Pourquoi les start-up tech repoussent-elles leur introduction en bourse ? Une IPO apporte de nombreux désagréments

Mais pour quelles raisons les start-up tech préfèrent-elles boucler des tours de table record plutôt que s'introduire en bourse ?

Parce que la bourse est peu adaptée aux start-up Tech

"Il ne sert à rien d'entrer en bourse trop vite, alors que le modèle n'est pas assez solide, prévient Michel de Guilhermier, président de l'Accélérateur. La sanction est alors impitoyable." Zynga en a fait les frais : son action valait 11 dollars lors de son IPO, en décembre 2011. Elle vaut aujourd'hui 2,66 dollars. En novembre 2011, Groupon a de son côté levé 700 millions de dollars en s'introduisant en bourse, pour une action à 20 dollars. Son titre ne s'élève plus aujourd'hui qu'à 7,46 dollars. Des échecs cuisants pour ces start-up qui sont peut-être entrées en bourse trop rapidement.

"Mieux vaut rester avec les VC"

"Elles auraient dû lever plus de capitaux avant et déployer un modèle plus rentable et solide, pour aller chercher une valorisation plus importante avant l'entrée en bourse, note Michel de Guilhermier. Quand vous avez des VC prêts à mettre beaucoup d'argent dans votre société, autant rester avec des VC."

C'est par exemple ce qu'a décidé de faire l'américain Uber, qui a levé 4,9 milliards de dollars depuis sa création (voir les levées de fonds d'Uber en timeline interactive). Mais c'est aussi pour l'instant le choix du Français Blablacar, avec 100 millions de dollars levés en 2014.

Il faut dire que les modèles des start-up tech ne sont pas très adaptés à une IPO précoce. Ne serait-ce que parce qu'elles subissent le traditionnel "effet de la courbe en J", ces cash-flows négatifs des premières années, des "moments d'investissements que les marchés financiers ne comprennent pas forcément", explique Marc Oiknine, Partner chez Alpha Capital Partners (Londres). "Par nature, une entreprise tech a une évolution de chiffre d'affaires et de rentabilité que les marchés financiers ne comprennent pas. Elle a besoin d'investisseurs qui s'engagent sur du plus long terme."

 Pour ne pas gêner un potentiel rachat

"L'IPO fournit une occasion de sortie aux investisseurs, certes, mais elle peut se transformer en impasse pour la cession de l'entreprise, analyse Marc Oiknine. Dès lors qu'elle entre en bourse, la start-up donne accès à ses comptes et à de nombreuses informations. Une entreprise privée n'a pas à subir le diktat du reporting. Elle suscite plus d'intérêt d'acquisition et prête moins le flanc à la concurrence qu'une société cotée en bourse."

Rentabiliweb a choisi Alternext pour rester indépendant

Si l'IPO sert en effet les intérêts des investisseurs qui cherchent à sortir du capital, elle n'est en effet pas idéale pour qui cherche à se vendre. "Les dirigeants rêvent de la cloche de l'introduction en bourse mais après, ils sont invendables", déplore Marc Oiknine. Selon lui, celui qui espère vendre sa société à un horizon de 5 à 7 ans doit s'abstenir et se tourner plutôt vers du private equity. Pour celui qui, au contraire, souhaite rester indépendant pendant au moins 10 ou 15 ans, alors "la voie d'Alternext, dans le cas français, peut être intéressante". C'est la voie qu'a par exemple choisie Rentabiliweb.

 Parce qu'une IPO est coûteuse et chronophage

Non seulement l'IPO est bien plus coûteuse qu'une levée de fonds (roadshow auprès d'institutionnels, coûts des agences, de l'administratif...), mais elle est aussi très chronophage. Les exigences sont moindres en equity et les acteurs impliqués sont moins nombreux.