A quand l’adoption massive de MPEG-DASH ?
Avec aujourd'hui 24 millions d'utilisateurs de smartphones, près de 11 millions de tablettes chez les ménages français, et une pléthore d'ordinateurs portables et de PCs, cela signifie que pour les médias, la diffusion de contenus vidéo de manière homogène vers tous ces terminaux risque de se complexifier.
Les fournisseurs de services
vidéo devront alors choisir entre la capacité à supporter divers formats,
protocoles et options de protection de contenu ou la standardisation sur un
seul ensemble de fonctionnalités de base, et ainsi limiter leur portée sur le
marché. C'est pourquoi la promesse du standard MPEG-DASH apparait comme une
éclaircie au milieu d’un marché plutôt sombre. Avec pour objectif la
rationalisation des flux de diffusion vidéo, MPEG-DASH permet aux propriétaires
de contenu de gérer efficacement leurs flux vidéo et de les diffuser sur
n’importe quels plate-forme et appareil.
En offrant aux diffuseurs
la possibilité de supporter un large éventail de terminaux et de plates-formes,
MPEG-DASH ouvre une nouvelle voie par sa capacité à réduire considérablement le
temps et les coûts de ce type d’opérations. Mais malgré la tendance, les médias
restent prudents dans leur utilisation de ce nouveau standard, laissant libre
cours aux spéculations se demandant si et quand le MPEG-DASH fera un jour
l’unanimité.
Un impact immédiat
MPEG-DASH a été approuvée en tant
que norme internationale fin 2011 et a été immédiatement porté aux nues en raison
de sa capacité potentielle à englober et remplacer les technologies
propriétaires de streaming existantes. Depuis, les entreprises ont soit annoncé
le support de cette nouvelle norme ou ont commencé à mettre en place une
stratégie de support dans le futur.
Mais nous sommes
encore loin de l'adoption massive. Les tests d'interopérabilité pratiqués restent
limités et certains résultats préliminaires indiquent que les implémentations
de DASH sont irrégulières. Bien que le phénomène ait ébranlé l'industrie et
contraint tout le monde à s’interroger sur l’efficacité de ce qui se fait
actuellement, de nombreuses questions restent en suspens. Si les avancées et
les améliorations se produisent au cours des douze prochains mois, alors
peut-être assisterons nous à une large adoption plus tôt que prévu.
Les défis à relever
La propriété intellectuelle et
les royalties sont les principales problématiques liées au nouveau standard. Les
contributeurs de DASH tels que Microsoft et Qualcomm ont consenti à rassembler
des brevets pour une solution libre de droits, mais certains acteurs comme
Adobe ont refusé. Mozilla n’inclue pas les règles de royalties à ses produits,
mais sans son navigateur, l’objectif d’adoption universelle de DASH pour le
streaming OTT semble compromise.
Un autre défi
potentiel à la standardisation réside dans les codecs vidéo - à savoir, la
nécessité d'un codec standard pour la vidéo au format HTML5. Même avec
l'adoption universelle de DASH par les navigateurs HTML5, le contenu devra tout
de même être encodé dans plusieurs codecs – ce qui nécessiterait à terme un
travail plus conséquent.
La guerre des formats
Le format pour DASH est similaire au HLS d'Apple. Il utilise des fichiers d'indexation et du contenu segmenté, diffusé vers un terminal dont le fichier d'indexation indique l'ordre dans lequel les segments sont lus. Mais Apple semble rester en dehors du débat et n'a pas encore exprimé publiquement son soutien à DASH. En toute lucidité, nous allons probablement finir avec deux formats principaux de streaming : HLS et DASH, mais HLS n'est pas la meilleure solution disponible, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ce n'est pas techniquement un standard - c'est une spécification gérée par Apple, et donc soumise à des modifications impromptues. Il n'est pas supporté par les solutions multi-DRM. DASH supporte un large panel de solutions DRM, ce qui explique pourquoi un certain nombre de grands studios lui ont manifesté leur soutien.
Quelle est la prochaine étape ?
Face à
l’extraordinaire évolution de la consommation de médias sur tous les écrans,
l'industrie souhaite la simplification de la diffusion des médias. DASH
représente une opportunité intéressante capable de réduire la complexité de la
situation pour les éditeurs et les producteurs sur le Web. MPEG-DASH est
peut-être même la meilleure approche pour la diffusion en HTTP de contenu de
qualité en direct et en VOD.
Donnez-lui encore 12-18 mois, et je prédis que
nous assisterons à l’adoption massive de DASH ou d’une norme similaire, car je
doute que l'industrie puisse efficacement apporter de la valeur aux
consommateurs sans en avoir une.