Les méthodes agiles et les projets de transformation SI

Les méthodes agiles ont-elles la capacité d’être mises en œuvre sur des projets d’architecture d’entreprise ? Faut-il s’inspirer de ces méthodes ou les appliquer à la lettre ? Premières pistes de réponse.

Tribune réalisée par Raphaël Derbier et Mariano Boni de Solucom Group

Lors de la création d'une robe de haute couture, la cliente a une idée assez claire de ce qu'elle veut mais cette vision s'affinera plusieurs fois entre le premier croquis et la livraison. Le style, les matériaux, la façon de les travailler sont par essence novateurs voire avant-gardiste. Des séances d'essayage sont nécessaires avant d'aboutir au produit final.

Observons un projet informatique: On y trouve des ressemblances : cela consiste à fournir un produit qui ne se trouve  pas sur le marché et dont la notice de construction n'existe pas. Des hommes et des femmes se font une idée de ce qui est nécessaire et définissent le produit désiré. D'autres personnes réalisent ce produit en utilisant des technologies qui se renouvellent tous les 3 ans.


Mais bien souvent au final le produit ne correspond pas au besoin réel du moment
Le moyen d'y remédier et de s'ajuster n'est il pas de mettre justement en place des  "séances d'essayage" ? C'est la promesse principale des méthodes agiles. Elles se positionnent comme des approches indispensables à ceux devant réussir ce type de projets à facteur de découverte élevé.

Souvent positionnées sur des projets de développement logiciel, ont-elles la capacité d'être mises en œuvre sur des projets d'architecture d'entreprise ? Nous avons pu nous forger une opinion sur la base de nos interventions auprès de nos clients grands-comptes sur les projets de transformation SI.

Les méthodes agiles, eXtreme Programming, Scrum, Crystal, Lean Development ou Feature Driven Development pour citer les plus connues, reposent toutes sur des cycles courts de livraison du produit et sont bienveillantes aux changements. En cela, elles permettent aux acteurs de disposer à chaque livraison d'une information fraiche, de s'adapter en fonction de ces informations nouvelles, de réduire le temps entre une décision et la mesure de ses conséquences, d'orienter le produit pour qu'il finisse par être acceptable.

L'objectif d'atteindre un produit acceptable modifie le principe même du contrôle qui se fait de façon continue sur le produit lui-même et non plus sur la conformité à un plan.
 
Toutes les démarches agiles sont également très exigeantes sur la qualité ce qui est bien évidemment une préoccupation de nos clients. Elles insistent sur la fiabilité de produire régulièrement de la valeur, ce qui est de nature à rassurer les acteurs et à créer la confiance qu'il est indispensable d'instaurer rapidement pour mener sereinement nos projets.

Ce terme de confiance rappelle que les méthodes agiles prennent pleinement en compte le rôle central des hommes et des femmes dans le processus. Le travail réalisé par tous autour de chaque livraison du produit favorise l'émergence d'une réelle collaboration. Au cœur de l'agilité on a la qualité du groupe selon une formule souvent vérifiée  produit = équipe. (cf. Jim et Michele McCarthy)


Si nous recommandons les approches agiles dans ces projets de transformation du système d'information,  il nous faut cependant souligner les difficultés particulières à surmonter dans leur déclinaison opérationnelle.

Premièrement, nos projets impliquent de multiples compétences, de larges équipes, qui peuvent éventuellement changer en cours de projet. Cette dimension organisationnelle rend chaque projet véritablement unique et complique le choix de la méthode.  On s'interroge alors : faut-il prendre l'esprit ou la lettre des méthodes agiles ? Est-il raisonnable de faire son marché en prenant ce que l'on trouve bien dans différentes méthodes ?  Quels sont les critères de choix ?

Le deuxième constat est que nous ne pouvons pas changer brutalement les façons de faire de nos clients. Cependant, certains gains ne seront pas atteignables dans la demi-mesure. Il s'agit donc de savoir par où commencer : Quels changements minimaux sont nécessaires pour tirer les premiers bénéfices et quelle stratégie adopter pour chaque changement ?

Enfin, chez nos clients grands-comptes, nous devons également répondre à de véritables défis liés aux pratiques en place : Comment faire correspondre les pratiques agiles avec les phases de la méthodologie maison ? Que mettre dans le plan d'assurance qualité associé au contrat ? Comment contractualiser avec un sous-traitant en méthode agile en respectant les critères des achats ? Comment s'intégrer avec les partenaires ?

Nous vous donnons rendez-vous dans de prochaines tribunes pour adresser ces sujets pour lesquels l'expérience donne clairement quelques éléments de réponses.


Tribune réalisée par Raphaël Derbier et Mariano Boni de Solucom Group