Bonnes feuilles : Grandeurs et misères des stars du Net Denys Chalumeau : réduit à préserver l'intérêt de ses salariés

denys chalumeau, fondateur de seloger
Denys Chalumeau, fondateur de SeLoger © S. de P. Grasset /  Christophe Beauregard

"Je ne peux rien faire, la boîte est à sec et je n'ai plus un sou. Tout l'argent que j'ai empoché quelques années plus tôt, je l'ai perdu en Bourse avec l'éclatement de la bulle. Nous allons droit dans le mur..."

La chute est terrible. Le 18 septembre 2001, Denys Chalumeau n'est plus que l'ombre de lui-même lorsqu'il pousse la porte du tribunal de commerce de Paris. L'atmosphère est pesante. Il est couvert de honte. Il avait tout prévu sauf un coup dur comme celui-là. Promovacances a été créé en pleine croissance et n'est pas armé pour résister à l'effondrement de l'activité touristique suite au 11 Septembre.

"Un nouveau combat va alors commencer pour moi : défendre bec et ongles l'intérêt de mes salariés, tous ceux que j'avais embarqués avec moi dans cette aventure, dans cette nasse", confie Denys, visiblement encore contrarié.

Le juge semble comprendre ce qui est arrivé à cette entreprise, il accorde un sursis. Le célèbre mandataire judiciaire maître Chriqui fait patienter les créanciers. Ce qui laisse quelques précieuses semaines à Denys et son équipe pour négocier la revente à la casse de Promovacances.

Parce que la vraie tuile, c'est que les trois acheteurs initiaux se sont envolés. Pour sauver l'activité voyages en payant les encours fournisseurs, il leur faut tout simplement 9 millions d'euros ! Une somme colossale. Evidemment, pas question d'aller frapper à la porte des actionnaires institutionnels, ils ne le prennent même plus au téléphone. Il y a un mois il était virtuellement multimillionnaire, aujourd'hui il doit se battre pour sauver sa peau. Au petit jeu des montagnes russes, il est décidément très fort...

Pas question de lâcher, mais cette fois la tâche est particulièrement rude. Denys, Amal et Vincent rament. Les nuits sont courtes. Pour la première fois depuis le début de l'aventure, la gêne mêlée à l'humiliation et à l'échec est omniprésente.

Pour couronner le tout, les tour operators égyptiens ou maltais avec lesquels Promovacances travaillait commencent eux aussi à s'impatienter et les menacent de façon parfois extrêmement brutale :"Tu trouves une solution, tu nous paies ou on fera payer tes enfants". Denys avait un objectif : sauver sa boîte. Mais la situation se complique puisqu'il lui faut maintenant veiller aussi sur la sécurité de sa famille !

Après des semaines de tractations, in extremis, Denys réussit à se débarrasser de ce qu'il appelle sa"bombe à retardement". Il cède Promovacances à Christian Blanc, ex-patron d'Air France, pour 1 euro symbolique et sauve les 180 salariés de l'activité voyage, ainsi que les fournisseurs.