"Génération pigeons", la révolte des entrepreneurs racontée par Jean-David Chamboredon Olivier Mathiot, co-fondateur de PriceMinister : "J'ai arrêté d'investir"

Christian Eckert : "On ne va tout de même pas faire une loi juste pour vous !"

La pédagogie passe mieux avec le grand public qu'avec les parlementaires. Jean-David Chamboredon et Olivier Mathiot tentent de faire fléchir Christian Eckert, rapporteur général de la Commission des finances de l'Assemblée. Il les prend de haut. "C'est quoi le problème avec cette loi de finances ?" Les deux délégués plaident, comparent avec nos voisins européens, évoquent les autres placements (assurances vie, rentes, etc.). Le parlementaire chevronné ne changera pas d'avis. Ils sont vus comme une catégorie qui refuse l'impôt et réclame des privilèges. "On ne va tout de même pas faire une loi juste pour vous !" sera la conclusion donnée par le député à ce dialogue de sourds. "Où est l'autre gauche qui pense que la liberté d'entreprendre ne s'oppose pas au droit des salariés ?"

"La fiscalité est trop forte et change tous les six mois"

Alors le Business Angel Olivier Mathiot a levé le pied. "J'arrête d'investir en France pour l'instant. La fiscalité est trop forte et change tous les six mois. Cela ne vaut plus la peine. Certains fonds disent même aux entrepreneurs ? Venez vous installer ici, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, nous financerons vos projets ?."

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Comme dans le cinéma ou les jeux vidéo, il y a une French Touch dans l'Internet. Beaucoup de boîtes d'e-commerce ont été créées en France, comme autant de cailloux dans les chaussures des géants anglo-saxons, e-Bay, Amazon, talonnés en France par Cdiscount, Fnac.com, Vente-Privee ou... PriceMinister. Un "esprit de résistance" qui doit à la créativité des Français.

Que manque-t-il alors ? Sans doute une nouvelle façon de penser. "Nous sommes bons pour les grands projets mais nous avons une difficulté d'applications pour les choses concrètes, notamment par manque d'un véritable tissu de PME." Le directeur marketing de PriceMinister souhaite que l'on enseigne aux élèves ingénieurs à davantage "penser business".

"On recense chez nous 7 000 à 8 000 Business Angels, quand les Anglais peuvent en aligner 50 000"

Mathiot espère revenir sur cette loi de finances qui aligne la fiscalité des plus-values réalisées lors des cessions de parts sur celle de l'impôt sur le revenu. "Est-ce vraiment un revenu ? C'est double peine car il n'y a plus-value que dans la mesure où l'entreprise a généré une activité, donc des impôts et taxes perçus par l'État." Le capital-risque est incertain : "Les 60 actionnaires de PriceMinister ont tous perdu dans leurs autres participations". On recense chez nous 7 000 à 8 000 Business Angels, quand les Anglais peuvent en aligner 50 000. La culture du financement par les particuliers est encore bien faible de ce côté-ci de la Manche.