Quel rôle pour le digital dans la musique ?

Si le numérique s’immisce dans notre quotidien et celui de nos entreprises en changeant radicalement nos façons de vivre, de travailler et de communiquer, force est de constater qu’il touche également le milieu du spectacle vivant et celui de la musique live en particulier.

Longtemps le monde de la musique est resté à l’écart des changements sociétaux et économiques, reposant sur des fonctionnements inchangés car éprouvés, vivant de ses acquis loin des turpitudes des marchés économiques et du monde de l’entreprise.

Aujourd’hui, le constat est autre : à la suite de l’industrie du disque et de la musique enregistrée, le monde de la musique live subit des changements profonds qui la forcent à se repositionner, à s’ouvrir et à envisager différemment son évolution. Notamment :

  •  Une diminution régulière des financements publics, pourtant garants de la vitalité, de la créativité, de la diversité et de la diffusion de la vie culturelle,
  • Les musiciens professionnels issus de formations d’excellence ne jouent pas aussi régulièrement qu’ils le devraient,
  • Les organisateurs et programmateurs privilégient les musiciens à forte notoriété et ceux appartement à leur réseau proche,
  • Enfin, la raréfaction et le vieillissement des publics dans les salles de concert alors que la musique est l’activité culturelle préférée des Français. [1]

Face à ces constats et paradoxes, il est clair que la musique ne peut plus rester repliée sur elle-même ! Le digital joue un rôle bénéfique dans la transformation du secteur de la musique live.

De cette digitalisation découle l’apparition de nombreuses plateformes spécialement pensées pour accompagner les musiciens et le renouveau du secteur musical sur la voie de ces évolutions. Nouvelles façons de diffuser la musique, services de composition à la demande, nouveaux modes de financement, construction de fanbase digitale pour optimiser ses tournées. Parmi ces plateformes : Spotify, Deezer, iMuze, Fanbassador ou encore Koalitick et Bandsquare.

En positionnant la musique sur le marché de la Tech, ces nouvelles plateformes amorcent des changements de modes économiques, passant d’un secteur largement dominé par l’économie publique traditionnelle (subventions) vers une économie privée ouverte et grandissante. C’est donc un nouvel écosystème musical qui se met en place grâce au digital et qui permet de toucher de manière plus ciblée les consommateurs et plus largement les publics, éprouvant de nouveaux systèmes de financements et garantissant ainsi la survie de la musique dans le contexte actuel.

 D’D'autre part, le digital transforme le secteur de la musique en le rapprochant de celui de l’entreprenariat. En effet, à l’image des entrepreneurs, les musiciens professionnels doivent réfléchir à la construction de leurs projets musicaux, à leurs positionnements sur un marché existant par rapport à la concurrence, réfléchir et mettre en avant la valeur ajoutée de ces derniers, les faire connaître, séduire leur public et lui donner envie d’assister à leurs concerts ou d’écouter leur musique. Ils deviennent acteurs de leur communication en construisant leur visibilité, leur image et leur notoriété auprès d’une communauté de fans qu’ils cherchent à étendre.

Aujourd’hui, le contexte économique ambiant, l’apparition du digital et de la Tech dans le secteur de la musique, amène la musique à réfléchir à sa rentabilité ou a minima à son financement et ouvre ainsi la voie à de nouvelles et belles perspectives pour la musique et ses acteurs. Depuis peu, à l’image des startups, la musique attire les investisseurs et business angels, et voit même l’émergence de nouveaux types d’investisseurs. Prenons l’exemple de DJiT, qui a annoncé une levée de fonds de 2,4 millions d’euros en novembre 2016 auprès d’investisseurs privés comme Martin Solveig et JC Carré, l’associé historique & opérationnel de David Guetta

Ainsi, la digitalisation de la musique entraîne ce secteur vers de nouveaux fonctionnements et un nouvel écosystème, le rapprochant ainsi de l’entrepreneuriat et du monde des startups.


[1] selon un sondage Ifop de Février 2017