"Chez Uber, vous pouvez perdre votre job d'une minute à l'autre" Les chauffeurs peuvent-ils en vivre ?

Financièrement, est-ce que les chauffeurs s'y retrouvent ? Louis (encore un pseudo), qui a rendu son tablier Uber cet été, estime l'équation impossible à équilibrer. "Le temps de latence est important, Uber nous envoie environ une course toutes les demi-heures. A 10 à 20 euros de l'heure, il ne reste pas grand-chose une fois les frais déduits. Certes on peut travailler pour plusieurs applications de VTC à la fois pour réduire le temps de latence, mais alors notre taux d'acceptation baisse aussi, et avec lui l'espoir d'une prime. Chez Uber, j'avais besoin de faire minimum 11 heures par jour donc 66 par semaine pour tenir la corde."

"Si notre système de notation ne fonctionnait pas, on l'aurait arrêté depuis longtemps"

Son de cloche différent du côté d'Aline. "Pour l'instant je loue la voiture pour 1500 euros par mois, mais à terme je voudrais me mettre à plein temps chez Uber. Je teste, pour voir s'il y a autant de demande qu'on le dit. Financièrement je m'en sors, d'autant qu'Uber a beaucoup de primes : une pour la notation, une si on fait plus de tant de clients par semaine, ils rémunèrent bien."

Mais les opinions des chauffeurs sont aussi très contrastées face à ces primes, par lesquelles Uber les encourage à assurer de nombreuses courses et à maintenir un haut niveau de qualité de service. "Les primes sont presque inatteignables, assure Louis. Pour avoir droit aux 300 euros supplémentaires pour une semaine, vous devez avoir un taux d'acceptation supérieur à 80%, plus de 55 courses réalisées entre 19h et 2h ou le weekend, ainsi qu'une note moyenne attribuée par vos clients d'au moins 4,6 sur 5."

Cet étalon de 4,6 sur 5 n'est pas fixe, il fluctue dans le temps, répond Uber : "Nous prenons une combinaison de la note moyenne sur un mois et sur une semaine, pour prendre en compte les nouveaux chauffeurs, explique Thibaud Simphal. En ce moment, elle est à 4,6. Quand un chauffeur est en dessous, nous lui disons qu'il doit repasser au-dessus." Petit problème : en accrochant cet étalon à la note moyenne, par définition, la moitié des chauffeurs seront au-dessous – dans les zones "orange" et "rouge" - et perdront leur accès à la prime, même si leur qualité de service n'a pas baissé. Qu'importe, estime Uber. "Notre système de notation est en place dans 220 villes du monde, parfois depuis 4 ans. S'il ne fonctionnait pas, on l'aurait arrêté depuis longtemps."