Cdiscount, La Redoute, Brandalley : premier bilan des nouvelles marketplaces Clemarché de Cdiscount, un démarrage en trombe

La place de marché de Cdiscount a ouvert ses portes en août 2011 sous le nom de "C le Marché" et regroupe produits neufs et d'occasion, intégrés au reste du catalogue de l'e-commerçant. Un code couleur permet de repérer ces produits : les prix figurant dans les listings sont en bleu et non en rouge, de même que les fiches produit et que toute référence à Clemarché.


En lançant une place de marché, l'objectif poursuivi par Cdiscount est triple : attirer des vendeurs pour accroître son offre, faire en sorte que cette offre trouve son audience et génère des ventes et enfin, faire progresser sa rentabilité. Six mois après son démarrage, Clemarché semble déjà avoir fait ses preuves. La marketplace compte environ 300 vendeurs tiers et 400 000 références. Cdiscount, qui commercialisait auparavant 100 000 références, a donc quintuplé son offre en un semestre. Quant aux marchands, ils considèrent déjà Clemarché comme l'une des principales marketplaces. Le taux de transformation et les volumes vendus y seraient en outre d'autant meilleurs que Cdiscount étant déjà présent en propre sur la plupart des catégories de produits, il n'a pas été nécessaire d'y habituer les consommateurs.


Jean-Charles Naouri, patron de Casino, maison-mère de Cdiscount, a indiqué fin février aux analystes financiers que le volume généré par Clemarché représentait déjà 5% du volume d'affaires de Cdiscount. L'e-commerçant ayant enregistré un chiffre d'affaires en croissance de 14,3% à 1,1 milliard d'euros HT en 2011, on peut donc estimer qu'en ce début d'année 2012, le volume d'affaires de Clemarché avoisine les 5 millions d'euros par mois. Un chiffre que l'on peut mettre en perspective avec les ventes générées par la marketplace de Rueducommerce, lancée elle en 2007, et qui selon nos estimation se situe autour de 11 millions d'euros par mois, contre 7 millions à la même époque l'an dernier.


Cette nouvelle activité représente donc déjà une véritable source de rentabilité pour Cdiscount. "Les commissions pratiquées sont en phase avec le marché car elles sont déjà basses ailleurs,précise Greg Zemor, fondateur et directeur marketing de Neteven. Cdiscount n'a donc pas visé plus bas encore". En estimant à 8% la commission moyenne pratiquée sur le secteur, Clemarché apporterait actuellement à l'e-commerçant environ 400 000 euros de chiffre d'affaires supplémentaire par mois.


Clemarché a d'abord capitalisé sur l'identité high-tech historique de Cdiscount en se lançant sur l'univers des produits techniques et culturels, avant de s'étendre aux jouets, aux instruments de musique, à l'animalerie, au sport et à la puériculture. Les prochaines catégories annoncées sont la photo, l'image et son, la maison, la décoration, les vins et spiritueux et le petit électroménager. Toutefois, Cdiscount devrait également essayer de développer les catégories de l'habillement et des chaussures.


"L'ouverture des catégories est très rapide mais cela n'empêche pas Cdiscount de conserver son approche ciblée, souligne Greg Zemor. Contrairement à Amazon ou Pixmania, Cdiscount ne cherche pas à multiplier le nombre de vendeurs par fiche produit et préfère les sélectionner sur des critères de prix et de qualité de service." Gérer un nombre important de vendeurs prend d'ailleurs beaucoup de temps, car il n'est pas possible de tout automatiser, ce qui explique aussi cette approche. L'e-commerçant table sur 700 marchands et deux fois plus de produits référencés sur Clemarché d'ici fin 2012 – début 2013. Il ne se situe donc pas dans une course au volume et devrait plutôt aller chercher un certain nombre de marchands structurants. La part des 10 millions de visiteurs uniques qu'il ne transforme pas lui-même constituant un bassin d'audience pour ses nouveaux vendeurs.


"Pour convaincre les marchands de rejoindre sa marketplace, sa marque et son audience constituent bien sûr ses premiers arguments, souligne Greg Zemor. D'autre part, la place de marché n'est pas cachée au fond du site mais au contraire très bien animée : les offres des vendeurs tiers sont très visibles. C'est ce qui fait la force d'une marketplace." Enfin, les marchands savent qu'ils ont intérêt à s'y référencer rapidement : les premiers qui rentrent seront les premiers servis, d'autant que les algorithmes de visibilité des marketplaces favorisent les marchands qui sont là depuis longtemps.


Cdiscount travaille actuellement à l'amélioration technique de sa place de marché, notamment sur l'optimisation de la gestion automatisée des catalogues, du back-office et du reporting. L'objectif : devenir la référence incontestée parmi les marketplaces françaises. Ce qui signifie aussi se mettre au niveau de celle d'Amazon, à la fois plus facile d'utilisation et plus complète que ses homologues françaises, aux dires des vendeurs. Par ailleurs, l'animation commerciale de Clemarché devrait encore s'accélérer au second semestre. D'une part via la remontée plus fréquente d'offres de vendeurs tiers dans les newsletters et sur les homepages, d'autre part en fournissant aux marchands de nouveaux outils pour gérer plus dynamiquement leur animation commerciale.


Si la marketplace de Cdiscount démarre très bien, en trafic et en ventes, elle ne fait pas de mal pour autant à ses concurrentes. Selon Greg Zemor, ces ventes ne se soustraient pas à celles des autres places de marché. "La question demeure bien sûr de savoir quelles marketplaces resteront à la fin, mais pour l'instant, pour les marchands, l'arrivée de Clemarché n'a qu'un impact : du chiffre d'affaires supplémentaire."