Start-up : cinq pépites dénichées par... Martin Mignot, d'Index Ventures

Start-up : cinq pépites dénichées par... Martin Mignot, d'Index Ventures Martin Mignot, investisseur chez Index Ventures, commente sa sélection de cinq start-up très prometteuses.

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Martin Mignot, investisseur chez Index Ventures. © S. de P. Index Ventures

Le JDN vous propose régulièrement de découvrir une sélection par les acteurs phares de l'écosystème français des start-up les plus prometteuses qui se développent en France et dans le monde. Voici celles choisies par Martin Mignot, investisseur chez Index Ventures.

 Secret

L'application américaine disponible sous iOS et Android, et lancée fin janvier, permet de faire des confessions à ses amis tout en restant anonyme. Depuis quelques semaines, elle est disponible dans le monde entier, mais seulement en version anglaise. La start-up a levé 12,7 millions de dollars depuis sa création, en octobre 2013.

Pourquoi l'avoir choisie ? "Index Ventures a investi en seed dans la start-up. Elle est très intéressante parce qu'elle répond à une aspiration humaine fondamentale : partager des informations confidentielles. C'est une nouvelle manière de communiquer en utilisant les contacts de son téléphone mobile. Secret présente déjà une belle traction. Surtout, la plateforme crée une nouvelle forme de langage. Le format pousse à beaucoup de créativité, et ça me rappelle Twitter à ses débuts : l'application part d'une idée simple et pousse les utilisateurs à s'approprier le médium. Je pense que Secret est le prochain gros réseau social de ces prochaines années. La start-up a été créée par des anciens de Google, très forts en termes de produits. Les fonctionnalités de vérification et de partage sont très bien construites, tout comme le graph social bâti entre amis, amis d'amis, personnes situées près de chez soi... L'anonymat est très en vogue en ce moment et Secret est le produit le mieux exécuté sur le sujet."

 Blockchain.info

Le site est le portefeuille Bitcoin le plus populaire au monde et un "explorateur de bloc", une base de données partagée sur le protocole Bitcoin. En janvier 2014, Blockchain.info revendiquait plus de 1,1 million d'utilisateurs et 200 millions de pages vues par mois.

Pourquoi l'avoir choisie ? "La start-up est basée au Royaume-Uni. C'est à la fois une grosse base de wallets bitcoin, mais surtout un point central avec toutes les informations sur ce qui se passe dans la blockchain et sur les transactions. Blockchain.info est le Bloomberg de la blockchain, en quelques sortes, et c'est une couche d'infrastructure essentielle de l'économie Bitcoin. Or, on peut imaginer que le Bitcoin aura un impact monstrueux sur l'économie en supprimant tous les intermédiaires et les coûts de transactions. Le Bitcoin 2.0 pourra même servir, par exemple, à affirmer des droits de propriété. Une base comme Blockchain.info recouvre un potentiel révolutionnaire, et c'est la société de loin la mieux placée sur le secteur. Celui qui l'a créée, Ben Reeves, est un développeur extrêmement doué. Il a 22 ans et il a développé le site tout seul il y a cinq ans."

 Kantox

La start-up fondée à Londres en 2011 propose aux entreprises de s'échanger des devises sur sa plateforme pour éviter de payer des frais de change élevés aux banques.

Pourquoi l'avoir choisie ? "Parce que ce modèle de "peer-to-peer foreign exchange" pour les entreprises est très disruptif. Il permet aux entreprises d'échanger des devises de manière plus transparente, en diminuant les frais de transactions. Surtout, cela participe d'un thème que l'on aime bien chez Index : le court-circuitage des banques. Elles offrent de nombreux services de manière opaque, sans détailler comment et sur quoi elles enregistrent du profit. De plus en plus de start-up se focalisent sur un seul service en particulier avec une bien meilleure expérience utilisateur et un business model plus innovant. Elles sont disruptives au niveau des prix tout en étant rentable grâce à leur structure plus légère, moins régulée et plus agile. Je pense par exemple au peer-to-peer lending, aux services d'investissement de manière algorithmique... Kantox est aussi l'un de ces disrupteurs."

 Demander Justice

La start-up française fondée en 2011 permet aux particuliers de saisir les tribunaux sur Internet sans faire appel à un avocat, sur les sites DemanderJustice.com et SaisirPrudhommes.com. Elle vient de lever 1,5 million d'euros auprès de Partech Ventures.

Pourquoi l'avoir choisie ? "C'est un "Uber de la justice" qui fait beaucoup de sens : même les métiers les plus traditionnels, verrouillés, et rétifs au changement sont en train d'être disruptés par la technologie. Beaucoup d'aspects du droit peuvent être automatisés avec des algorithmes : tous les services légaux standards low cost seront progressivement remplacés. Je pense que Demander Justice devra aller encore plus loin dans la chaîne de valeurs pour créer des algorithmes et prédictions de plus en plus intelligents, en utilisant la masse de données disponibles. Le challenge va ensuite être de créer un écosystème autour de leur service."

 Deliver.ee

La start-up française est à l'origine d'un service de livraison par coursiers pour les professionnels lancé en septembre 2013. Elle permet aux e-commerçants de livrer leurs clients en quelques heures.

Pourquoi l'avoir choisie ? "Deliver.ee participe de la nouvelle tendance qui veut transformer la ville et la rendre plus accessible en un clic pour le consommateur. Elle est au croisement de deux grands thèmes : le "local delivery", qui tend à transformer son mobile en télécommande du monde autour de soi, et " l'APIsation " des services : on offre de plus en plus d'API faciles à intégrer sur son site ou son application, pour des services très performants."

Diplômé de Sciences Po Paris, Martin Mignot a d'abord été analyste chez UBS, avant de cofonder Boudoir Privé en janvier 2011, start-up qui sera revendue à Joliebox/birchbox un an plus tard. Il a rejoint Index Ventures en janvier 2010 et a notamment investi dans Algolia, Capitaine Train, Drivy, Rad, Swiftkey ou encore TheFamily.

Index Ventures est un fonds de capital-risque international et multi-stage fondé en 1996 basé à Londres, avec des bureaux à San Francisco et à Genève. Index Ventures a investi dans des sociétés dans plus de trente pays, dans des secteurs aussi divers que le gaming, les média, l'e-commerce, l'éducation, les services financiers, la sécurité... Parmi elles : Asos, Dropbox, Criteo, Skype, King, Soundcloud, Supercell, Etsy, Drivy...

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