Comment les start-up s'emparent du sujet de la mort numérique

Comment les start-up s'emparent du sujet de la mort numérique Le projet de loi numérique d'Axelle Lemaire assure la possibilité de décider ce que deviendront nos données personnelles à notre mort. Des start-up ont déjà investi le créneau.

Que deviennent vos données à votre mort ? Les internautes diffusant de plus en plus de données sur la toile pendant leur vie, la question émerge naturellement jusque dans le débat politique. Elle a d'ailleurs été traitée par Axelle Lemaire dans son projet de loi numérique : "toute personne peut définir des directives relatives à la conservation et à la communication de ses données à caractère personnel après son décès", précise le texte.

Les internautes peuvent désigner une personne chargée de l'exécution des directives et, s'ils ne le précisent pas, ce seront les descendants, le conjoint, les héritiers qui seront désignés à défaut… Si elle est adoptée en l'état, la loi permettra donc aux Français de réclamer aux services Web des dispositions pour décider de ce que deviendront leurs données à leur mort. Elle devrait par la même éviter la multiplication des comptes fantômes.

Les géants du Net ont déjà dû se pencher sur le sujet après des réclamations de leurs utilisateurs. Twitter met à disposition des proches d'une personne décédée un formulaire pour réclamer la fermeture de son compte en fournissant des preuves matérielles du décès. Facebook propose désormais un statut "mémorial" qui rend inaccessibles certaines fonctionnalités du réseau social mais ne supprime pas le compte.

Sur Google, via "Inactive Account Manager", l'internaute peut prévoir qu'après une certaine période d'inactivité, son compte sera automatiquement fermé ou bien ses données seront transférées à certains de ses proches.

Transmettre le capital numérique d'une entreprise

Transmettre identifiants et mots de passe pour continuer l'activité

S'il est important, pour les internautes, de pouvoir décider de ce qu'adviendront leurs données privées après leur mort, la question se pose aussi de la transmission de comptes et d'informations sensibles ou importantes dans les entreprises.

La start-up française Transmitio, fondée il  y a un an, travaille sur la transmission du capital numérique des dirigeants d'entreprises. "De plus en plus d'informations clé des dirigeants sont numérisées et il faut donc prévoir un moyen pour les sauvegarder et les transmettre à quelqu'un pour continuer l'activité", note Benjamin Rosoor, CEO.

La start-up se charge en fait de prévoir le transfert des codes et identifiants secrets qui permettent d'accéder aux services importants des dirigeants. "C'est un coffre-fort numérique dans lequel on ne met que les clés d'accès, pas les contenus."

Le dirigeant désigne un bénéficiaire par service (son comptable, son bras-droit…) et rédige un testament olographe dans lequel il déclare avoir souscrit au service Transmitio et demande à ce que sa volonté soit exécutée. Coût du service : 399 euros hors taxes.

Transmitio a aussi développé un module d'équipe par abonnement mensuel et par utilisateur, pour les petites entreprises où, bien souvent, les informations clés sont détenues par plusieurs personnes différentes et non centralisées au niveau de la DSI. La jeune pousse revendique une cinquantaine de clients.

Pas de problème avec la Cnil –les identifiants ne sont pas une œuvre de l'esprit et donc pas considérés comme des données personnelles- et pas plus avec les héritiers. "Nous nous sommes demandés, au départ, si un héritier pouvait s'opposer à ce que l'on transfère les codes de son ascendant à un tiers", raconte le CEO. C'est en tout cas ce que prévoyait le projet de loi dans sa première version, mais la disposition a été retirée après la concertation ouverte.

Le mémorial numérique devient aussi un business

Outre la gestion des données personnelles sur le Web après la mort, des start-up investissent aussi le vaste créneau des services en ligne pour préparer son testament ou encore organiser des funérailles. E-veilleur permet ainsi de créer un album photo en l'honneur du défunt puis de le mettre à la disposition d'une communauté de proches. Lancé en janvier, le site veut se monétiser en commercialisant tombes, caveaux, fleurs et plaques virtuels.

Chapitre 2 permet de son côté aux internautes d'organiser leur enterrement à l'avance et de faire parvenir leurs souhaits à leurs proches. La start-up lancée le 30 octobre envisage de se monétiser en mettant en place un comparateur d'obsèques, pour se rémunérer sur les leads, ou bien en lançant des services premium sur abonnement comme l'upload de photos ou de vidéos à diffuser le jour de l'enterrement ou la possibilité de rédiger  son testament en ligne… C'est d'ailleurs ce que propose Testamento (Lire : "Start-up à suivre : Testamento, le testament 2.0", du 01/09/14).