Christian Giacomotto (Président du Conseil des ventes volontaire Christian Giacomotto (Conseil des Ventes) : "Les opérateurs d'enchères en ligne qui respectent les règles sont pénalisés"

Pour le Conseil des Ventes, un site comme eBay n'offre pas les mêmes garanties que Christie's. Un problème pour la protection des consommateurs comme pour la concurrence loyale entre opérateurs d'enchères.

 

Vous ouvrez du 16 au 30 septembre une consultation publique sur les enchères en ligne. Quel est aujourd'hui le problème que vous dénoncez ?

Christian Giacomotto. Les enchères en ligne ont pour avantages principaux leur rapidité, une offre très large et des prix inférieurs de 15 à 20 % au commerce classique. Elles sont donc en plein développement. Seulement, la loi de 2000 sur les enchères n'avait pas prévu l'essor de l'activité sur le net et ne parle que de courtage en ligne. Le secteur n'est donc pas régulé et l'on y trouve des opérateurs "sauvages". Lorsque vous organisez des enchères en France, vous devez présenter des garanties sur l'authenticité des biens vendus, des garanties de paiement, etc. Or sans arrêt, les e-enchérisseurs se plaignent de recevoir des objets volés ou pas authentifiés, de ne pas être livrés. Et cela ne donne lieu à aucun litige puisque, pour des petites sommes, personne ne dépose de plainte. Par ailleurs, les recours collectifs ne sont pas autorisés en France...

Vous évoquez un déséquilibre concurrentiel entre opérateurs...

Oui, car il en existe qui offrent toutes ces garanties, en particulier ceux qui viennent du monde des enchères offline. Mais cela a un coût. La concurrence entre opérateurs régulés et "sauvages" est donc tout à fait déloyale. On doit absolument mettre de l'ordre dans ce maquis car sinon, la mauvaise monnaie risque de chasser la bonne. Les opérateurs qui respectent les règles sont aujourd'hui pénalisés. Ils vont finir par céder à la tentation... ou se retirer des enchères en ligne. Nous voulons donc faire en sorte que la concurrence soit loyale. Et que l'on distingue les personnes privées des professionnels déguisés qui s'affranchissent pour l'instant de leurs obligations sociales, fiscales et déontologiques. Et que le consommateur sache clairement à qui il a affaire.

Ne cherchez-vous pas à freiner le développement des e-enchères ?

Le but n'est pas de tuer Internet mais bien au contraire de le développer. Je n'ai d'ailleurs que faire des pressions de ceux qui préféreraient dormir tranquillement sur leur monopole : on ne va pas revenir à la lampe à l'huile au prétexte que certains ne veulent pas investir dans l'électricité. Il est en revanche indispensable d'introduire de la transparence dans le système. Internet est un formidable canal de développement pour les enchères. Nous souhaitons le rendre attractif aussi bien pour les opérateurs, en organisant une concurrence loyale, que pour les consommateurs. Dans cette optique, la consultation publique que nous organisons débouchera avant la fin de l'année sur un livre blanc que nous remettrons aux pouvoirs publics. Nous comptons beaucoup sur ces discussions pour mettre au point des solutions.