Sun entend imposer Java dans le monde Linux

C'est l'un des principaux défis du groupe pour 2008. Sun compte faire de Java un langage de référence dans l'univers des plates-formes Open Source. Remportera-t-il son pari ?

En 2005, Sun multiplie les annonces aux développeurs avec l'ouverture de son système d'exploitation Solaris, de son logiciel JSAS (Java System Application Server Platform Edition) basé sur Java, et la création de la suite Open Office. Il annonce également sa collaboration au projet Xen, un logiciel libre de virtualisation.

 

En Septembre 2006, James Gosling, concepteur du langage Java et vice-Président de Sun, écrit une lettre à la communauté annonçant qu'il est temps de rendre les implémentations de J2SE et J2ME Open Source. Java SE (JDK) et Java ME passent alors en licence GPLv2.

 

Trois communautés sont aujourd'hui actives autour de Java Open Source. Le projet GlassFish est un serveur d'applications Open Source compatible J2EE et certifié Java EE 5 (il intègre les normes EJB3, JPA, JSF...). OpenJDK est la version libre de Java, ce qui induit que ses dépendances aussi sont libres : bibliothèques, compilateur... Il contient la machine virtuelle HotSpot et le compilateur Java (Javac). Il intègre maintenant le compilateur GCJ et les bibliothèques GNU Classpath. Enfin, le projet Mobile & Embedded porte sur le développement d'applications Java ME Open Source pour les mobiles.

 

Java Open Source intégré dans les distributions Linux

 

D'après Barton George, manager de la stratégie GNU/Linux, Sun voudrait désormais voir ses logiciels intégrés dans les distributions principales GNU/Linux. Pour cela, l'entreprise travaille à rendre son code totalement Open Source. Red Hat collabore avec Sun au projet IcedTea qui consiste à "nettoyer" le code d'OpenJDK de toute partie soumise à une licence. OpenJDK sera alors utilisable sans avoir besoin d'autres logiciels propriétaires et Red Hat pourra l'ajouter à sa distribution Fedora. Aujourd'hui, il ne resterait que 4% du code à passer en Open Source. 

 

Sun collabore avec les communautés Ubuntu et Fedora pour embarquer son environnement de développement dans ces distributions. OpenJDK est déjà distribué dans la version Hardy Heron d'Ubuntu. Le groupe discute également avec les représentants des projets Debian et OpenSUSE en vue d'un accord équivalent. L'objectif est de sortir des distributions comprenant GlassFish, le framework Netbeans et OpenJDK. GlassFish est déjà inclus dans certaines distributions Debian, et Sun voudrait qu'il le soit dans toutes les versions.

 

Sun multiplie les projets Open Source

Dans le même temps, d'autres projets Open Source voient le jour chez Sun. Fin 2007, le groupe lance xVM Server. Cette plate-forme gratuite de virtualisation et d'administration de centre de données exploite une partie du code développé par la communauté Xen, et est disponible sous OpenSolaris. En février 2008, Sun a acquis MySQL AB, éditeur du serveur de bases de données MySQL. Il a ensuite acheté Innotek, spécialiste de solutions de virtualisation, éditeur de la Virtual Box pour la virtualisation x86. 

 

En mars 2008, Sun annonçait un partenariat autour du logiciel de sauvegarde Open Source Zmanda. L'entreprise souhaite renforcer ce genre d'affiliations. En mai 2008, la première version officielle d'OpenSolaris est sortie. Ce système d'exploitation rassemble plusieurs communautés Sun et de développeurs tiers (FUSE,...) pour favoriser la création de nouveaux produits autour d'OpenSolaris.

 

Une stratégie logicielle centrée sur le service

 

En élargissant son écosystème, Sun espère ainsi favoriser le développement d'applications communautaires. La distribution des produits Open Source est  gratuite mais favorise les activités de la société sur le front du matériel et des services : achat de serveurs, support, formations, certifications... L'Open Source permettant aussi de développer des versions entreprises et des outils de maintenance payants.


La stratégie de Sun rappelle celle d'IBM qui développa des outils Open Source comme Eclipse, Lotus Symphony, ou encore celle de Novell avec OpenSUSE et Mono. Une politique qui ne nécessite pas forcément de recruter de nouvelles équipes - l'Open Source fonctionnant avec les communautés, et qui peut s'avérer payante.