Pour l’émergence d’une économie collaborative et coopérative

Derrière ces deux mots se cachent pourtant des mouvements historiques, des analyses théoriques, des figures et des enjeux différents. Alors que l’économie collaborative est actuellement en pleine expansion, l’économie coopérative fait un retour sur le devant de la scène politique et économique depuis la crise des subprimes de 2008. Comment faire du statut coopératif un atout pour construire les entreprises collaboratives de demain ?

Derrière ces deux mots lexicalement proches se cachent pourtant des mouvements historiques, des analyses théoriques, des figures et des enjeux différents. Alors que l’économie collaborative est actuellement en pleine expansion, notamment grâce à la démocratisation des nouvelles technologies, l’économie coopérative, plus anciennement structurée, fait un retour sur le devant de la scène politique et économique depuis la crise des subprimes de 2008. Assumant leurs logiques de transformations plus ou moins radicales des modèles économiques libéraux classiques, ces deux économies couplées pourraient changer profondément notre façon de commercer et plus encore la société dans son ensemble…

1. L’Economie collaborative : la puissance de la communauté alliée à l’efficacité numérique

Prenons tout d’abord l’économie collaborative, qui est actuellement au cœur de nombreux débats et intérêts de la sphère économique. Le point fort de cette économie réside dans son fonctionnement qui permet de fédérer des acteurs partageant les même valeurs afin et de baisser drastiquement les coûts des services offerts. Le secteur collaboratif est basé sur une structuration plus horizontale les relations en direct entre particuliers (vente ou échange de services), ou entre particuliers et entreprises (pour le financement participatif). Avec des sociétés fer de lances comme Blablacar (2006), Le Bon Coin (2006), Air BnB (2008), Ulule (2010), ou encore avec Uber (arrivé fin 2011 en France), l’économie collaborative a fait une entrée en force dans la vie des consommateurs. Devenus de réels “consom’acteurs” et pour certains de vrais auto-entrepreneurs, de nombreux français sont désormais au fait de cette économie : de ses rouages, de ses bons-plans, mais aussi de ses arnaques... Louise Pharabod nous dresse une typologie de ce secteur dans son article « L’économie collaborative ».
Avec l’aide de la FrenchTech et d’autres programmes économiques poussant à l’émergence de géants français du numérique, les pouvoirs publics locaux et nationaux se sont fortement engagés pour une révolution numérique dans le monde de l’entreprise. Le gouvernement semble vouloir permettre le changement d’échelle de ces nouvelles pratiques en légiférant en faveur d’un code du travail plus souple, permettant d’ouvrir le champ aux revenus additionnels.  Un développement qui pose question. Certains secteurs économiques bien en place ou en situation de quasi-monopole voient ces transformations d’un mauvais œil. Les taxis parisiens vent debout contre les VTC à l’hiver 2014 avaient alors bloqué la ville pour inciter le gouvernement à légiférer face à une concurrence qu’ils estiment déloyale. Mobilisation telle que le ministère de l’économie envisagerait finalement de taxer, comme une activité économique, les prestations effectuées par des individus via des plateformes collaboratives. Mais au-delà de ce front de discorde, certaines critiques émergent sur le mouvement de « dé-salarisation » qu’entraine cette économie et donc la remise en cause d’acquis liés à l’exercice d’un emploi encadré par le droit du travail.

2. L’Economie coopérative : des forces économiques responsables capables de survivre aux crises

Sur une ligne parallèle on voit le développement, plus mesuré, du secteur coopératif. Vieille dame de la pensée économique, la coopération s’est refaite une jeunesse depuis la crise économique subit par la France depuis 2008. Ce mouvement regroupe aussi bien de grands groupes bancaires comme le Crédit Agricole ou le Crédit Mutuel, des assurances coopératives comme la MACIF ou la MAIF, des coopératives agricoles (Terrena), des coopératives de commerçants (Leclerc, Super U), mais aussi des Sociétés Coopératives et Participatives (SCOP) où les salariés sont eux même détenteurs de l’outil de travail. Ils s’unissent autour de valeurs et de structurations qui différencient leurs entreprises des autres. Le mouvement coopératif a pris de l’ampleur comme solution pour un développement économique plus démocratique, plus en phase avec l’économie réelle. Il est important de signifier que ce sont aussi les résultats économiques obtenus par les coopératives en période de crise qui ont fait de la coopération l’une des solutions pour résister aux aléas de l’économie de marché. Au plus fort de la crise entre 2008 et 2012 le nombre d’emplois créés par le secteur a continué de croître (+15%), contrairement au nombre d’emplois créés entreprises traditionnelles.

En 2014, la loi ESS a permis de regrouper les mouvements associatifs, coopératifs mutualistes et l’entreprenariat social derrière le terme Economie Sociale et Solidaire (ESS). Ce regroupement a alors donné du poids aux initiatives économiques à visée sociale, solidaire ou environnementale. Par cette loi, le statut de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) permettant l’ouverture du capital au multi-sociétariat (privé, public, semi-public) et celui de la SCOP d’amorçage ont permis de rendre plus attractif le statut coopératif, répondant à la nécessité de mutualisation des forces sur les territoires. Enfin, les statuts coopératifs connaissent un regain de notoriété du aux enjeux de la reprises par les salariés.C’est sur ce point d’ailleurs que certaines SCOP ont montré quelques failles. Voulant à tout pris préserver l’emploi suite à un départ des investisseurs, certains salariés ont repris leur société sans réfléchir précisément à un nouveau modèle de fonctionnement viable.

Bien moins médiatisées ces entreprises, quelques mois après leur reprise par les salariés, ont alors du demander à des investisseurs privés de reprendre la direction de la société.

3. Croiser les innovations pour construire l’économie de demain : l’exemple de France Barter.

Dans le cadre de la structuration d’une offre de plateforme d’échanges inter-entreprises, organisé comme un réseau social collaboratif dédié au troc online entre entreprises, la société France Barter a choisi la forme coopérative pour conduire son activité.

3.1. Moderniser le troc inter-entreprises

Le Barter, traduction du mot « troc » en anglais, est une opération d’échange de biens ou de services entre deux entreprises. Au lieu d’acheter un produit ou une prestation à un fournisseur, l’entreprise fournit à ce dernier une production équivalente au service ou produit souhaité.On pourrait parler d’une version moderne du troc entre entreprises.

Cela existe depuis longtemps, en particulier aux États-Unis dans le secteur des médias et de l’audiovisuel. Le troc s’effectue alors de manière bilatérale et doit correspondre à des besoins mutuels, au même moment, pour les deux entreprises. Il y a donc une contrainte importante. Pourtant, les possibilités de développement sont grandes comme le démontrent ces chiffres issus d’une étude de marché de 2011 par EDC Consulting : 65% des PME seraient intéressées par ce mode de financement innovant.

3.2. France Barter : un outil numérique pour démultiplier les possibilités d’échanges

France Barter a pour ambition depuis sa création en 2014, le développement de l’échange inter-entreprises de façon multilatéral et ouverte à tous les secteurs d’activités. C’est pourquoi la SCIC France Barter a été construite en développant un modèle mêlant expertise financière, innovation commerciale et efficacité technologique. Elle permet des échanges impliquant plusieurs parties dans le temps grâce à trois outils majeurs :
- Une unité de compte, le Barter € correspondant aux factures de ventes et d’achats
- Une plateforme online permettant aux entreprises de référencer leur offres géolocalisées
- Une équipe d’animateurs réseau qui facilitent et accompagnent les mises en relation

Cette solution proposée par France Barter permet aux entreprises d’utiliser leur propre production pour régler des achats de biens et services, sans avoir à puiser dans leur trésorerie. En somme un outil de mutualisation des ressources et des compétences.Le collaboratif entre entreprises : un moyen de se développer.

Actuellement fort d’un réseau de près de 300 entreprises, France Barter développe une technologie innovante et collaborative via une plateforme numérique de matching et une gestion de compte simplifiée. L’outil numérique est le point central de l’innovation économique porté par l’entreprise. Il s’inscrit dans l’esprit de transformation du champ économique conduit par le mouvement de la FinTech. Les entreprises se sentent alors impliquées dans les échanges : trouvant de fait un intérêt économique passant par la mutualisation.Avoir dans un même réseau des TPE, des PME, des ETI et  des grands groupes, représente la force du réseau France Barter. Dans un même temps, vous pouvez acheter une prestation à un grand groupe (média, industrie, événementiel, btp) et vendre à des sociétés en plein développement (start-up, entreprises innovantes, green business). Cette transaction vous permet d’entamer des relations commerciales avec les grandes entreprises de demain. Le réseau permet donc aux entreprises de toutes tailles de se rencontrer et d’engager des relations commerciales durables. D’autant plus que France Barter assure la sélection et l'affiliation de nouveaux membres sur le réseau ainsi qu'un travail d'intermédiation efficace. Cette gestion est opérée par une équipe d’animateurs réseau basée à Paris, Lyon et désormais en Savoie et dans les Caraïbes. Vous n’échangez qu’avec des partenaires de confiance qui vous offrirons une prestation de qualité.

3.3. Développer l’échange inter-entreprises par la forme coopérative

Comme nous venons de le comprendre France Barter associe donc l'efficacité économique via les outils numériques et la création d’un espace collaboratif. Cela aurait pu s’arrêter là. C’est suite aux conseils de l’Union Régionale des SCOP d’Ile de France que les deux co-fondateurs de France Barter ont décidé d’utiliser la forme coopérative pour structurer leur offre. Un choix peu commun dans le monde des start-up innovantes qui privilégie souvent la rentabilité à court terme. Ouvrir son entreprise au multi-sociétariat n’est pas aujourd’hui rentré dans les usages, et surtout peu en connaissent l’atout majeur. En revanche tout acteur du monde économique connait le fameux adage qui veut que sur dix start-up, une seule parvienne à survivre. En choisissant le statut de SCIC France Barter a fait le choix de pérenniser son modèle en impliquant les entreprises souhaitant faire partie du réseau comme sociétaires de la coopérative. Ce statut invite donc à la concertation lors des assemblées générales organisée et oblige aussi la coopérative à fixer le taux des réserves impartageables de 57.5% des résultats pour créer un fond de garantie et sécuriser le système d’échange.

4. Faire du statut coopératif un atout pour construire les entreprises collaboratives de demain

Cet exemple de France Barter est significatif de l’attrait que devrait représenter le statut coopératif, et particulièrement le statut de SCIC pour toute start-up connectée se lançant sur le marché du collaboratif. Cette forme coopérative se base sur le fait d’impliquer les acteurs aux décisions stratégiques car ils sont de fait partie prenantes de la réussite du projet sachant qu’il n’y a plus une simple relation fournisseurs-clients. Beaucoup d’articles récents prouvent la vivacité de nouveaux modèles économiques : économie collaborative, économie circulaire, économie coopérative, économie de la fonctionnalité et d’autres encore (comme l’a recensé Anne-Sophie Novel dans Le Monde). Ces nouveaux modèles web se basent bien souvent sur la création d’éco-systèmes. Cependant l’émergence d’une nouvelle économie ne pourra avoir lieu qu’en croisant les modèles et en tirant la force de chacun d’entre eux. On pourra alors en compenser les faiblesses. En s’alliant avec une structuration coopérative le secteur collaboratif pourrait se parer contre certaines critiques justifiées et sécuriser des emplois ou encore renforcer la durabilité du service. De même, la coopération se verrait renforcée en misant sur le collaboratif : redynamisant des gouvernances parfois à bout de souffle et accélérant les innovations.C’est en fortifiant des propositions économiques alternatives par la fusion des modèles que les start-up deviendront les initiatrices d’un mouvement profond de transformation de l’économie.

Et pour suivre l'actualité de l'échange inter-entreprises en France direction Le Blog de France Barter