Pourquoi ils ont créé leur start-up à l'étranger Des entrepreneurs encore trop mal perçus

carlos diaz a fondé bluekiwi en france et kwarter à san francisco
Carlos Diaz a fondé Bluekiwi en France et Kwarter à San Francisco © S. de P. Kwarter

"En France, les entrepreneurs ont arrêté de rêver" déplore Carlos Diaz. Le fondateur de Bluekiwi, une société française qui propose des solutions de réseaux sociaux d'entreprise, a vendu sa start-up à Atos en avril dernier pour un 20 millions d'euros. Sa nouvelle société baptisée Kwarter, spécialisée dans les solutions de "second écran" à destination des marques, est née à San Francisco. "Tous les entrepreneurs rêvent de la Silicon Valley où il règne une véritable culture de l'entrepreneuriat. Quand on monte une start-up à Paris, on est vite montré du doigt", affirme-t-il. Et dans la Silicon Valley "il est possible de s'inspirer des meilleurs, ce qui donne davantage d'ambitions à son projet".

Investi dans le mouvement des Pigeons, Carlos Diaz tempère et affirme que le climat s'est détérioré ces dernières années en France "mais ce n'est pas tant la faute que ça au gouvernement Hollande, même si une ligne rouge a récemment été franchie sur la taxation des plus-values de cession. Le problème majeur est que l'entrepreneur est perçu d'une manière détestable et ce ne sont pas quelques lois qui vont faire changer cela". Autre problème culturel pointé du doigt : la relation des start-up françaises avec les grands groupes. Et Carlos Diaz n'est pas l'unique entrepreneur à s'en indigner. En 2009, Jérémie Berrebi, devenu depuis l'associé Xavier Niel dans le fonds d'investissement Kima Ventures alertait déjà les jeunes entrepreneurs sur les précautions à prendre face aux grands groupes.

La confiance doit s'instaurer dans les relations entre les start-up et les grands groupes français

Les grands groupes ennemis des start-up ?

Un constat aujourd'hui partagé par Charles Nouÿrit qui a accusé récemment le groupe La Poste de lui avait volé le projet de sa start-up MyID, pour monter son service d'identité numérique. Désormais installé au Québec, l'entrepreneur souhaite instaurer une charte en France protégeant les start-up face aux grands groupes. "Ce document doit être construit avec l'ensemble de l'écosystème et mettre l'accent sur les notions de confiance entre les parties" déclare-t-il. Il explique que les grands groupes français doivent réaliser que les jeunes pousses ont une perception différente du temps "puisque les start-up suivent un rythme bien plus rapide en raison de leur hypercroissance". L'entrepreneur espère aussi que les grands groupes français prendront conscience que "les entrepreneurs n'ont pas les mêmes moyens que les grands groupes et les acquisitions permettent d'une part aux entrepreneurs de toucher un marché plus large et aux grands groupes d'innover".

"Oui, les entrepreneurs prennent beaucoup de risques et oui, ils méritent de gagner beaucoup d'argent"

"Oui, les entrepreneurs prennent beaucoup de risques et oui, ils méritent de gagner beaucoup d'argent, il ne faut plus avoir de problème avec ça en France" clame Carlos Diaz. Mais dans une Europe où les opportunités de développement se font de plus en plus minces "il devient impossible de rivaliser avec des entreprises américaines" estime-t-il. Il existe donc bel et bien un problème en France et le gouvernement travaille actuellement à essayer de le résoudre, à travers les Assises de l'entrepreneuriat. Mais si l'écosystème est de plus en plus solidaire, d'autres raisons poussent les entrepreneurs à s'exiler.