter une commerciale en charge de développer l’activité de SSII. Elle s’en occupe actuellement seule afin que nous puissions nous concentrer sur notre cœur de métier. Et une fois que 2 ou 3 autres consultants supplémentaires ont été recrutés puis placés, Pierre a pu revenir travailler à temps plein sur notre projet. Chaque consultant placé représente pour nous comme une mini levée de fond. Aujourd’hui notre SSII constitue notre premier investisseur, et grâce à l’autonomie d’Elise, ne nécessite que très peu de temps et d’énergie en gestion (probablement moins que les comptes rendus à faire régulièrement à un VC). Par ailleurs, cela nous a surtout permis de nous constituer un vivier de développeurs et de chefs de projets hautement qualifiés.
Aujourd’hui nous avons investi plus de 300 000€ dans la solution MarketPlace factory, et nous avons obtenu en 2011 les statuts de JEI/FCPI et du CIR. Et voila comment nous autofinançons notre startup !
Cette solution nous a permis d’avoir les liquidités nécessaires pour développer seuls une solution efficace et la déployer chez des clients tels que Leonidas, Decofinder, Basketplace, le marché de Noël en partenariat avec Faguo-shoes et autres contrats confidentiels en cours.

Voici l’une des façons de créer sa startup en France, sans fonds propres. Néanmoins, même si la SSII a le mérite de générer des revenus récurrents, et nous a permis de monter une équipe de quinze personnes au sein de Marketplace factory ainsi qu’un advisory board dont Patrick Robin est membre, nos ambitions et perspectives de développement nécessiteraient trop de temps afin de réunir les financements nécessaires de façon autonome.
Nous n’excluons donc pas de faire appel à des fonds d’investissement, pour un second tour de table.
Dans cette éventualité, nous envisageons une relation privilégiée avec la banque d’affaire dixmillevolts. Si toutefois l’environnement fiscal français reste favorable aux investissements, et au développement des start-ups. ------------------------------------
Chronique co-écrite avec Pierre MURASSO.