Faut-il cacher son idée de start-up ? A qui en parler ?

Investisseurs, mentors et entrepreneurs aguerris... Tous s'accordent sur un conseil : "Ne pas être parano sur la confidentialité". Son idée de start-up, il faut la partager. Avec les bonnes personnes, bien sûr, et de manière intelligente. Mais obtenir des retours et confronter son projet est primordial.

"En parlant de son idée et en l'exposant, on gagne du temps", assure Martin de Charrette. "On affine le projet et on est confronté à ses faiblesses ou ses oublis." Discuter de sa start-up permet de se poser les bonnes questions et ainsi de chercher les réponses adaptées.

"D'expérience, les entrepreneurs qui réussissent le mieux sont les plus ouverts", constate de son côté Guilhem Bertholet. "Ceux qui ont engrangé le plus de retours et qui, par conséquence, sont partis plus vite dans la bonne direction." Alors, avec qui partager son idée ? En priorité avec l'écosystème propre à la société en question. "Pas avec des personnes qui ont peu à voir avec le secteur", conseille Charles Letourneur.

 Les clients

La première personne vers qui il faut se tourner pour valider son idée de start-up : son client potentiel. Selon Guilhem Bertholet, "l'entrepreneur n'a pas d'idées, c'est le marché qui les a. Lui a de l'énergie, une vision. Mais la première étape d'une start-up, sa conception, c'est le client qui la définit". C'est la méthode qu'ont adopté les cofondateurs de Pricing Assistant. Dès les prémisses de la création de la société, ils ont rencontré de nombreux e-commerçants pour tester et confronter leur idée initiale. Résultat : plusieurs aspects de leur projet ont été affinés après ces discussions. Non seulement elles servent à tester le produit, mais elles peuvent être l'occasion de faire signer des pré-commandes à de futurs clients.

 Les entrepreneurs

Rencontrer des entrepreneurs et parler de son idée peut, en premier lieu, amener à dénicher son équipe de fondateurs. De manière plus générale, les entrepreneurs passent tous par les mêmes doutes et les mêmes problèmes. Echanger peut permettre d'éviter certains écueils. Ceux qui se sont déjà trompés partagent volontiers leur expérience pour aiguiller les plus jeunes.

Quid des événements dédiés aux start-up et des concours ? "Ils sont intéressants", admet Guilhem Bertholet. "Il y a beaucoup à gagner de l'échange, même entre concurrents potentiels, pour apprendre à se connaître et faire grossir ensemble le marché." Martin de Charrette conseille lui aussi d'échanger avec des personnes spécifiques à son marché, à travers divers événements de networking. Que dire, que garder pour soi ? Sans donner toutes les informations et l'expérience accumulée sur son secteur en particulier, il est possible de décrire son projet, de dire où l'on veut aller, ce que l'on veut vendre, comment et à quelle cible. 

 Les investisseurs

Rapidement, dès le premier tour de table envisagé, il est nécessaire de se rapprocher d'investisseurs qui connaissent bien le sujet de la start-up. "Je conseille de se constituer un noyau de base, au sein de son écosystème, avec une bonne équipe et un actionnariat connaisseur", souligne Charles Letourneur. Autrement dit, éviter d'ouvrir son capital à un business angel complètement étranger au secteur. "Ce n'est pas valorisant de parler à un grand nombre d'investisseurs alors que la start-up n'a encore rien sorti, mais il ne faut pas rester dans son coin non plus, ajoute-t-il. L'échange est toujours productif."

Quid du grand public ?

Doit-on discuter de son idée avec ses amis et sa famille, pour l'améliorer ? "Cela ne sert à rien", tranche Guilhem Bertholet. "Tous vont donner des avis différents, alors qu'ils ne connaissent pas forcément le problème et le marché." Pour ce qui est du grand public, "mieux vaut attendre d'être en early stage", conseille Charles Letourneur. Non pas pour éviter de se faire subtiliser son idée, mais parce qu'il faut attendre d'avoir quelque chose à montrer, d'être assez fort pour donner une bonne première impression. Dans certains cas cependant, communiquer sur sa société est primordial, rappelle le partner d'Alven Capital. Quand il s'agit d'une start-up en BtoC, il faut la rendre visible dès que le produit est fonctionnel parce qu'on a besoin de trafic. "Et quand on veut lever des fonds, il faut accroître son profil financier, pour créer un attrait auprès des investisseurs". Enfin, une start-up en BtoB doit se faire connaître des professionnels de son secteur.