Comment Instagram a poussé une start-up française à changer de nom

Comment Instagram a poussé une start-up française à changer de nom La start-up Statigram s'est rebaptisée "Iconosquare" après que l'application photos a décidé d'interdire toutes les sociétés "Instagram-like" dans son écosystème.

L'an dernier, Instagram a décidé d'introduire parmi les conditions d'utilisation de son API et de ses ressources l'interdiction d'utiliser une marque "Instagram like", c'est-à-dire contenant soit "Insta", soit "Gram", soit "IG". Tout au plus, les sociétés pourront mentionner, après leur nom, "for Instagram" pour préciser qu'elles travaillent dans l'écosystème de l'application de partage de photos. Pour Instagram, l'enjeu est d'affirmer sa marque de manière claire et de remédier au fleurissement de centaines de sociétés aux noms quelque peu similaires. Mais la décision de l'application a obligé des start-up à la marque déjà installée à considérer un changement de nom –ces mêmes start-up qui ont fait d'Instagram, en développant des applications sur son API, une société qui a pu se faire racheter par Facebook pour un milliard de dollars.

En France, la société Statigram, spécialisée dans les solutions analytiques et marketing pour Instagram, s'est retrouvée confrontée au problème. Lancée en 2011, elle compte parmi ses clients Starbucks, Victoria's Secret, Coca-Cola ou encore KLM et revendique plus de huit millions d'utilisateurs dans le monde. "Instagram nous a contacté, il y a six mois, pour nous expliquer que nous allions devoir changer de nom", se souvient Jérôme Boudot, CEO de Statigram. "Ils ne veulent plus que l'écosystème autour d'Instagram possède des noms similaires, pour éviter toute confusion. J'ai trouvé ça légitime : c'est vrai que certains de nos clients confondaient les deux sociétés." Depuis ses débuts, Statigram, pluggé sur l'API Instagram, est "en liaison permanente avec les ingénieurs" de l'application de partage de photos. La start-up a préféré voir la nouvelle règle comme une opportunité : "Notre activité avait de toute façon évolué au-delà des simples statistiques, donc c'était l'occasion de se forger une nouvelle marque".

Crainte d'une perte de notoriété

Toujours est-il que, comme les autres acteurs de l'écosystème, Statigram a dû se mettre au travail pour trouver un nouveau nom, changer l'URL de son site, travailler sur le référencement... "Nous avons négocié un délai de six mois avec Instagram", explique Jérôme Boudot. Sa plus grande crainte : "la charge de travail additionnelle que cela a représenté, et une éventuelle perte de notoriété auprès des utilisateurs et au sein de l'écosystème Instagram". Statigram vient de finaliser sa transition et s'appelle désormais Iconosquare. "Nous avons fait un brainstorming, et un membre de l'équipe fan de Tintin a lancé des dizaines d'expressions et d'insultes du Capitaine Haddock... Je ne sais plus comment, mais ça a fini par déboucher sur Iconosquare !", raconte Jérôme Boudot.

Si Statigram/Iconosquare avait refusé le changement imposé par Instagram, ce dernier n'aurait probablement pas eu le pouvoir juridique de faire annuler la marque, mais aurait pu tout bonnement couper ses ressources à la start-up, la menant à sa perte. "J'espère que l'on en serait pas arrivés là, tempère Jérôme Boudot. De toute façon, nous n'avons jamais été dans une relation conflictuelle avec Instagram et nous avons tout à fait compris leur démarche d'affirmation de leur marque. Sans compter qu'au final, changer de nom nous a libérés de nombreuses requêtes qui ne nous concernaient pas et que l'on devait rediriger vers le support Instagram."